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La pénurie nationale de médecins affecte de nombreux services partout au pays et, dans le Nord de l’Ontario, c’est le service d’urgence de l’hôpital de Thessalon qui en paie les frais. Depuis le mois d’avril, la direction de l’hôpital a dû fermer les portes du service à sept reprises, en raison d’un manque de médecins.
C’est incroyablement frustrant pour la communauté et pour nous, lance Tim Vine, président-directeur général du Réseau Santé Rive Nord, l’organisme qui dirige l’établissement de santé.
En cas de fermeture du service d’urgence de l’hôpital, les résidents de Thessalon doivent se rendre à Blind River ou à Richards Islands, deux municipalités à environ 40 minutes chacune de Thessalon, ou encore à Sault-Sainte-Marie, une ville située à un peu plus d’une heure de route.

Tim Vine estime qu’une réévaluation de l’accord sur les groupes de médecins ruraux et nordiques est nécessaire pour être en mesure d’attirer davantage de médecins dans la région.
Photo : Radio-Canada / Orphée Moussongo
C’est une décision incroyablement difficile à prendre […] chaque fois que nous devons envisager une fermeture, je sais que ma décision pourrait en fin de compte avoir des conséquences négatives pour l’un de nos patients. C’est quelque chose que je ne prends pas à la légère., ajoute M. Vine.
De plus, si jamais les résidents doivent faire appel à une ambulance pour se rendre au service d’urgence le plus proche, cela peut prendre vingt minutes ou une demi-heure avant que l’ambulance n’arrive, en plus du temps de trajet, rappelle le PDG.
Ce délai peut littéralement faire la différence entre la vie et la mort.
Des résidents se sentent laissés pour compte
L’absence du service d’urgence est une situation qui fait beaucoup parler dans la municipalité.
Dawn Allard est née à Thessalon et travaille dans un café de la place. Selon elle, les fermetures du département d’urgence de l’hôpital sont de plus en plus fréquentes, plus que je n’en avais jamais vu auparavant, dit-elle.

Dawn Allard craint que le service d’urgence soit indisponible en cas d’urgence d’un des membres de sa famille.
Photo : Radio-Canada / Orphée Moussongo
Mme Allard craint ne pas être en mesure de conduire les membres de sa famille aux urgences les plus proches à temps, si un malheur venait à se produire.
Ma famille possède une ferme […] J’ai des parents âgés et des enfants qui ont souvent utilisé le service d’urgence. Il peut arriver que l’on doive s’y rendre très rapidement et le fait de ne pas avoir cette option est effrayant, précise-t-elle.
Je me sens vulnérable. Nous avons beaucoup de fermiers, de mennonites et des amish dans la communauté et nous sommes sur la Transcanadienne, alors s’il n’y a pas de service d’urgence ici, les gens mourront, lance Angie Gallop, une autre résidente de Thessalon.

Angie Gallop craint qu’en cas d’accident, personne ne puisse assister les victimes dans le service d’urgence de Thessalon.
Photo : Radio-Canada / Orphée Moussongo
Torin Maag travaille avec des personnes âgées dans une église de la place.
Ce qui se passe ici est une tragédie. Ce sont des personnes qui ont travaillé très dur, la plupart dans le secteur de la santé pendant toute leur carrière, et qui ne sont pas prises en charge comme elles l’ont fait pour les personnes qui les entourent. J’ai l’impression qu’on nous a oubliés, souligne Torin Maag.
On dirait que la province nous a abandonnés.

Torin Maag reconnaît que ne pas avoir de lits pour les patients réguliers à l’hôpital de Thessalon prive les résidents de leur droit d’être en présence de leurs êtres chers pendant leurs derniers moments.
Photo : Radio-Canada / Orphée Moussongo
En plus de l’incapacité fréquente à offrir des soins d’urgence aux résidents, l’hôpital de Thessalon n’est plus en mesure d’admettre des patients, étant donné que les lits qui étaient auparavant destinés au suivi des patients réguliers ont été reconduits en lits d’urgence.
C’est la raison pour laquelle Mme Allard et Kimberly Hamilton, une autre résidente, craignent que l’hôpital ne finisse par fermer définitivement ses portes.
Si cet hôpital fermait, je ne sais pas ce que nous ferions à Thessalon.

Le service d’urgence de Thessalon a connu sept fermetures depuis le mois d’avril.
Photo : Radio-Canada / Orphée Moussongo
D’ailleurs, Mary Jane Thompson, qui réside également à Thessalon, faisait partie du comité qui a organisé une manifestation dans la localité en février dernier, pour revendiquer la non-fermeture de l’établissement de santé, et l’embauche davantage de médecins.
Je suis née dans cet hôpital […] Nous avons soutenu l’hôpital, nous payons des impôts, nous méritons d’avoir des soins de santé dans notre communauté., indique-t-elle.

Mary Jane Thompson soutient qu’elle n’a pas l’impression que la province est réellement à l’écoute des besoins d’une petite communauté du Nord comme Thessalon.
Photo : Radio-Canada / Orphée Moussongo
Si nous n’arrivons pas à conserver un hôpital pleinement opérationnel avec les écoles et autres, cette municipalité deviendra une ville fantôme.
Un besoin criant de médecins
Tim Vine admet que les craintes des résidents sont légitimes, mais rappelle cependant que la direction de l’hôpital ne lésine pas sur les moyens pour être en mesure d’avoir un hôpital entièrement opérationnel.
Selon lui, la seule manière de sortir l’établissement de santé de cette crise imminente serait que la région attire davantage de médecins.

Jordan Bird milite pour que la province pousse davantage de médecins à se tourner vers les communautés rurales comme celle dont il est le maire.
Photo : Radio-Canada / Orphée Moussongo
À présent, le service d’urgence de Thessalon fait appel à deux médecins, basés de manière permanente à Bruce Mines, une ville voisine, et M. Vine reconnaît que l’établissement a du mal à engager des travailleurs permanents à Thessalon, en raison de son emplacement géographique.
Les médecins suppléants viennent de l’est ou du sud de l’Ontario et parfois d’autres provinces pour fournir leurs services. Ainsi, s’ils ont le choix entre se rendre à un endroit situé juste à côté d’un aéroport, il est donc préférable de raccourcir la distance pour faciliter le passage à la mission suivante. Pour les médecins suppléants, s’ils ne travaillent pas, ils ne gagnent pas d’argent, soutient-il.
Nous avons dû ajouter des incitatifs supplémentaires à la subvention que le ministère de la Santé verse aux médecins pour les attirer […] et même avec ces primes supplémentaires, nous sommes à mi-chemin d’une fermeture de 48 heures, déclarait-il le 23 mai dernier.

Le service d’urgence de l’hôpital de Thessalon peut accueillir jusqu’à 30 visites par jour lorsqu’elle est opérationnelle.
Photo : Radio-Canada / Orphée Moussongo
Le ministère de la Santé de l’Ontario soutient pourtant avoir fait des investissements records dans le système de santé, et précise avoir augmenté le financement [du Réseau Santé Rive Nord] de plus de sept millions de dollars depuis 2018, comme l’indique une porte-parole.
Mais pour Jordan Bird, le maire de Thessalon, il vaudrait mieux que la province réévalue l’accord sur les groupes de médecins ruraux et nordiques (RNPGA), conçu pour retenir les médecins et à en attirer de nouveaux dans les communautés éloignées de la région, grâce à des primes et autres avantages.
Nous avons eu de nombreuses discussions avec la ministre de la Santé, et nous essayons de l’amener à examiner de près cet accord […] Nous croyons que c’est ce qui nous empêche d’attirer et retenir les médecins aujourd’hui, indique-t-il.
Dans une région rurale comme Bruce Mines, Thessalon ou Richards Landing, le contrat exige que ces médecins soient polyvalents et qu’ils pratiquent la médecine à tout moment, des soins néonatals aux soins palliatifs. Or, ces catégories sont aujourd’hui tellement spécialisées qu’il est de plus en plus difficile de trouver des personnes prêtes à offrir des services complets en milieu rural, et les contrats ne reflètent pas cette attente, poursuit-M. Vine.
L’Ontario n’a pas précisé s’il réévaluerait l’accord, mais dans une déclaration, une porte-parole du ministère de la Santé a noté de nombreux investissements injectés dans le système de santé ainsi que de nombreux projets, dont le RNPGA.
Grâce à ces investissements, l’été dernier en Ontario, 94 % des services d’urgence des hôpitaux n’ont pas été interrompus, peut-on lire dans la déclaration.
En date du 23 mai, le service d’urgence de l’hôpital de Thessalon comptait 14 quarts de travail pour le mois de juin, non pourvus par des médecins.