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L’architecte Pierre Thibault se réjouit que son projet ait été retenu pour la 19e Exposition internationale d’architecture de la Biennale de Venise, dont le commissaire est Carlo Ratti. Un événement qu’il fréquente assidûment.
Cette fois ce n'est pas comme visiteur qu’il s’y est rendu, mais bien comme exposant. C’est la première fois, depuis le début de la Biennale, qu’une agence québécoise est retenue dans le cadre de l’Arsenale [l'un des deux principaux sites d'exposition], se réjouit Pierre Thibault.
Lui et son équipe établie à Québec signent un projet architectural participatif qui réinterprète les boucaneries de l'île Verte, située dans la région du Bas-Saint-Laurent.

Nourrie par les conversations avec la communauté, l'équipe de Pierre Thibault décide d’implanter, en 2024, des installations éphémères architecturales qui revisitent les caractéristiques singulières des boucaneries.
Photo : Alexis Boivin
C’est la plus grande exposition d’architecture au monde [...] C’est un carrefour d'innovation, explique-t-il. Pierre Thibault a été invité aux journées de préouvertures qui permettent des rencontres et des échanges avec des sommités dans le domaine.
J’ai eu des rencontres avec des architectes, ce sont des Nobels de l'architecture, plusieurs étaient présents. J’ai eu des discussions fort intéressantes, par exemple avec Anne Lacaton, que j’admire particulièrement.
Les boucaneries de l’île Verte
C’est suite à une commande d’un projet de bibliothèque par un résident de la municipalité de Notre-Dame-des-Sept-Douleurs que Pierre Thibault s’est rendu sur l’île Verte une première fois. Il n’y avait pas mis les pieds depuis une dizaine d’années.
Il y a découvert une communauté très attachée à son patrimoine. Au fil des rencontres, qu'il a menées avec certains de ses étudiants en architecture à l’Université Laval, les résidents lui ont parlé des boucaneries, ces anciens fumoirs de poisson, dont on en dénombre une douzaine sur l’île.
C’est assez singulier, c’est assez beau. Ça ressemble…entre une cabane en bois rond et une petite chapelle. Comme architectes, ça nous interrogeait. Qu’est-ce que c’est que ces choses-là?

Pierre Thibault, dont l’Atelier Pierre Thibault est établi à Québec, signe un projet architectural participatif qui réinterprète les boucaneries de l’île Verte.
Photo : Alexis Boivin
Parmi les fumoirs construits entre 1920 et 1980, quatre présentent une valeur patrimoniale exceptionnelle et six une valeur patrimoniale élevée, selon un rapport d’expertise produit en 2023.
Mais l'une d’entre elles s’est effondrée récemment. Le contexte actuel, marqué par des exigences sanitaires et une pêche en déclin, explique la désuétude des boucaneries.
On a replongé dans l’histoire, les citoyens ont envoyé des photos d’archives. Ils nous ont fait visiter ça [les boucaneries] avec beaucoup d’enthousiasme, mentionne l’architecte.
Nourrie par les conversations avec la communauté, l'équipe de Pierre Thibault décide d’implanter, en 2024, des installations éphémères architecturales qui revisitent les caractéristiques singulières des boucaneries. Ces nouvelles structures se dressent comme des visions du futur et mettent en relation les différents paysages de l’île.
Plusieurs valeurs et objectifs de la communauté ont pu être liés à ce projet, notamment l’autosuffisance alimentaire pour les résidents qui doivent aujourd’hui se rendre, l’hiver, en hélicoptère de l’autre côté de la rive au lieu d’emprunter le pont de glace disparu avec les changements climatiques.
On teste des choses. Bien sûr on investit du temps et de l’argent. On n’a rien demandé à la communauté pour construire ces choses-là, pour les accompagner dans tout ça, souligne-t-il.

Pierre Thibault et son équipe, signent un projet architectural participatif qui réinterprète les boucaneries de l’île Verte situé dans la région du Bas-Saint-Laurent.
Photo : Alexis Boivin
L’exposition
Lorsque l’architecte de Québec reçoit l’invitation pour la Biennale, l’entente est de transporter leur installation de l’autre côté de l’Atlantique Les gens de Venise voulaient même qu’on transporte des fumoirs de l’île Verte. On a fait des modalisations, on a trouvé l’emplacement et tout ça, mais on travaille tellement peu avec eux à Venise que rendu à l’hiver, ils réalisent qu’on est au Québec et qu’il va falloir tout transporter ça, explique-t-il en riant.
La plupart des gens viennent de France ou d’Allemagne, ils prennent un camion puis ils amènent ça à Venise, ce n’est pas trop compliqué. Mais là, on leur donne des coûts approximatifs pour prendre une structure, la démonter de l’île Verte, la mettre dans un conteneur et l’envoyer. Ils ont dit oh! Ok, on est peut-être un peu hors budget.
La décision a donc été prise de présenter d’immenses photos avec de la documentation, du texte et une vidéo. Ils ont créé un système de présentoir qui est extrêmement bien fait, souligne Pierre Thibault.
L’avenir des boucaneries
La relation avec la communauté de l’île Verte se poursuivra, assure l'architecte. C’est un laboratoire pour nous, de voir comment une structure ancienne, qui était un fumoir, comment on peut la transformer, raconte-t-il.
Parfois, des démarches singulières rejoignent un peu l’universel, explique-t-il pour parler de l’intérêt de la Biennale envers son projet. À travers cette histoire-là, on avait des échanges assez étonnants parce que l’île principale de Venise est trois fois plus petite que l’île Verte. Sur l’île Verte, il y a 50 personnes alors qu’à Venise ils sont 50 000. Ça montre deux réalités complètement différentes.
La 19e Exposition internationale d’architecture de la Biennale de Venise, qui a ouvert ses portes samedi 10 mai, se poursuit jusqu’au dimanche 23 novembre 2025.