Imaginez : vous allez faire un simple test sanguin avant une opération, et les médecins découvrent… que vous êtes unique au monde. C’est ce qui est arrivé à une femme originaire de Guadeloupe, identifiée récemment comme la seule porteuse connue d’un groupe sanguin totalement inédit, désormais baptisé « Gwada négatif ».
Une découverte rarissime… 13 ans après
L’histoire commence en 2011, à Paris. Une patiente de 54 ans, parfaitement anonyme, passe des examens de routine avant une intervention chirurgicale. Lors de l’analyse de son sang, les biologistes détectent un anticorps étrange, inconnu dans la littérature médicale. Intrigués mais limités par la technologie de l’époque, les chercheurs de l’Établissement français du sang (EFS) doivent mettre cette anomalie de côté.
Ce n’est qu’en 2019, grâce aux progrès fulgurants du séquençage ADN à haut débit, qu’ils parviennent à identifier l’origine de cette curiosité : une mutation génétique unique, héritée à la fois de son père et de sa mère. Ce double héritage rare fait d’elle une véritable exception biologique.
Bienvenue dans le club très fermé des systèmes sanguins
Les groupes sanguins, ce ne sont pas seulement les classiques ABO ou Rhésus positif/négatif que l’on connaît tous. En réalité, les scientifiques classifient le sang humain selon des systèmes très complexes basés sur des protéines présentes à la surface des globules rouges.
Avant cette annonce, 47 systèmes de groupes sanguins étaient officiellement reconnus dans le monde. Avec « Gwada négatif », on passe à 48. Cette reconnaissance a été validée en juin 2024 à Milan par la Société internationale de transfusion sanguine, une autorité mondiale en la matière.
Seule au monde (pour l’instant)
Aujourd’hui, cette femme guadeloupéenne est la seule personne connue à porter ce groupe sanguin. En d’autres termes, elle n’est compatible pour une transfusion qu’avec elle-même, ce qui, en cas de besoin médical, peut poser de sérieux défis.
Le nom « Gwada négatif » a été choisi en clin d’œil à ses origines caribéennes, mais aussi pour sa sonorité facilement mémorisable, quelles que soient les langues. Un choix salué par les scientifiques, qui espèrent maintenant identifier d’autres personnes porteuses de cette rareté génétique.

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Crédits : ktsimage/istockPourquoi c’est une vraie avancée
Découvrir un nouveau groupe sanguin, ce n’est pas seulement une curiosité médicale. C’est aussi un enjeu crucial pour la sécurité des transfusions, en particulier chez les personnes porteuses de groupes rares. Chaque nouvelle découverte permet d’améliorer les protocoles de soin, d’éviter les réactions immunitaires dangereuses et de mieux anticiper les besoins des patients atypiques.
Comme l’explique le biologiste Thierry Peyrard, impliqué dans cette recherche : « Découvrir de nouveaux groupes sanguins signifie offrir aux patients atteints de groupes sanguins rares un meilleur niveau de soins. »