Les tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium sont passés mercredi de 25 % à 50 % pour les exportations vers les États-Unis. Une autre tuile lancée par le président Donald Trump qui pourrait nuire aux entreprises de la région qui exportent vers les voisins du Sud.

La Saguenay–Lac-Saint-Jean compte quatre alumineries, qui contribuent à 32 % de la production canadienne.

Pour SERDEX International, dont la mission est d'accompagner les entreprises vers des marchés internationaux, la pilule est difficile à avaler. Cette mauvaise nouvelle s’ajoute à une première salve de tarifs imposés en mars dernier sur l’acier et l’aluminium.

La directrice générale, Nadine Brassard, s'attend à d'impacts majeurs sur les commandes et les ventes des entreprises de la région.

Si on fait une expédition de 100 000 $ vers les États-Unis, bien, c’est 50 000 $ de frais de douane qui s’ajoutent. On n‘est pas certain que les clients aux États-Unis vont vouloir payer cette hausse, a-t-elle déclaré à l’émission C’est jamais pareil.

Les tarifs faisaient déjà très mal, mais là, c’est encore pire.

Nadine Brassard est directrice générale de SERDEX International. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Julien B. Gauthier

Miser sur la diversification des marchés

Certaines solutions pour diversifier les marchés existent, a indiqué Mme Brassard.

En mars dernier, SERDEX International a notamment lancé une plateforme en ligne pour soutenir les entreprises face aux tarifs.

Une première cohorte d’entreprises devrait avoir terminé de suivre une formation d’ici la fin juin. D’autres cohortes seront ouvertes à l’automne.

Le fonds régional Éclo, chapeauté par les cinq MRC de la région et par la Conférence régionale des préfets, a aussi été lancé en avril. Se chiffrant à 500 000 $, il vise à réduire la dépendance de plusieurs entreprises aux marchés américains.

SERDEX International est une entreprise basée à Alma qui aide les commerces à exporter leurs produits. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Julien B. Gauthier

Toutefois, la diversification n’est pas une solution miracle pour toutes les entreprises. Il n’est pas possible d’exporter partout dans le monde en fonction des produits et des ententes économiques des autres pays, dont ceux de l'Europe, a-t-elle ajouté.

La diversification demeure quelque chose qu'il faut explorer. Est-ce que c’est le moyen pour toutes les entreprises? Pas nécessairement.

Nadine Brassard souhaite que des pressions soient faites par les gouvernements provinciaux et fédéraux. Elle rappelle néanmoins que les contre-tarifs peuvent parfois faire plus mal que les tarifs eux-mêmes.

Une paralysie de l’industrie, croit Jean Simard

Le président et chef de la direction de l'Association de l'aluminium du Canada (AAC), Jean Simard, s’attend à ce que ces tarifs engendrent une paralysie de l'industrie.

Le Canada est à ce jour le principal exportateur d’aluminium vers les États-Unis.

C'est vraiment la destruction. Ça veut dire qu’on va voir le début, l'amorce d'une paralysie dans les transactions de métal de part et d’autre de la frontière. Les acheteurs ne pourront pas supporter un tarif de 50 %. Les vendeurs ne voudront pas supporter un tarif de 50 %.

Le président de l'Association de l'aluminium du Canada, Jean Simard. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Christian Patry

L'inquiétude est aussi ressentie par les travailleurs, selon le président du Syndicat des employés de l'aluminium d'Arvida, Donat Pearson.

On va faire tout ce qui est dans notre mesure pour éviter les mises à pied. Le gros problème, c'est que la majorité de ce qu'on produit, ça va vers les États-Unis. Est-ce que ça va être de l'envoyer ailleurs? Encore là, la question revient, c'est des possibilités, a-t-il indiqué.

Le Royaume-Uni est d'ailleurs exempté de ces tarifs douaniers. Jean Simard espère qu'Ottawa puisse convaincre Washington de lui accorder la même exemption.

Donat Pearson est le président du Syndicat national des employés de l’aluminium d’Arvida (SNEAA). (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Myriam Gauthier

Richard Martel critique Carney

En réaction à la hausse des tarifs sur l’aluminium, le député conservateur Richard Martel a critiqué mercredi le premier ministre Mark Carney à la Chambre des communes à Ottawa. Il dit se poser des questions sur la capacité du premier ministre de faire face à Donald Trump.

Le premier ministre a été élu en promettant aux Canadiens qu’il allait se tenir debout devant le président Trump. En plus de ça, il a dit qu’il était l’homme de la situation dans un contexte de guerre commerciale. Pourtant, l’aluminium, un secteur important au Saguenay, a été frappé de tarifs injustifiés de 50 %, a-t-il mentionné.

Mark Carney a répondu au député de Chicoutimi-Le Fjord qu’une réplique aux tarifs de Donald Trump était en préparation.

Les tarifs américains sont illégaux et injustifiés [...]. Nous sommes dans des négociations intensives en temps réel avec les Américains et, en même temps, nous préparons nos représailles pour les tarifs en ce qui concerne l'aluminium.

Le député conservateur Richard Martel a critiqué mercredi le premier ministre Mark Carney à la Chambre des communes à Ottawa. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Capture d'écran de la vidéo publiée sur Faceboook

Marc Bouchard presse Saguenay à agir

Du côté de Saguenay, le conseiller municipal Marc Bouchard se dit inquiet de cette nouvelle hausse.

Les prochaines semaines seront difficiles pour nos familles et pour nos entreprises. Des mises à pied pourraient survenir, sans compter un ralentissement important au niveau des contrats et de notre économie. Il est primordial que la Ville de Saguenay soit là et qu’elle soit proactive pour les citoyens qui seront touchés par cette situation, a-t-il mentionné par voie de communiqué.

Le conseiller municipal Marc Bouchard se dit inquiet de la nouvelle hausse de tarifs. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Rémi Tremblay

Il a par ailleurs critiqué le comité de gestion qu’a lancé la Ville en février pour gérer et analyser les impacts que pourrait avoir la hausse des tarifs douaniers par les États-Unis.

Quelles actions seront posées pour aider nos citoyens et nos entreprises à traverser cette tempête? Certains professionnels parlent d’une paralysie de l’industrie. On ne peut pas rester les bras croisés. Dès février, le comité devait commencer à travailler sur le dossier et on attend toujours son plan de match, a ajouté le conseiller de l’Équipe du renouveau démocratique (ERD).

Avec des informations de Louis de Belleval et de Claude Bouchard