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Quand l’IA écoute votre conversation avec votre médecin

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Les médecins de famille sous le CISSS du Bas-Saint-Laurent ont obtenu le feu vert pour utiliser un outil d'intelligence artificielle qui écrit, pour eux, la note médicale au dossier de leur patient. Radio-Canada a fait le test dans une clinique médicale à Rimouski.

Au moment de m'asseoir dans son bureau, la médecin spécialisée en médecine de famille, Dre Véronique Clapperton, me demande le consentement verbal pour enregistrer la consultation fictive. Ok, bon, on va démarrer le petit assistant, confirme Dre Clapperton. La consultation peut alors commencer.

Alors qu'est-ce qui vous amène aujourd'hui?, demande-t-elle.

À l'aide d'un microphone intégré à son ordinateur de travail, le scribe médical virtuel de l'entreprise du Saguenay–Lac-Saint-Jean Cœur Way enregistre la conversation et la transcrit en simultané. Au bout de quelques jours, l'enregistrement disparaît de la sphère numérique.

L'outil enregistre même l'évaluation physique à la table d'examen. Là, on va faire le test de Jobe. Je le nomme pour mon assistant. Levez le bras en haut, m'ordonne la médecin après que j'aie simulé une douleur à l'épaule.

Dre Véronique Clapperton inspecte notre journaliste sur la table d'examen.

Le scribe médical en intelligence artificielle enregistre même l'examen physique.

Photo : Radio-Canada / Antoine Proulx

De retour à son bureau, Dre Clapperton demande à l'outil de générer la note médicale. Je n'ai pris aucune note. Si jamais il se trompe ou si ça ne marche pas, là, je suis mal prise, commente la médecin en riant.

En quelques secondes, il sélectionne, trie et classe les informations par catégorie : raison de la consultation, antécédents, allergies, habitudes de vie, médicaments ou encore, l'histoire de la maladie actuelle et le plan recommandé.

Dre Clapperton étudie le résultat.

Elle constate qu'il a été encore plus précis qu'elle ne l'aurait été à certains égards. Toutefois, elle observe que l'IA n'a pas jugé important d'enregistrer toute l'évaluation physique fictive.

L'outil a quand même bien noté notre conversation. Mais, tu vois, dit-elle en pointant l'écran, j'ai nommé le test de Jobe, puis il l’a pas du tout capté.

''Palpation, sensibilité à l’insertion tendineuse'' : non, ça, c'est vraiment lui qui a inventé ça tout seul, laisse tomber Dre Clapperton en effaçant la phrase à l'ordinateur.

C'est le phénomène d'hallucination, pointe le Dr Mathieu Pelletier .C'est quand une IA écrit quelque chose qui sort de nulle part, explique-t-il. Ce dernier participe à un comité de réflexion pour baliser l'enseignement de l'intelligence artificielle en médecine au sein de l'Université Laval.

Responsable de la note créée par IA, dit le Code de déontologie

Le phénomène d'hallucination est caractéristique des outils d'intelligence artificielle, comme ils fonctionnent en termes de probabilité, et non en termes de vérités, soutiennent plusieurs études. L'intelligence artificielle n'exprime pas non plus son degré de certitude.

C'est pourquoi les médecins sont tenus de contre-vérifier toutes les notes générées par l'application, selon le Code de déontologie du Collège des médecins. Je ne pourrais pas argumenter s'il y a une erreur dans la note que c'est la faute de l'IA, donne en exemple le Dr Pelletier. C'est ma responsabilité professionnelle.

Après quelques semaines d'utilisation, Véronique Clapperton affirme effectuer des modifications dans toutes les notes médicales générées par l'IA. Mathieu Pelletier en fait de même depuis un an, mais ne cesse de constater son amélioration.

Mathieu Pelletier, médecin au groupe de médecine familiale du nord de Lanaudière.

Mathieu Pelletier est médecin au groupe de médecine familiale du nord de Lanaudière. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

En donnant son feu vert aux médecins de famille, le CISSS du Bas-Saint-Laurent leur a soumis des lignes directrices en se référant au Code de déontologie du Collège de médecins, avise par courriel son porte-parole Gilles Turmel.

Moins de paperasse?

Le scribe médical est une solution proposée aux médecins de famille pour gagner du temps et voir plus de patients en réduisant la prise de notes, mentionne Dr Pelletier.

Il faut dire que les tâches administratives représentent plus de 25 % du travail des médecins de famille.

Or, les études scientifiques n'arrivent pas encore à cette conclusion, indique-t-il. Selon le médecin de famille, le gain en productivité n'a pas été prouvé. Mais, la littérature scientifique nous dit qu'il y a une satisfaction quant à la relation entre le patient et le médecin [avec l'utilisation du scribe médical], fait-il valoir.

Moi-même, je l'observe. On a un meilleur contact visuel, on est plus concentré sur le patient lors de nos échanges, témoigne Dr Pelletier.

Lors d'une consultation avec un patient atteint d'un cancer, Dre Véronique Clapperton en a aussi constaté les bénéfices. Elle était pleinement concentrée sur la conversation plutôt que sur la prise de note. Mais l'outil de scribe n'avait rien enregistré, donc il a fallu que je réécrive tout!, souligne la médecin de famille en riant.

Les récentes études observent également une diminution de la fatigue cognitive liée à la lourdeur des tâches administratives, cite M. Pelletier. J'ai une clientèle très malade, qui a plusieurs problèmes, renchérit Mme Clapperton. J'ai l'impression que ça va m'aider, que je n'aurais pas autant de notes le soir à faire chez moi.

Un stéthoscope au premier avec en fond, un cahier, un ordinateur et les mains d'un médecin qui tapent sur le clavier.

Les tâches administratives représentent plus de 25 % du travail des médecins de famille.

Photo : Getty Images / fizkes

Le médecin-enseignant de l'Université Laval estime que 15 à 20 % de ses collègues utilisent le scribe médical. La majeure partie de ceux qui l'utilisent est à même de constater les avantages. À long terme, on risque de réussir à voir plus de patients, estime-t-il.

Si on peut donner un coup de main au système en voyant plus de patients et en se débarrassant d'une lourdeur administrative, ce serait bien, conclut Véronique Clapperton. On va voir à l'usage.

Tout n'est pas rose au pays de l'IA

L'intelligence artificielle, bien que prometteuse, vient avec plusieurs inconvénients, rappelle la médecin de famille et membre de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME), Dominique Bourassa. Je regarde avec crainte le déploiement à grande échelle, pas juste en médecine, commente-t-elle. Il y a plein de risques qu'on ne connaît pas.

Quand on commence notre médecine, on s'engage à ''premièrement, ne pas nuire''. Pour prendre une décision éclairée, avant d'utiliser un nouveau traitement, ou une nouvelle technologie, il faut connaître ses avantages et ses inconvénients.

La Déclaration de Montréal pour un développement responsable de l'intelligence artificielle est claire : avec son utilisation viennent des défis éthiques, des risques sociaux et environnementaux.

 Dominique Bourassa.

Dominique Bourassa, médecin de famille à Rimouski et membre de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME)

Photo : Michaëlle Ouellet

La croissance rapide des IA bouleverse entre autres l'organisation du travail et le marché de l'emploi et peut abaisser la qualité de vie de certaines populations. L'an dernier, la chercheuse canadienne spécialisée en intelligence artificielle, Sasha Luccioni, révélait qu'une requête en IA demande 30 fois plus d'énergie qu'une recherche sur le moteur de recherche Google.

La médecin de Rimouski se questionne aussi sur son impact environnemental en l'utilisant tous les jours. Je n'ai pas beaucoup de données sur lesquelles m'appuyer, laisse tomber Dre Véronique Clapperton.

L'intelligence artificielle consomme beaucoup plus d'énergie. C'est très bien connu, assure le Dr Mathieu Pelletier. Mais est-ce qu'on doit s'empêcher d'utiliser ces outils en connaissant l'état actuel des choses? Je ne pense pas.

Selon ses informations, les nouveaux robots conversationnels utilisent déjà moins d'énergie qu'auparavant. L'IA peut utiliser plus d'énergie, mais en sauver aussi d'une autre façon, croit-il. J'attends des analyses plus globales. Mais il faut garder en tête l'impact environnemental, ajoute Dr Pelletier.

La médecin de famille membre de l'AQME, Dominique Bourassa, est d'avis que la croissance de l'IA peut mettre en péril les efforts de transition socioécologique. Je me demande si on n'est pas en train de se nuire, laisse-t-elle tomber. Le principe de précaution est peu appliqué, concède Véronique Clapperton.

L'an dernier, la Commission de l’Éthique en Science et Technologie du Québec a déposé un avis sur l'impératif de la sobriété numérique, en citant la consommation préoccupante d'énergie et de ressources naturelles des technologies numériques.

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