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Le consentement aux soins offerts dans des hôpitaux de Québec est compromis à cause du manque d’accès aux interprètes pour les patients allophones, selon le Service de référence en périnatalité pour les femmes immigrantes de Québec (SRPFIQ).
Comprendre ce qui se passe lors d’un accouchement est la base, soutient Marielle M’Bangha, la directrice du SRPFIQ. Elle voudrait voir les équipes traitantes au Centre hospitalier universitaire (CHU) de Québec-Université Laval proposer plus souvent des services d’interprétariat et traduire des documents importants remis aux patients.
C’est tout à fait crucial. On signe des consentements aux soins. Si on ne comprend pas pourquoi on signe, on a quand même un problème de choix éclairé et même de consentement.
L’accès prévu dans la loi
La Loi sur la santé et les services sociaux donne le droit aux personnes d’expression anglaise de recevoir des services en anglais, ainsi que de favoriser l'accès dans d'autres langues. Cet accès demeure conditionnel aux ressources humaines, financières et opérationnelles des établissements de soins.
Le SRPFIQ a fait une plainte l’an dernier après l'expérience d’une mère anglophone qui n'a pas eu accès à un interprète lors d'une césarienne d’urgence et de son séjour hospitalier subséquent.

Marielle M'Bangha invite le personnel dans le réseau de la santé à proposer des interprètes plus fréquemment aux femmes immigrantes.
Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler
La présidente du Comité régional pour le programme d’accès aux services de santé et aux services sociaux en langue anglaise de la Capitale-Nationale considère, pour sa part, qu’il reste encore beaucoup de travail pour assurer des soins en anglais.
Selon Brigitte Wellens, des anglophones hésitent à exiger des soins en anglais, et, souvent, le personnel ne les offre pas par manque de connaissance du droit des usagers.
Deux fois plus de demandes à la banque d’interprètes
Depuis l’automne dernier, les services d’interprétariat sont assurés par une banque d’interprètes provinciale désormais gérée par Santé Québec. La démarche administrative pour en faire la demande est la responsabilité du personnel du CHU.
Nous faisons notre possible pour assurer une réponse rapide aux besoins identifiés, indique une porte-parole, expliquant que les services sont offerts au cas par cas.
Si un interprète n’est pas disponible dans l'immédiat, les équipes peuvent recourir à des moyens alternatifs tels que l’aide d’employés multilingues, l’utilisation d’applications de traductions validées et des ententes ponctuelles avec des services privés, poursuit-elle.
Lors des cinq dernières années, la demande pour des interprètes a doublé au CHU de Québec, passant de 2057 à 4184 demandes. Le CHU a offert les services dans 55 langues.
Accoucher sans accompagnement
Mary* garde un mauvais souvenir de la naissance de son premier enfant. La jeune femme soloparentale, qui n’a aucune famille au Canada, avait prévu être suivie par une accompagnante à la naissance du SRPFIQ lors de son accouchement. Elle parle bien l’anglais, mais peu le français.
* Ayant fui son pays d’origine pour des raisons de sécurité, Radio-Canada a accepté de taire son identité.
À la suite d’un rendez-vous de routine à l'Hôpital Saint-François d’Assise en mai 2024, on lui annonce qu’elle doit subir une césarienne d’urgence, sans pouvoir attendre son accompagnante.
Selon elle, on lui a fourni un formulaire de consentement en français, en lui implorant de ne pas retarder la procédure. Elle n'a pas eu l'impression que le personnel s'est assuré qu'elle comprenne bien.
Ils ne m'ont pas laissé le temps de réfléchir ni même de comprendre ce qui était écrit dans le formulaire.
Une fois le bébé né, Mary dit qu’elle ne savait pas s’il était en vie. Il a rapidement dû être transféré au CHUL avant qu’elle puisse poser les yeux sur lui, même si on lui avait laissé entendre qu’elle pourrait le voir avant son départ.
Peu de temps après, la nouvelle mère apprend qu’elle souffre d’une complication grave et doit être transportée dans un autre établissement, l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, où elle est restée sept jours.
Sept jours d’hospitalisation sans interprètes
Si les médecins pouvaient généralement communiquer avec elle en anglais, les infirmières, préposés aux bénéficiaires et autres membres du personnel parlaient rarement en anglais, affirme-t-elle.
La bénévole du SRPFIQ, Helene Lepage, a rendu visite à Mary à plusieurs reprises à l'hôpital et a agi comme interprète lorsqu’elle était présente. Elle a vu certains membres du personnel faire des efforts pour communiquer avec Mary, mais certains donnaient des soins sans trop expliquer.
La situation vécue par la patiente a suscité de la frustration pour Mme Lepage, qui a demandé de fournir un interprète lors de ses absences et et que la documentation remise soit en anglais.

La septième vague se fait bien sentir dans les hôpitaux du CHU de Québec.
Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin
Près d’un an après les évènements, Mary verse encore des larmes quand elle parle de son expérience. Quand tu es hospitalisé et que tu ne peux pas exprimer ce que tu veux, et que tu es dans un état critique, tu n'as pas les forces pour parler une langue que tu ne connais pas. C’était une énorme barrière, explique-t-elle.
Au lieu de faire comme s’il n’avait aucune autre option, il [le CHU de Québec] doit faire mieux, considère Mary.
Une plainte, mais pas d'amélioration
Avec l'accord de Mary, la directrice du SRPFIQ, Marielle M’Bangha, a formulé une longue plainte au CHU de Québec. Cette dernière affirme que le bureau du commissaire des plaintes a reconnu, lors d’un appel téléphonique, qu’il y avait eu un problème lors de la naissance du bébé à Mary et qu’elle aurait dû avoir accès à un interprète.
Le CHU de Québec indique ne pas pouvoir commenter des cas spécifiques pour des raisons de confidentialité. L’expérience de Mary s'est produite avant le changement de gestion de la banque d'interprètes pris en charge par le ministère de la Santé et ensuite Santé Québec.
Malgré le changement de gestion, Marielle M’Bangha ne constate pas d’amélioration pour les patientes que son organisme accompagne. On l'aurait su, dit-elle en soulignant que le SRPFIQ a accompagné la naissance de 300 nouveaux bébés.
S’il y a des obstacles pour faire la demande pour un interprète en anglais, qu’en est-il pour une maman, par exemple de la Centrafrique? se questionne-t-elle.
Peu de documentation en anglais
La situation de Mary désole, mais ne surprend pas Brigitte Wellens du comité régional d'accès aux soins en langue anglaise. C’est un non-sens, ça ne devrait pas exister dans notre système , dit-elle.

Brigitte Wellens croit que les directives relatives à l'accès aux soins dans une langue autre que le français émis à l'été 2024 ont semé la confusion dans le réseau.
Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler
Considérant que 17 000 personnes dans la région s’identifient auprès de Statistique Canada comme ayant appris l'anglais comme langue maternel ou première langue, elle croit que les 36 demandes formulées à la banque d’interprètes l’an dernier témoignent des difficultés d’accès aux services en langue anglaise.
Elle constate aussi qu’ à peu près pas de formulaires de consentement, ou d'instructions médicales sont traduits.
Brigitte Wellens prévient qu’une personne qui a mal compris un diagnostic, ou des instructions aura inévitablement besoin de plus de soins plus tard, et risque d'aggraver sa condition.