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Quand l’État inflige une deuxième blessure, celle de la violence systémique

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Lorsque la vie d’une personne est bouleversée par un acte criminel majeur, il lui est souvent nécessaire de prendre des rôles qu’elle n’a jamais souhaités. Entre autres, elle devra probablement entreprendre de longues procédures judiciaires qui lui feront revivre l’événement à répétition. Il est possible qu’elle doive planifier un déménagement non prévu, ce qui occupera une bonne partie de son temps. Si elle a des enfants qui sont des victimes indirectes de cet événement, elle devra organiser une gamme de services professionnels pour leur venir en aide (p. ex., travailleurs sociaux), ce qui exigera une implication de sa part. Au travers de cela, elle devra prendre soin d’elle-même, apprivoiser les conséquences physiques et psychologiques d’un geste qu’elle n’a pas commis et, possiblement, faire face à des traumas enfouis qui ont été éveillés par l’événement criminel. Il va donc sans dire que dans un tel contexte, le rétablissement peut facilement s’étendre sur plusieurs années.

Depuis 2021, les victimes d’actes criminels vivent cette période d’incertitude en ayant conscience d’une chose : un compteur tourne et, au bout de trois ans, l’État les abandonne. C’est ainsi qu’avec sa réforme, la Coalition avenir Québec (CAQ) a transformé des personnes victimes d’actes criminels en victimes d’un système politique insensible. Les violences qu’elles ont vécues sont malheureusement trop souvent un moment décisif dans leur vie, et pourtant, la violence systémique qui les attend prend une ampleur inattendue.

Une réforme plus que décevante

Le ministre de la Justice, Simon Jolin-Barrette, espérait ainsi faire des économies pour limiter les coûts de la réforme de l’IVAC (indemnisation des victimes d’actes criminels), réforme qui a permis, soulignons-le, d’élargir avec succès l’accès au programme. Cela dit, plutôt que de se baser sur la logique des autres institutions semblables, telle que la SAAQ (Société de l’assurance automobile du Québec) et la CNESST (Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail) qui propose d’évaluer la capacité de travail de chaque individu, le ministre impose une toute nouvelle approche : une limite arbitraire de trois ans, au mieux cinq dans certains cas, sans égard à la nature des événements ou à la capacité d’employabilité de la personne.

Pourquoi ? On ne sait pas, mais il y a lieu de s’interroger sur cette récente décision touchant l’un des seuls programmes d’aide du Québec dont les bénéficiaires sont une majorité écrasante de femmes (77 %). Par ailleurs, selon une revue récente des études s’étant penchées sur le sujet, entre 20 % et 40 % des personnes ne reprennent pas le travail à moyen ou à long terme, parfois jusqu’à cinq ans après un événement traumatique.

En choisissant cette limite arbitraire, la CAQ admet d’emblée qu’elle perçoit les personnes survivantes de drame comme des numéros et elle présume naïvement que cela contribuera à leur réinsertion sociale et professionnelle. Au mieux, plusieurs personnes victimes reprennent le travail contre leur gré. Cela dit, un retour au travail réussi n’est pas seulement faire acte de présence dans le milieu de travail : c’est pouvoir y rester, sans y laisser sa santé.

Un modèle contre-productif sur le plan de la réinsertion professionnelle

Le maintien en emploi après un traumatisme dépend d’un équilibre fragile entre les capacités réelles de la personne, la tolérance de l’environnement de travail (employeurs, collègues) et le rythme de rétablissement. En imposant une échéance fixe, on force des victimes à se réinsérer avant que ces conditions soient réunies. On transforme alors le travail, qui devrait être une source d’inclusion sociale, en un facteur supplémentaire de détresse.

Alors qu’il aurait été tout à fait réaliste d’envisager un maintien durable en emploi après quelques années de rétablissement convenu entre la personne et le professionnel traitant, un retour forcé aussi rapide au travail risque plutôt de réduire les chances réelles de réinsertion professionnelle et de générer l’incapacité durable chez certaines personnes. En plus d’alimenter la culpabilité de la personne victime, le fait de lui faire vivre des rechutes et, possiblement, un échec, engendre une dégradation importante de l’état de santé et des capacités d’employabilité à long terme. En fin de compte, cela représente un coût supplémentaire en matière de soins de santé et, parfois, de dépendance à l’État.

Couper dans l’IVAC pour envoyer les coûts ailleurs

Même s’il est encore trop tôt pour voir les effets de cette réforme, il est très probable que les victimes abandonnées par l’IVAC se retrouvent devant l’obligation de se tourner vers l’aide financière de derniers recours (p. ex., Programme d’aide sociale). La triste vérité, c’est qu’elles ne sont pas les seules. On observe le même phénomène dans les parcours de vie de plusieurs jeunes issus de la protection de la jeunesse ou de travailleurs ayant été bernés par la CNESST. Il n’y a aucune économie à faire sur le dos de ces personnes ; les coûts sont simplement déplacés vers d’autres ministères, que ce soit celui de la Santé ou de la Solidarité sociale.

Le 1er octobre 2025, Simon Jolin-Barrette a balayé du revers de la main la pétition demandant la mise en place d’un mécanisme d’évaluation permettant de prolonger l’indemnisation des victimes ayant des séquelles graves. À une époque où le Québec s’apprête à traverser la plus grande crise de l’itinérance de son histoire moderne, il est plus que temps de s’opposer fermement à l’amincissement du filet social, filet qui échoue présentement sa mission première : celle de protéger la population contre la précarité durable.

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