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Un nationalisme lucide et ouvert

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C’est avec une émotion profonde que je prends la parole. En vous regardant, je reconnais des visages, des complices de longue date, des personnes avec qui j’ai partagé des années intenses au service du Québec. Beaucoup d’entre nous ont vécu de près l’aventure politique avec René Lévesque. Comme moi et toutes celles et toux ceux qui sont ici, nous continuons de croire que nous formons une nation et que les Québécoises et les Québécois doivent être les maîtres de leur avenir.

Nous sommes réunis par un même fil : l’héritage d’un homme et l’espérance d’un peuple.

Cet héritage n’appartient pas seulement à celles et ceux qui l’ont connu, mais à toutes les générations de Québécoises et de Québécois. Il a été admiré parce qu’il a su, avec des mots justes et une vision claire, nommer ce que nous étions, ce que nous voulions devenir et ce que nous avions le devoir de transmettre.

Quand René Lévesque regardait le passé, c’était pour comprendre le présent et anticiper l’avenir. Il affirmait : « Être nous-mêmes, c’est maintenir et développer une personnalité qui dure depuis trois siècles et demi. » Quand il évoquait la langue française comme cœur de notre identité, il ne faisait pas seulement un constat. Il lançait un appel à la responsabilité collective. Parce qu’une langue n’est jamais acquise une fois pour toutes : elle doit être vécue, parlée, aimée, défendue. Elle est notre manière singulière de voir le monde.

Je me souviens encore de mes premières années à l’école, dans ce village de Saint-Étienne-de-Lauzon : la langue française, c’était à la fois la porte d’entrée dans la connaissance et un refuge familier.

Vous savez, sans mémoire, nous perdons notre avenir. Mais sans avenir, la mémoire s’éteint.

Le thème de ce Rendez-vous, « Comment faire nation au XXIe siècle », nous interpelle au plus profond de nous-mêmes. Est-ce que l’existence des nations a encore un sens ?

Nous savons que la mondialisation, les mouvements migratoires, la diversification culturelle et religieuse, l’incertitude économique et politique, mais aussi des bouleversements technologiques fulgurants, transforment nos sociétés. Nous savons aussi que, partout en Occident, l’idée même de nation est contestée par certains courants intellectuels ou politiques qui privilégient une citoyenneté sans ancrage culturel.

Mais le projet politique que portait René Lévesque n’était ni l’un ni l’autre. Son action était fondée sur un nationalisme de dignité envers soi-même, de progrès démocratique et d’ouverture à l’autre. Il croyait qu’on pouvait conjuguer fierté et inclusion, enracinement et accueil. Il croyait qu’affirmer notre nation, c’était affirmer en même temps l’égalité de tous ses citoyens, quelles que soient leurs origines ou leurs croyances.

C’est ce nationalisme-là qui est au cœur du projet québécois. Un nationalisme qui donne confiance en ce que nous sommes, qui rassemble autour d’un projet, qui construit l’avenir.

Est-ce que cette vision est encore réaliste aujourd’hui ? Soyons lucides : nous vivons à une époque de polarisation. D’un côté, certains voudraient déconstruire l’idée même de nation, au nom d’une idéologie où toute identité collective serait suspecte. De l’autre, certains cherchent à figer la nation dans une définition étroite, exclusive, qui nie la diversité de notre réalité contemporaine.

Entre ces deux impasses, il y a notre chemin, le seul qui me semble fréquentable : celui d’un nationalisme lucide et ouvert, qui conjugue la fierté de nos racines et l’accueil de nouveaux visages. Ce chemin est exigeant. Il exige de répéter, encore et toujours, que l’identité québécoise ne se réduit pas à une essence immuable, mais qu’elle est une construction vivante, nourrie de l’histoire et ouverte à l’avenir.

René Lévesque disait : « Chaque Québécois est et doit demeurer un citoyen à part entière. » Cette phrase, à elle seule, balise notre route. Elle nous rappelle qu’assumer notre destin collectif, ce n’est pas dresser des murs, mais bâtir ensemble sur un socle commun.

Cette vision d’un nationalisme d’ouverture doit aussi guider notre réflexion sur les grands enjeux contemporains, notamment celui de l’immigration. Cette conception ouverte de la nation s’éprouve d’abord dans notre manière d’accueillir celles et ceux qui choisissent le Québec.

Il est dans l’air du temps de discuter d’immigration. Je voudrais que notre discours soit rassembleur, mais cela ne doit pas nous conduire à abandonner nos responsabilités, à nier les problèmes.

Dans le débat politique, les tensions ne sont pas anormales. C’est le temps qui nous permet de nous unir. L’extrême polarisation lors des débats entourant la loi 101 de Camille Laurin en est le plus bel exemple. La loi 21 sur la laïcité, qu’on l’approuve ou non, en traçant un équilibre entre liberté de conscience et neutralité de l’État, a contribué à apaiser un débat qui devenait de plus en plus malsain et divisait profondément la société québécoise.

Je dis oui aux discussions sur l’immigration comme sur tous les sujets, mais respectons les personnes. N’oublions jamais qu’aucun immigrant n’est responsable de nos politiques d’immigration. Ce sont nos gouvernements et nos élus qui les ont définies. Ce sont eux qui doivent porter la responsabilité des conséquences de nos choix collectifs.

Et n’oublions pas non plus qu’une fois qu’une personne s’intègre à notre société, elle cesse d’être une immigrante : elle devient une citoyenne ou un citoyen à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes responsabilités que tous les autres.

Enfin, souvenons-nous que, lorsqu’on change de politique, il faut respecter celles et ceux qui, de bonne foi, ont suivi toutes les règles qui leur étaient imposées. C’est là une exigence de justice et de respect, sans laquelle aucune société ne peut avancer sereinement.

Il n’est pas anodin que ce Rendez-vous mette en dialogue le Québec et la France. Nos deux nations partagent un même défi : comment préserver un socle de valeurs communes — égalité entre les femmes et les hommes, solidarité, démocratie, laïcité — dans des sociétés de plus en plus diversifiées ?

Nous avons en commun cette conviction que les nations ne doivent pas disparaître dans la mondialisation. La nation offre à chaque femme et chaque homme un espace de solidarité essentiel qui permet de partager un art de vivre ensemble. Le Québec, nation francophone en Amérique, et la France, grande nation européenne, savent chacun que leur avenir dépend de leur capacité à conjuguer fidélité et innovation. Derrière les idées et les projets collectifs, il y a toujours des parcours humains.

Au moment où je suis devenue députée, René Lévesque m’a tendu la main. Il m’a appris qu’on pouvait rêver sans perdre le sens du réel. Il m’a surtout appris qu’aimer son peuple, c’est l’aimer avec lucidité, sans flatterie, sans illusion, mais avec une intégrité sans faille.

Ces expériences ont nourri ma conviction que faire nation, c’est d’abord un engagement humain, ancré dans la solidarité et la transmission.

À mon tour, j’ai eu le privilège de transmettre ces valeurs à mes enfants, à mes collègues, à mes concitoyens. Et je mesure aujourd’hui à quel point chaque génération a ce même devoir : prendre le relais, porter le flambeau et le tendre à celles et ceux qui viennent après.

Alors, comment faire nation au XXIe siècle ? En refusant le cynisme. En refusant l’effacement. En refusant aussi les exclusions. En affirmant que notre langue, notre culture, nos institutions sont des biens communs à partager, à protéger et à transmettre.

Et en disant à toutes celles et à tous ceux qui choisissent le Québec : voici notre maison. Entrez, sentez-vous chez vous. Faites-la vôtre. Et en retour, dans le respect de ce que nous sommes, contribuez à la faire grandir. Car nous avons besoin de vos talents, de vos voix, de vos espérances.

Le Québec ne demande pas la permission d’exister. Il existe. Il agit. Il veut continuer à apporter sa part au destin commun. Faire nation, c’est se souvenir de notre passé, mais c’est surtout croire que notre avenir est encore à écrire. C’est transmettre aux jeunes générations l’audace d’imaginer, la liberté de choisir, la fierté d’appartenir.

Chers amis, le peuple québécois a connu des épreuves, des défaites, mais aussi de grandes victoires. Nous avons bâti un État moderne, une société plus juste, des institutions qui nous ressemblent. Rien de tout cela n’était acquis d’avance.

Il faut renouer le fil fragile qui unit nos ancêtres à nos enfants. Il faut tisser des liens entre les Québécoises et les Québécois et celles et ceux qui, de génération en génération, sont venus partager notre maison. Il faut le dire, il faut le redire : le Québec est une nation vivante, ouverte, solidaire.

Je n’ai jamais regretté d’avoir cru au peuple québécois. Jamais. Ce soir, en ouvrant ce Rendez-vous, je vous invite à raviver cette foi, à regarder l’avenir avec lucidité et confiance. Je vous invite à dire aux héritières et aux héritiers de ce rêve : c’est votre tour. Dans ce siècle encore jeune, à vous de faire vivre le Québec à votre manière, avec vos valeurs. Et sachez que de notre côté, celui des générations qui vous précèdent, nous serons là pour vous soutenir, avec confiance et affection.

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