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Alors que la Colombie-Britannique veut donner un coup d’accélérateur au développement minier, notamment en réponse aux droits de douane du président américain, un rapport met le doigt sur les dangers d’une contamination que pose une mine – en voie d’être agrandie – située dans le nord de la province.
La mine de Red Chris, détenue par la compagnie américaine Newmont, est située le long de l’autoroute 37, qui mène au Yukon. L’installation comprend une mine à ciel ouvert et produit de l’or et du cuivre depuis 2015.
En décembre dernier, Newmont a déposé une demande d’agrandissement pour notamment créer une mine souterraine. L’entreprise explique que cette solution, en plus de prolonger la durée de vie de la mine au-delà de 2038, augmentera sa capacité de production.
Dans une lettre ouverte, Newmont indique qu’une mine souterraine est moins polluante, génère moins de poussières et moins de déchets.

Une extension de la mine souterraine est proposée sous la mine à ciel ouvert existante.
Photo : Colin Arisman
Mais au milieu de la période de consultation de 30 jours – qui s’est terminé le 10 avril – , l’organisme de protection de l’environnement SkeenaWild Conservation Trust a publié un rapport conséquent sur la mine de Red Chris.
Contamination et risque de rupture de la digue
L’équipe, menée par l’écologiste aquatique Adrienne Berchtold, a mis la lumière sur des contaminants qui se sont infiltrés dans les eaux souterraines à partir de résidus miniers, ainsi que de la présence de sélénium, de nitrate ou encore de cadmium, en quantités plus élevées que prévu.
Des contaminants s’infiltrent également dans la zone de stockage des stériles d'un barrage construit sur le site depuis au moins 2017. Cette infiltration n'était pas prévue et n'était pas autorisée à l'origine par les permis de la mine, explique Mme Berchtold.
Elle déplore que la province n'ait jamais exigé la mise en œuvre de mesures d'atténuation une fois les infiltrations détectées.
Toutefois, rien ne prouve que le fleuve Stikine, un important réseau hydrographique de la région, ou ses deux affluents soient contaminés. En revanche, les lacs et rivières proches de la mine le seraient, selon la SkeenaWild Conservation Trust.
Mme Berchtold souligne que des évaluations supplémentaires sont nécessaires et qu'elles devraient être exigées par la province.
Par ailleurs, le rapport de plus de 100 pages évoque la possibilité que la digue à stériles, qui doit permettre de contenir les déchets miniers, rompe.
Cet événement mettrait en danger les travailleurs de la mine et les communautés en aval, indique l’organisme.
Le fantôme de Mount Polley
Dans un communiqué de presse émis en avril, le Conseil central tlingit et haida (CCTH), qui représente des communautés autochtones en Alaska, évoque aussi la rupture possible de la digue.
Il rappelle que celles de la mine de Red Chris sont conçues de la même manière que celle de la mine Mount Polley d'Imperial Metals.

Vue aérienne des dommages causés par l’éclatement de la digue de la mine du mount Polley, le 5 août 2014. (Photo d'archives)
Photo : La Presse canadienne / Jonathan Hayward
Cette digue s’est rompue en août 2014, entraînant le déversement de plusieurs millions de gallons de déchets toxiques dans le bassin hydrographique du fleuve Fraser. Cet accident est, encore à ce jour, l’une des plus grosses catastrophes environnementales au Canada.
Il est essentiel de souligner que l'installation de déchets de la mine de Red Chris est plus de six fois plus grande que celle de Mount Polley et qu'elle contient des déchets générateurs d'acide, ajoute encore le communiqué de presse.
Si l'un de ces barrages cède, nous n'avons aucun recours. Il n'existe aucun moyen de compenser la perte d'un mode de vie. Il n'y a aucun moyen de demander des comptes aux compagnies minières, a déclaré le président des Tlingits et des Haïdas, Richard (Chalyee Éesh) Peterson.

Le parc à résidus et la mine à ciel ouvert de la mine Red Chris se trouvent dans les eaux d'amont de la rivière Iskut, un affluent important du fleuve Stikine, où vivent des saumons.
Photo : Colin Arisman
Esther Aaltséen Reese, originaire de la nation Tlingit et membre de la Wrangell Cooperative Association, un conseil tribal, et du CCTH rappelle que c'est Imperial Metals qui a construit la mine de Red Chris. La même compagnie minière derrière Mount Polley.
Sauf que la mine de Red Chris est beaucoup plus grande. Le barrage de résidus mesure plus de 100 mètres de haut, soit deux fois la hauteur des chutes du Niagara et il retient 1,18 milliard de pieds cubes d'eaux usées, ajoute-t-elle, à l'occasion d'une entrevue avec Espaces autochtones.
La digue de Red Chris est classée comme une structure à conséquences extrêmes selon les critères de l'Association canadienne des barrages, rappelle-t-elle.
La question n'est pas de savoir si la digue va se briser, mais quand.
Si ces communautés sont inquiètes, c’est parce que le fleuve Stikine, aussi appelé Shtax'héen, se dirige vers les États-Unis au niveau de la communauté de Wrangell, en Alaska.

Une vue aérienne du passage intérieur entre l'Alaska et la Colombie-Britannique.
Photo : Southeast Alaska Indigenous Transboundary Commission / Sonia Luokkala
La mine se trouve sur le bassin versant de ce fleuve qui, par ailleurs, abrite une importante quantité de saumon et de truites arc-en-ciel.
Esther Aaltséen Reese rappelle que son peuple gère ces terres depuis des temps immémoriaux.
Nous entretenons avec la terre une belle relation d'équilibre très réciproque : nous prenons soin de la terre et la terre prend soin de nous. Notre vision et notre conception de la vie consistent à poursuivre ce que nos ancêtres ont fait et à penser en termes de sept générations.
[Une rupture de la digue] décimerait tout notre mode de vie.
Guy Archibald, le directeur général de la Southeast Alaska Indigenous Transboundary Commission, qui représente 14 communautés autochtones, rappelle que la frontière coloniale [entre les États-Unis et le Canada, NDLR] n'est pas une frontière naturelle. Rien dans la nature ne respecte cette frontière.
Il est essentiel de considérer un bassin versant comme un être vivant intact, car toute la vie dans un bassin hydrographique est interconnectée et tout dommage causé à l'une de ses parties est un dommage pour l'ensemble de l'écosystème.
Le saumon est une ressource de subsistance pour les Autochtones de l’ouest du Canada et de l'Alaska. Leur culture tourne en grande partie autour de ce poisson. L'écosystème du fleuve regorge aussi de plantes médicinales et d'une faune riche qui contribuent aussi à la survie des Tlingit et des Haida.
Une législation trop peu contraignante
L’étude de la SkeenaWild Conservation Trust est basée sur une série de données récoltées auprès des autorités grâce à des demandes d’accès à l’information. Elles couvrent des données de 2015 à 2022.
Mme Berchtold souligne que des retards ont été observés, car la Colombie-Britannique a tardé à répondre aux demandes de manières à ce que les données soient exploitables.

Le saumon fumé fait partie de la culture des Autochtones de l'Alaska.
Photo : Southeast Alaska Indigenous Transboundary Commission
L’organisme environnemental appelle le gouvernement à améliorer ses lois qui encadrent l’industrie minière dans la province. D'autant plus que le gouvernement néo-démocrate a mis sur la liste des projets à accélérer celui de Newmont à Red Chris.
La Colombie-Britannique n'est pas la seule à sous-estimer les dommages qu'elle va causer à l'environnement et aux populations environnantes. C'est une constante dans l'histoire. Et ça ne va pas en s'améliorant, ajoute M. Archibald.
Collaboration avec la nation Tahltan

Les Tingit et les Haida ont survécu grâce, notamment, à la pêche.
Photo : Southeast Alaska Indigenous Transboundary Commission / Sonia Luokkala
Depuis qu'elle a acquis Red Chris en novembre 2023, Newmont assure avoir procédé à des ajustements environnementaux en collaboration avec la nation Tahltan. La mine se trouve en effet sur le territoire ancestral de cette nation du nord de la Colombie-Britannique.
Depuis [...], Newmont s'est engagée avec la province de la Colombie-Britannique et travaille en collaboration avec la nation Tahltan pour cogérer la mine et renforcer les protections environnementales, répondant ainsi aux questions soulevées dans le rapport de SkeenaWild, indique l'entreprise par courriel.
Les Tlingit et les Haida de l'Alaska souhaitent s'asseoir avec la nation Tahltan et parler de leurs préoccupations.
Nous respectons les droits de toute nation souveraine de prendre des décisions et de suivre son processus, et nous ne remettons pas en question leur décision. Mais nous sommes les seules communautés en aval de tout ça. Si quelque chose se produit, ce sera sur nos territoires, indique M. Archibald.

Le fleuve Stikine est l'un des derniers bastions du saumon sauvage au monde et répond aux besoins de subsistance des communautés locales et autochtones.
Photo : Colin Arisman
Les nations de l'Alaska souhaitent que le gouvernement de la Colombie-Britannique reconnaisse leurs droits et ont entamé une procédure en ce sens.
Le gouvernement tahtlan, qui regroupe la communauté d’Iskut – située à une trentaine de kilomètres de la mine – et la communauté de Tahtlan – située à 90 kilomètres à vol d’oiseau de la mine –, n’a pas répondu à nos demandes d’entrevue.
Il a signé une entente sur les répercussions et avantages avec Newmont, qui prévoit des avantages économiques pour la nation, et prévoit une surveillance environnementale.
La nation dit rester vigilante et veiller à la protection de [ses] terres, de [ses] eaux et de [ses] valeurs. Depuis 2023, Newmont doit obtenir le consentement du gouvernement tahtlan pour tous changements substantiels apportés à la mine.