La projection dans les salles de cinéma du documentaire Billy, portant sur l'histoire du Matanais Billy Poulin, est semée d’embûches. La réalisatrice Lawrence Côté-Collins souhaite que son film suscite une discussion sur la santé mentale. Elle invite donc la population à manifester son intérêt aux salles de cinéma.

Le documentaire, c’est le parent pauvre du cinéma, estime Lawrence Côté-Collins. La réalisatrice de Billy explique que la projection de documentaires, particulièrement sur des enjeux de santé mentale, est difficile.

Des cinémas questionnés par Radio-Canada constatent d’ailleurs qu’une grande part de leur programmation se veut plus traditionnelle, mais remarquent l’existence d’une certaine marge de manœuvre pour la projection de documentaires.

La réalisatrice de Billy invite ainsi la population à manifester son intérêt. « Si vous voulez voir Billy au cinéma, il faut aller voir les propriétaires de votre cinéma ou contacter le ciné-club de votre région. »

Lawrence Côté-Collins soutient qu’elle est ouverte à se déplacer là où le documentaire sera projeté. Si vous réussissez à le faire allumer sur vos écrans, je vais me déplacer pour venir vous parler.

Pas de promesses en l’air

Le documentaire Billy met en scène la relation qu’à entretenue la réalisatrice avec Billy Poulin, un artiste atteint de schizophrénie. La vie du Matanais a basculé lors d'une crise psychotique non diagnostiquée l’ayant mené à commettre, en 2012, un homicide involontaire et un meurtre au second degré.

La réalisatrice Lawrence Côté-Collins en entrevue en studio à Radio-Canada Gaspésie-Les-Îles, à Matane (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Adrianne Gauvin-Sasseville

Mme Côté-Collins reconnaît d’ailleurs que Matane, où a déjà été présenté son documentaire en début d’année, est un lieu d’une importance symbolique. Depuis le début de mon chemin avec ce film-là, je me suis toujours dit que les premières personnes à voir ce film-là, ça devait être les gens de Matane, disait-elle en janvier, en entrevue à l'émission Bon pied bonne heure.

Mme Côté-Collins indiquait d’ailleurs à ce moment que son film se devait d’être présenté en primeur à Matane, et ce, par respect pour la famille de Billy et pour tous les gens qui ont été blessés par le passage de Billy dans leur vie.

Un documentaire qui fait œuvre utile

La Société québécoise de la schizophrénie parraine le film. C’est pourquoi des professionnels sont présents dans la salle au moment de la projection du documentaire. Cette initiative vise à soutenir le public dans sa réception de l'œuvre, qui peut s’avérer bouleversante.

Signe que des psychiatres ont reconnu une certaine valeur pédagogique au film, la possibilité que Billy soit présenté dans les écoles a été évoquée. Ce rayonnement permettrait d’aiguiller des jeunes aidants vivant avec des parents qui souffrent de schizophrénie.

La réalisatrice estime que la valeur éducative de son documentaire est attribuable au fait que sa matière première est constituée de courts-métrages réalisés par Billy Poulin. Dans ces courts films, le spectateur est en mesure de constater l’évolution de la schizophrénie du principal intéressé.

On parle de savoir expérientiel, donc de mettre le malade au cœur du savoir. Billy offre sa maladie aux gens et ose dévoiler ce qu’il a de plus vulnérable. C’est un grand cadeau qu’il fait à la société parce qu’on n’a jamais accès à ça.

Billy a reçu une mention spéciale du jury dans le cadre de la compétition de documentaire du Seattle International Film Festival, qui se déroulait du 15 au 25 mai.

Avec les informations de Rose St-Pierre

Un texte de Cédric Bérubé