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Rêver mieux pour le théâtre

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Le théâtre québécois, ses artistes, ses artisans et ses œuvres, « voient aujourd’hui leurs imaginaires et leurs savoir-faire être menacés de disparition ». C’est une des conclusions de l’État des lieux de la pratique théâtrale québécoise, produit par le Conseil québécois du théâtre (CQT), que Le Devoir a pu lire en primeur.

Ce n’est pas un cri d’alarme que souhaite lancer le CQT en compilant « les obstacles les plus vifs » qui nuisent au théâtre québécois d’aujourd’hui, mais plutôt un grand travail de réflexion. L’objectif ? Trouver comment changer un système de soutien artistique et culturel qui, manifestement, ne fonctionne plus.

Trop peu de compagnies peuvent désormais assumer les risques financiers de créer des œuvres qui proposent des formes esthétiques nouvelles, selon le document.

Cet effritement de la capacité à créer des œuvres inusitées fait que « l’ensemble de l’écosystème théâtral […] s’appauvrit, n’innove plus, touche les mêmes publics et finit par se scléroser », lit-on encore.

Les causes de cette « réduflation » des œuvres, et de l’imaginaire même, seraient nombreuses et variées. Plusieurs ont été mises en lumière, notamment dans Le Devoir, lors des manifestations de la crise des arts du printemps dernier. Cette fois, le CQT les collige toutes, résumant des publications des acteurs du milieu, des rencontres et les résultats d’un sondage interne.

Le document servira aussi de point de départ à un événement-chantier du CQT, comme l’a précisé sa directrice générale, Caroline Gignac, qui invitera la communauté à penser, inventer et discuter des défis du milieu théâtral, les 26 et 27 mars prochains.

Car « il faut qu’une carrière en théâtre soit encore possible en 2025 », résume la directrice générale, « et il faut aussi qu’elle puisse perdurer dans le temps ».

La coprésidente et metteuse en scène Michelle Parent renchérit : « On est épuisés d’être toujours en réaction, face au manque de financement. On cherche à être proactifs. »

« Le milieu des arts a sauvé les meubles au dernier budget », enchaîne Mme Gignac. « Le Conseil des arts et des lettres du Québec [CALQ] a finalement reçu le montant qu’on avait demandé. Mais c’était un montant “pour arrêter l’hémorragie”, pas pour avancer, et tous les milieux l’avaient précisé. »

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? », s’est donc demandé le CQT. « On reste dans ce statu quo, où on doit régulièrement réclamer davantage d’argent public ? Non. On croit qu’il y a d’autres choses à repenser, tranquillement, pour arriver à faire mieux », expliquent Mmes Gignac et Parent.

« Ce qu’on cherche à éviter, c’est de se retrouver à la même place tous les quatre ans », quand revient ce moment de demander le financement au fonctionnement du CALQ pour les compagnies, organismes et diffuseurs — un exercice quadriennal.

« On ne peut pas vivre une crise tous les quatre ans, ressortir dans la rue chaque fois, redire pourquoi le théâtre et l’art sont importants. Ça n’avance pas », observe Mme Gignac.

Et pour que les choses changent, « on doit être capable, comme milieu, de réfléchir de manière globale notre écosystème et notre écologie ».

Recréation collective

« Une vitalité artistique en berne fait planer le risque d’un recul disciplinaire où le théâtre verrait son influence publique décliner, son assise institutionnelle auprès de la société, des médias, des bailleurs de fonds, du politique se fissurer et surtout, sa capacité de transmettre ses idées, ses visions et ses imaginaires se réduire », résume l’État des lieux.

Mais qu’est-ce qui bloque ? Beaucoup de petites choses, et quelques grandes. La Loi sur le statut professionnel des artistes de 2022 n’a pas tout à fait changé la donne, car les conventions collectives continuent de fixer « des barèmes minimaux qui permettent difficilement aux artistes de vivre décemment au regard de l’augmentation du coût de la vie ».

« Peu d’artistes peuvent […] vivre de leur art et disposer de suffisamment de temps pour l’approfondir. […] L’artiste obligé de s’endetter personnellement pour faire fonctionner sa compagnie ou de lancer des campagnes de sociofinancement pour boucler le budget d’un spectacle n’est malheureusement pas isolé », lit-on.

« Alors que le théâtre est un art exigeant, sa pratique devient de plus en plus morcelée, concomitante à plusieurs autres emplois — artistiques ou non. Comment réussir à produire un théâtre de qualité lorsque la pratique théâtrale devient une activité professionnelle reléguée au second plan, car pas assez rémunératrice ? »

Plusieurs auteurs, techniciens et interprètes se tournent, et de plus en plus, vers du travail plus payant.

Le sous-financement des compagnies, le fait qu’elles poussent les artistes dans « une logique entrepreneuriale » qui les éloigne du cœur de leur art, la pression sur les diffuseurs et les institutions, et les effets que chacune de ces parties a sur toutes les autres font partie des problèmes soulevés par le CQT.

Faire du théâtre en quatre actes (subventionnés)

« Toute la chaîne de création est érodée en ce moment », résume Caroline Gignac. Car le financement, désormais, se fait par morceau : l’artiste demande d’abord de l’argent pour la recherche. Puis pour la création (avec les éclairagistes, les scénographes, etc.). Enfin, pour la diffusion.

Ces étapes ont été déterminées par les subventionneurs, alors que la création est plutôt un continuum. Et à chacun de ces moments, qui répondent à des « programmes » ou à des « volets » des conseils des arts, de nouvelles demandes de financement doivent être déposées. Les refus ralentissent ou stoppent l’inspiration.

« Il faut solidifier cette chaîne. C’est la base même de la création théâtrale : que l’artiste puisse se rendre de la recherche à la diffusion, du studio de répétition vers son public. »

Repenser le système, donc. Est-ce donc à un regroupement artistique, précaire et fort occupé, de réfléchir aux manières dont les gouvernements peuvent repenser leur aide ? Ne serait-ce pas davantage le propre d’une politique culturelle ? Ou d’un regard en surplomb ?

Sourires. « J’ai l’impression qu’on sent actuellement un mouvement de responsabilisation, de toutes parts, dans le milieu des arts », répond Michelle Parent.

« Il y a un grand mouvement de réflexion, une vague qui monte. Non, je ne crois pas que ce travail de réflexion devrait reposer sur les artistes. Mais si on veut avancer, on va travailler avec ce qu’on a là, maintenant. Parce qu’on ne veut plus être constamment juste “en réaction”. »

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