Des centaines de femmes se sont rassemblées dans les rues de Québec samedi pour appuyer les luttes féministes et surtout commémorer la marche historique de 1995. Si certaines rejoignent le mouvement pour la toute première fois, d’autres sont revenues scander « Du pain et des roses », 30 ans plus tard.

C’est le cas de Michelle Hudon-David, Pénélope Guay, Julie Rabi et Emilia Castro. J'étais là, il y a 30 ans, ça a été une expérience marquante, raconte Michelle Hudon-David.

À 16 ans, elle admet avoir séché des cours 5 jours d’affilée avec ses amies pour faire partie de cette grande marche. J'avais le goût de [me] reconnecter avec ça, dit-elle.

Il y a 30 ans, des centaines de femmes se lançaient dans une marche de 10 jours pour réclamer davantage d’équité sociale. De nombreuses participantes se sont de nouveau mobilisées samedi.

Photo : Radio-Canada / Alexandre Painchaud

Le 26 mai 1995, des centaines de femmes avaient marché 10 jours pour réclamer davantage d’équité et de justice. Aujourd'hui, Michelle Hudon-David est travailleuse sociale et chaque jour, elle voit des combats à mener en matière d’équité.

On a besoin de beaucoup d'espoir dans le contexte actuel, renchérit Julie Rabi, en faisant référence au contexte politique et économique.

Départ de la marche Du pain et des roses en 1995.

Photo : Marik Boudreau

Les revendications qu'on a portées il y a 30 ans, elles ont encore une grande résonance aujourd'hui pour la lutte à la pauvreté, soutient Julie Rabi.

En 30 ans, l’espace progressiste se rétrécit, considère Julie Rabi. Je pense qu' il y avait une conjoncture qui était peut-être plus ouverte à cette époque [en 1995].

C'est important que les hommes soient là pour soutenir cette cause, ajoute de son côté Émilia Castro, en voyant bon nombre d’entre eux dans la foule.

Le pain est symbole de travail et de conditions économiques et les roses font référence à la qualité de vie.

Photo : Radio-Canada / Alexandre Painchaud

Pénélope Guay, heureuse de retrouver les militantes, en a mené des luttes pour mieux protéger les femmes depuis 30 ans dans la capitale provinciale.

Elle tient un centre d'hébergement pour femmes autochtones victimes de violences. Et c’est d’ailleurs la question autochtone qui l’a conduite à militer encore aujourd’hui. Il y a des choses qui avancent, mais à petits pas, mentionne Mme Guay.

En même temps, on est encore là après 30 ans, on lâche pas […] on lâchera jamais tant qu’il y en aura une qui ne sera pas libérée de vivre des oppressions.

Vigilance pour les droits des femmes

Françoise David, qui a initié le mouvement en 1995, était parmi les centaines de participants de cette marche de 2025. Le contexte est bien différent. (nouvelle fenêtre) Au début des années 1990, le Canada subit une importante période de récession économique. Le taux de chômage au Québec avoisine les 13 %. 20 % des ménages vivent sous le seuil de la pauvreté dans la province.

Françoise David, présidente de la Fédération des femmes du Québec en 1995.

Photo : Radio-Canada / Alexandre Painchaud

Françoise David souligne les gains depuis 30 ans. Sur le plan juridique, au plan des lois, on ne peut pas dire que les femmes ont reculé au Québec. […] La création d’un réseau de centres de la petite enfance, c’était essentiel pour que les femmes puissent travailler, dernièrement, devant la montée des dénonciations contre les agressions sexuelles dont les femmes sont victimes, la création d'un tribunal spécialisé. Donc il y a des avancées pour les femmes, liste Françoise David.

L'ancienne députée et co-porte-parole de Québec solidaire croit que malgré certains acquis, les droits des femmes devront toujours être protégés alors qu’un discours masculiniste toxiqueprogresse dans la société.

Avec la collaboration d'Alexandre Painchaud