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Des élus LR au gouvernement. Des députés LR qui refusent la censure. Des cadres LR qui appellent à censurer. Et au milieu : Bruno Retailleau, fragilisé.
ADNAN FARZAT / NurPhoto via AFP
Bruno Retailleau photographié au siège des Républicains, au lendemain de la démission de Sébastien Lecornu auquel il a contribué. (Photo by Adnan Farzat / NurPhoto via AFP)
POLITIQUE - On le sait. Depuis qu’il a envoyé valser le premier gouvernement de Sébastien Lecornu avec un tweet aussi rageur que fébrile, Bruno Retailleau traverse une mauvaise passe. Et au lendemain de la déclaration de politique générale du Premier ministre, actant la suspension de la réforme des retraites, la situation ne fait que s’aggraver pour le président des Républicains.
En cause : l’attitude à adopter face à ce qui est perçu comme un recul à droite. Un recul rendu possible par le coup de sang du Vendéen, qui a donc incité le gouvernement à se tourner vers le Parti socialiste pour assurer la stabilité, au prix d’une réforme à laquelle tenait la droite. « La suspension de la réforme des retraites et le silence du Premier ministre sur l’immigration prouvent que ce gouvernement est l’otage des socialistes », a rouspété dans un communiqué Bruno Retailleau, qui dénonce une « décision incompréhensible, dans un pays écrasé par 3 400 milliards de dettes ».
Une indignation qui a pour seul mérite de rappeler qu’il a perdu l’influence qu’il exerçait sur l’exécutif, liquidant le principal argument qu’il brandissait lors de sa campagne face à Laurent Wauquiez pour la présidence du parti : la droite renaît lorsqu’elle est aux responsabilités. Résultat : sa formation s’enfonce dans la cacophonie. Alors que le président du groupe LR à l’Assemblée nationale refuse la censure, ce qui est d’ailleurs partagé par ses troupes au Palais Bourbon, des cadres du parti de droite appellent à sanctionner Sébastien Lecornu, qu’importe l’instabilité que sa chute provoquerait.
« Si j’étais député... »
« Il faut censurer », a immédiatement réagi par communiqué le maire de Cannes David Lisnard, par ailleurs vice-président des Républicains. Selon lui, éviter la chute du Premier ministre constituerait une « trahison ». Même préconisation faite par Guillaume Larrivé, Florence Portelli ou François-Xavier Bellamy, également vice-présidents de cette armée mexicaine. « Si j’étais député à l’Assemblée nationale, je voterais pour la censure du gouvernement », a affirmé dans une tribune au Figaro le chef de file des eurodéputés LR, dont les prises de position convergent de plus en plus avec celles du Rassemblement national.
« C’est sans doute pour ça que tu n’es pas à l’Assemblée », a répliqué sur le réseau social X le député LR des Hauts-de-Seine Jean-Didier Berger, mettant le doigt sur une réalité qui dit beaucoup des divisions qui s’expriment au grand jour chez LR : les appels à censurer ne viennent pas de ceux qui ont des comptes à rendre en circonscription.
Et ceux qui appelaient à ne pas participer au gouvernement, en très grande majorité les sénateurs, ne sont pas élus au suffrage universel direct, et n’auront donc pas à subir les conséquences d’une instabilité politique débouchant sur une potentielle dissolution. En outre, les trois nouvelles recrues de Sébastien Lecornu venant du parti de Bruno Retailleau (Sébastien Martin, Nicolas Forissier et Vincent Jeanbrun) sont députés, et donc sensibles à l’argument de la stabilité.
Retailleau sous pression
Ce même phénomène s’observe par ailleurs au sein de la droite hors-LR. À l’image de la présidente Horizons de la région Pays-de-la-Loire Christelle Morançais. « Si j’étais députée, je voterais, évidemment, la censure du gouvernement, qui brade l’avenir des Français sur l’autel d’intérêts partisans. Suspendre la réforme des retraites est une folie : notre pays est au bord du gouffre financier, et nous continuons de creuser notre tombe ! Totalement irresponsable… », a-t-elle écrit sur X, souhaitant donc la chute d’un gouvernement auquel participent trois membres de son parti : Naïma Moutchou (Outre-mer), Anne Le Hénanff (Intelligence artificielle) et Charlotte Parmentier-Lecocq (autonomie des personnes handicapées).
Reste que la pression ne cesse de s’alourdir sur les épaules de Bruno Retailleau, condamné à une forme d’ambiguïté consistant à dézinguer le gouvernement, mais sans appeler clairement à la censure pour ne pas voir ses troupes à l’Assemblée nationale lui échapper au profit de Laurent Wauquiez, cet adversaire interne que la conquête du parti n’a pas suffi à terrasser. En parallèle, les partisans de l’union avec l’extrême droite essaient de tirer profit de ce qui s’apparente à un début de dislocation chez LR.
« Otages du Parti socialiste, les députés LR signent un pacte avec le diable. Je propose à Bruno Retailleau une rencontre pour poser les bases d’un renversement d’alliance à droite avec le RN », a opportunément réagi Éric Ciotti, prenant un malin plaisir à reprendre les mots du Vendéen pour montrer qu’il partageait son diagnostic. Officiellement, le président des Républicains n’a pas donné suite. Pour l’instant.