Durant la Guerre Froide il y a près d’une demi-siècle, le gouvernement britannique distribuait aux civils un livret assez spécial. Celui-ci contenait des mesures à prendre afin de se prémunir en cas de guerre nucléaire. Au menu : nécessaire de survie, protection du logement et attitude à adopter durant l’attaque.

Un livret baptisé « Protect and Survive »

Nous sommes en 1980, la Guerre Froide entre les États-Unis (OTAN) et la Russie (Pacte de Varsovie) stagne depuis déjà trois décennies. En Europe, le Royaume-Uni vient tout juste d’accepter l’installation de missiles étasuniens sur son sol afin de faire face au bloc de l’Est. Au passage, rappelons que sous l’impulsion du président autoritaire Ronald Reagan – en place de 1981 à 1989 – les États-Unis n’ont jamais été aussi proches de déclencher une guerre nucléaire totale.

Quelques mois après l’arrivée de l’équipement, le gouvernement britannique distribue aux civils une petite brochure baptisée Protect and Survive (protéger et survivre). Pourtant, la dite brochure se destinait à l’origine aux services d’urgences tels que la police, les pompiers etc. Inquiète, la population fait finalement pression pour que le document soit rendu public.

« Lisez attentivement ce livret. Votre vie et celle de votre famille pourraient en dépendre. », première phrase du livret dont les 32 pages sont disponibles ICI.

Crédits : Imperial War Museums

Des recommandations jugées infantilisantes

Dans un premier temps, la brochure conseille de choisir une pièce du domicile à transformer en abri en cas d’attaque. L’objectif est ici de barricader l’entrée à l’aide de matériaux de récupération et ce, afin de limiter la pénétration des radiations. Les matériaux privilégiés étaient le béton, les briques, le bois ou encore, le sable. Les citoyens pouvaient également utiliser des piles de livres et des meubles.

La seconde priorité évoquée dans le livret est la constitution d’un nécessaire de survie afin de tenir aux moins deux semaines. La liste de ce kit comprend de l’eau (16 litres par personne), de la nourriture en conserve et en bocal, des piles, une radio, des couverts, un ouvre-boite, une lampe torche, une trousse de premiers secours et du savon. Citons également la nécessité de réunir des allumettes, des sacs de couchage et des vêtements chauds. La brochure donne également une astuce pour construire des toilettes de fortune. Évoquons également l’attitude à adopter si l’attaque survient réellement. Le livret conseille notamment de rester à l’intérieur durant les premières 48 heures, les retombées radioactives étant à leur niveau de dangerosité maximale pendant cette période.

Malgré le coté alarmiste du document, le gouvernement britannique n’aura pas réussi à discipliner sa population. Cette dernière n’a pas hésité à critiquer un contenu jugé infantilisant. Angoissés, les citoyens espéraient peut-être mieux que de simples conseils de survie. Il n’en demeure pas moins qu’aujourd’hui encore, ces recommandations – ou du moins une partie d’entre-elles – pourraient être perspicaces en cas de guerre nucléaire.