Dans un monde où l’impact environnemental du transport aérien est de plus en plus scruté, la startup californienne Otto Aviation propose une solution radicale : supprimer les hublots des avions pour concevoir des jets bien plus efficaces, plus légers, et surtout, beaucoup moins polluants. Le résultat ? Un appareil futuriste nommé Phantom 3500, qui pourrait bien bouleverser l’aviation d’affaires.
Pourquoi enlever les hublots ?
À première vue, cela peut sembler contre-intuitif. Après tout, les hublots permettent aux passagers de jeter un œil sur les nuages et de se rassurer pendant le vol. Mais pour les ingénieurs aéronautiques, chaque hublot est une faiblesse structurelle. Il faut les renforcer, les intégrer au fuselage, ce qui augmente le poids, la complexité de fabrication et la traînée aérodynamique — autrement dit, tout ce qu’on cherche à éviter pour consommer moins de carburant.
Scott Drennan, directeur des opérations chez Otto Aviation, résume : « Les découpes de hublots créent des bosses, des interstices et des joints dans la surface extérieure. Cela perturbe le flux d’air et augmente la traînée. »
En supprimant ces ouvertures, l’avion obtient une coque parfaitement lisse, propice à un phénomène tant recherché dans l’aéronautique : le flux laminaire transsonique.
Le flux laminaire, Graal de l’aérodynamique
Dans un avion classique, l’air qui circule autour du fuselage devient rapidement turbulent, ce qui augmente la résistance à l’avancement. À l’inverse, un flux laminaire, c’est-à-dire ordonné et lisse, réduit la traînée et améliore l’efficacité énergétique.
Le Phantom 3500 pousse cette idée encore plus loin : il est conçu pour conserver ce flux laminaire même à des vitesses transsoniques (autour de Mach 1). Cela signifie que certaines parties de l’avion évoluent en subsonique, d’autres en supersonique — une configuration complexe, mais potentiellement ultra-efficace.
Otto Aviation ne part pas de zéro : elle a déjà expérimenté ces concepts sur son précédent modèle, le Celera 500, un avion aux allures de dirigeable dévoilé en 2020. Ces tests ont permis d’optimiser la fabrication, le prototypage rapide et la compréhension fine du comportement des flux d’air sur un avion complet.

Une cabine sans fenêtres, mais pas sans vue
Mais alors, que voient les passagers à bord du Phantom 3500 ? Pour compenser l’absence de hublots, Otto a intégré des écrans haute définition panoramiques sur les parois intérieures de la cabine. Alimentés par des caméras extérieures, ils permettent de visualiser le monde en temps réel — comme si les parois étaient transparentes.
L’entreprise mène actuellement des tests dans des simulateurs pour évaluer la réaction des passagers à cette expérience sensorielle inédite, notamment sur le plan du confort et de la gestion de l’anxiété.
Un concentré de performances
Le Phantom 3500 ne se contente pas d’être élégant : ses chiffres impressionnent. Il promet :
Une autonomie de 5 926 km (3 200 milles nautiques),
Une altitude de croisière de 15 545 m (51 000 pieds),
Une vitesse pouvant atteindre Mach 1,2 (environ 1 236 km/h),
Et surtout, une réduction des émissions de CO₂ de 80 % par rapport aux jets d’affaires conventionnels.
Cerise sur le fuselage : le coût d’exploitation serait 50 % inférieur à celui des appareils similaires, notamment grâce à sa consommation réduite et sa capacité à atterrir sur de courtes pistes, ce qui augmente la flexibilité des trajets.
Et après ?
Otto Aviation ne compte pas s’arrêter là. Le Phantom 3500 n’est que le début d’une nouvelle gamme d’avions : certains plus petits, d’autres plus grands, pour s’adapter à une variété de marchés. La première démonstration en vol est prévue pour le second semestre 2027.
Ce projet arrive dans un contexte de renaissance technologique dans l’aviation. Tandis que Boom Supersonic mise sur le retour des vols commerciaux supersoniques, et que LTA Research réinvente le dirigeable, Otto Aviation parie sur l’efficacité aérodynamique et le silence — littéralement.
Le mot de la fin
Le Phantom 3500 incarne une vision futuriste de l’aviation : plus propre, plus rapide, plus intelligente. Et si, paradoxalement, l’avenir du voyage aérien se jouait en supprimant ce que nous avons toujours cru indispensable : les fenêtres ? À suivre…