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Le Marché international des programmes de communications (MIPCOM) se déroulait cette semaine à Cannes, et les dirigeants de l’Office national du film (ONF) ont profité de leur présence au rendez-vous mondial de l’industrie des émissions de télé pour présenter leur projet TopDocs. Cette chaîne numérique proposera bientôt une sélection de documentaires tirés du catalogue de l’ONF, qui compte plus de 6000 titres.
Cette chaîne FAST (pour « free ad-supported streaming television », « télévision en continu gratuite avec publicité ») sera lancée en version anglaise en novembre et en français, sous un autre nom, en 2026. Le marché étasunien est le premier investi, mais l’ONF entend s’étendre ensuite mondialement avec ses productions maison, dont elle détient les droits de diffusion partout dans le monde.
« Le MIPCOM, c’est la grande messe mondiale de la télévision. On a déjà un distributeur aux États-Unis, mais on veut trouver d’autres partenaires et agrégateurs pour diffuser notre chaîne partout », a expliqué Anne-Claire Lefaivre, directrice générale adjointe responsable de la programmation, de la distribution et du marketing de l’ONF, lorsque Le Devoir l’a interviewée la semaine dernière. Elle n’était pas de la délégation à Cannes.
Les chaînes FAST sont distribuées par divers services et plateformes numériques (Pluto TV, Samsung TV Plus, Roku Channel, Tubi, Plex, LG Channels, etc.) par l’entremise d’applications de télévisions connectées ou directement sur le Web. Développés depuis près d’une décennie, ces services gratuits appliquent la manière traditionnelle de diffuser du contenu télévisuel — grille de programmes linéaire, financement par la pub — à la diffusion numérique, par contraste avec les services payants sur demande comme Netflix.
Il existe des milliers de chaînes FAST dans le monde, dont plus de 2000 aux États-Unis, environ 500 en France et 400 au Canada. Elles se penchent souvent sur des créneaux spécialisés ou nichés : le crime, la comédie, la téléréalité, les séries… Pour l’instant, les chaînes FAST canadiennes totalisent moins de 1 % des parts d’écoute, mais l’intérêt envers elles va en croissant. Selon une étude de Digital TV Research datant de 2023, les revenus mondiaux du secteur pourraient dépasser les 16,5 milliards de dollars américains en 2029, alors qu’ils étaient de 7,6 milliards à l’époque.
« Ce modèle rejoint la tendance actuelle marquée par les désabonnements du câble et la recherche de contenus gratuits », résume Anne-Claire Lefaivre. « Les fournisseurs de contenus, eux, partagent les revenus publicitaires. »
L’ONF cherche aussi à contourner le problème du manque de visibilité de ses productions. « On connaît les enjeux de découvrabilité du contenu canadien », dit la directrice générale adjointe Lefaivre. « Les diffuseurs traditionnels achètent et relaient de moins en moins de longs métrages documentaires. Pour nous, l’idée c’est d’élargir notre diffusion à l’international. »
L’ONF et le numérique
L’ONF a pris le virage numérique à la fin des années 2000 et a maintenant numérisé plus de 75 % de ses collections, qui comptent plus de 14 000 œuvres, dont 7000 disponibles en ligne. Le site ONF.ca totalise des dizaines de millions de visionnements depuis son lancement. TopDocs ne fait donc qu’ajouter un moyen de diffusion, cette fois en misant sur la curation de son immense catalogue. La chaîne FAST sera par ailleurs intégrée à ONF.ca pour que les visiteurs puissent s’y connecter directement s’ils désirent le faire.
« ONF.ca, c’est notre navire amiral », dit Anne-Claire Lefaivre. « On y a beaucoup investi, mais, à l’international, la compétition est énorme. Le public est aussi sur les nouvelles plateformes gratuites FAST, notamment en Afrique. On va donc le rejoindre où il se trouve. Ce modèle est simple, peu coûteux et ne requiert pas d’investissements publicitaires de notre part. »
Le lancement se fera avec un premier lot de 150 longs métrages documentaires d’auteurs — des films récents, surtout, mais aussi quelques classiques. Parmi les titres choisis, il y a Ma guerre (de Julien Fréchette) ; True North (de Ryan Sidhoo), sur la fièvre du basketball à Toronto ; Borealis (de Kevin McMahon), sur la forêt boréale ; et Au-delà du papier (d’Oana Suteu Khintirian), sur la révolution virtuelle.
Le renouvellement de la programmation se fera à coup d’une vingtaine d’heures par mois. Les publicités s’enclencheront aux 15 minutes environ.
L’Office national du film voit aussi dans ce projet une manière modeste de lutter contre la désinformation, la mésinformation et les fausses nouvelles qui minent la confiance du public et, finalement, la démocratie. « L’ONF produit des films avec rigueur, financés à 100 % au Canada. Ce n’est plus si courant », rappelle Mme Lefaivre. « On veut réaffirmer la place du documentaire sérieux, journalistique, dans l’univers médiatique. Dans le contexte mondial actuel, offrir une perspective canadienne sur la démocratie et la société, c’est important. »
Si l’expérience FAST autour du documentaire s’avère concluante, d’autres suivront, cette fois consacrées à l’animation et à la production autochtone, deux autres piliers de l’ONF. Fondé en 1939, l’organisme culturel fédéral cumule au-delà de 7000 prix, dont 12 Oscar.