La communauté de Saint-Adrien, en Estrie, expérimente un nouveau modèle d’épicerie depuis un an. Le comptoir Saint-Vrac, ouvert 24 heures sur 24 tous les jours de la semaine, est maintenant entièrement en libre-service et en ligne. La partie n’est pas gagnée pour autant, mais ce virage numérique pourrait bien faire des petits dans la région, espèrent ses instigateurs.

Il y a un an, la petite épicerie de Saint-Adrien était à la croisée des chemins : impossible de maintenir l'inventaire imposant d'une épicerie conventionnelle, avec toute la charge administrative que cela suppose, pour une population de 562 habitants.

Les administrateurs ont alors pris un virage numérique avec une plate-forme transactionnelle sur mesure et qui, pour le moment, encourage Conrad Goulet, président du Comptoir Saint-Vrac. Un certain soulagement, puisque le comptoir est passé à un cheveu de fermer à plusieurs reprises, témoigne-t-il d’ailleurs.

On se positionne encore comme une épicerie de village aussi, mais on est en train de développer un modèle plus technologique, une plateforme qui nous appartient de A à Z, note M. Goulet.

Pour la première fois depuis cinq ans, on voit qu’on a un modèle simplifié, tant pour nous comme administrateurs que pour les utilisateurs.

Encaisse plus garnie

Le Comptoir Saint-Vrac est «passé à un cheveu» de fermer boutique plusieurs fois dans les dernières années.

Photo : Radio-Canada

Le magasin occupe maintenant beaucoup moins d’espace avec environ 300 produits sur les tablettes. En ligne, environ 2000 produits sont disponibles. Il est également possible de s'approvisionner à toute heure du jour, tous les jours de la semaine.

Michel Bourassa fait partie des 150 membres du comptoir Saint-Vrac.

Si on manque de quoi que ce soit, on a de très très bons produits et tout est bio. C’est simple, je n’ai pas sorti d’argent, ça se fait tout par Internet, lance-t-il à sa sortie du petit magasin.

Un système de précommande à des moments précis permet de limiter l'inventaire. La majorité des produits sur la commande sont déjà payés. Nous, on a moins de poids financier à gérer l’inventaire. Avant, à l’inverse, on achetait des trucs et on espérait les vendre dans les prochains mois pour ne pas que ça joue trop dans notre encaisse.

Les fournisseurs aussi s'adaptent au nouveau cadre. Plusieurs ont leur propre clé, explique M. Goulet, ce qui permet de ne pas avoir à rémunérer une ressource sur place toute la semaine.

Conrad Goulet, président du Comptoir Saint-Vrac

Photo : Radio-Canada

Des points de chute à venir?

Pour assurer son avenir, l’épicerie doit toutefois encore accroître son nombre d'utilisateurs. Des points de chute, qui favoriseraient des projets alimentaires ailleurs en Estrie, sont en discussion.

Notre village va se solidifier dans la prochaine année et on prévoit exporter le modèle et aller rejoindre d'autres gens qui sont dans des déserts alimentaires

Celui-ci précise toutefois être toujours en analyse attentive des structures et méthodes mises en place. On n’a pas signé de victoire encore, dit-il.