À moins d'une entente, les autobus et les traversiers entre Québec et Lévis sont à l'arrêt pour environ 10 jours, de quoi donner des maux de tête aux usagers, qui doivent trouver des solutions pour se rendre au travail. Heureusement, de bons samaritains « offrent un lift » pour dépanner les gens pendant la grève.

Certains clients du Réseau de transport de la Capitale (RTC) sont particulièrement dépendants des autobus pour se rendre sur leur lieu de travail. C’est le cas de Laurie Duperron. À pied, la travailleuse doit effectuer trois heures de marche de son domicile à son bureau.

En taxi, elle aurait dû débourser 50 $ pour une course. Mais les réseaux sociaux ont mis Camille Gagnon sur son chemin, à son plus grand soulagement. Mon employeur est quand même conciliant, j’ai la chance de pouvoir faire un peu de télétravail, mais c’est un peu paniquant.

Laurie Duperron a été raccompagnée gratuitement à son domicile, après sa journée de travail, par Camille Gagnon.

Photo : Radio-Canada

Je me suis promenée sur Facebook et là j’ai vu un groupe d’entraide pour des lifts et tout, j’ai vu le message de Camille et j’ai pris une chance [en lui écrivant], explique Laurie Duperron, qui doit compter 50 minutes d’autobus habituellement pour aller travailler.

Son conjoint l’avait déposée le matin, mais elle n’avait pas de solution pour revenir chez elle. C’est finalement Camille qui l’a ramenée.

C’était d’ailleurs toute une journée de déplacement pour Camille Gagnon. En congé, elle a déposé gratuitement six personnes.

Pour avoir déjà été quelqu’un qui prenait l’autobus pour aller travailler, ça m’aurait personnellement mise dans l’embarras de ne pas avoir de transport. Je suis en congé, je n’ai rien à faire, donc je me suis dit : "pourquoi pas?"

Jeudi soir, elle a donc publié un message sur un groupe de covoiturage sur les réseaux sociaux. Elle a reçu des centaines de messages. Vendredi, dès 5 h 30, elle a apporté son aide à des résidents de son quartier. Ses destinations : Beauport, Charlesbourg, Sainte-Foy, Loretteville et Saint-Augustin-de-Desmaures.

J’ai lifté une dame qui habite en ville, mais qui travaille à Saint-Augustin. On parle quasiment de 1 h 30 de bus chaque jour [depuis Limoilou], raconte Camille Gagnon. C’est quand même des longues distances pour certains, ce n’est pas une option d’y aller à vélo ou à pied.

Si les bus ont circulé pour la première soirée du Festival d'été de Québec, le 3 juillet, ils sont maintenant à l'arrêt tant qu'il n'y aura pas d'entente entre les deux parties.

Photo : Radio-Canada / Erik Chouinard

Coup de pouce

Sur les réseaux sociaux, les personnes qui proposent du covoiturage sont de plus en plus nombreuses. L’un des groupes sur Facebook avait été créé il y a deux ans, lorsque la grève des chauffeurs menaçait déjà les usagers du RTC.

Ce groupe a finalement proposé de l’entraide en général, mais l’administratrice, Mandy Lucchini a vu 1000 membres s’ajouter en quelques heures après l’annonce du débrayage.

Les messages pour proposer des trajets entre les différents quartiers de la ville de Québec affluent d’heure en heure. Je suis fière de voir la bienveillance, dit Mandy Lucchini en entretien téléphonique avec Radio-Canada.

Ce n’est pas à but lucratif, mais bien de l’entraide, précise-t-elle. On n’est pas là pour prendre la job des taxis.

Plusieurs personnes demandent toutefois une petite contribution volontaire. Même si elle ne demandait rien, les passagers de Camille Gagnon ont été très reconnaissants pour son aide. Je me suis fait offrir une chandelle, conclut, tout sourire, la jeune femme à Radio-Canada.

Avec la collaboration de Camille Carpentier et de Mariane Bergeron-Courteau