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Au palais de justice de Toronto, une psychiatre-légiste soutient que Leahain Malcolm était atteint d'une psychose, lorsqu'il a poignardé à mort Rupert Brown en 2021. L'individu de 32 ans a plaidé non coupable d'une accusation de meurtre non prémédité et sa santé mentale au moment des faits reprochés est maintenant au centre de son procès sans jury.
ATTENTION : les détails racontés dans cet article pourraient choquer certains lecteurs.
Dans ces audiences, la défense tente de montrer que son client devait souffrir d'une maladie mentale pour avoir tué la victime de la façon violente avec laquelle il s'y est pris.
Le corps de Rupert Brown a été découvert dans la nuit du 27 février 2021 dans la chambre du couple jamaïcain, qui habitait un appartement modeste dans le nord-ouest de la métropole.
La défense appelle à la barre la Dre Lisa Ramshaw, la psychiatre-légiste qui a rencontré l'accusé à deux reprises en détention en 2023.

L'agent Moore met en joue Leahain Malcolm vers 3h30 du matin le 27 février 2021 juste à l'extérieur de l'appartement de l'accusé et de la victime.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
La Dre Ramshaw précise que son diagnostic n'est pas définitif et qu'elle s'est aussi fiée à des rapports du centre de toxicomanie et de santé mentale, CAMH, antérieurs à l'arrestation du prévenu et de son passé médical en Jamaïque.
Il est probablement atteint d'une psychose sous-jacente, parce qu'il a déjà traversé trois épisodes psychotiques, mais les informations à son sujet sont parcellaires.
La Dre Ramshaw rappelle que l'individu a expliqué au 911, et ensuite au poste de police, qu'il entendait des voix, dont celle du premier ministre alors en fonction, Justin Trudeau.
Il avait peur d'être tué, parce que des voix lui disaient que son conjoint était le démon, poursuit-elle.
Elle mentionne que Leahain Malcolm n'était probablement pas au courant que ce qu'il faisait était mal d'un point de vue moral s'il s'avère qu'il traversait un épisode de psychose juste avant le meurtre.

Leahain Malcolm, donc la camisole est tachée de sang, est menotté par la police dans le corridor de son appartement la nuit du 27 février 2021.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
La psychiatre-légiste explique en outre que l'accusé lui a révélé que l'accusé avait consommé du crack avant le meurtre.
Un état de psychose jumelé à un usage de drogues et le stress explique probablement son geste, dit-elle.
Antécédents médicaux de l'accusé
La Dre Ramshaw explique que Leahain Malcolm a eu une enfance normale, mais que ses parents ont eu de la difficulté à accepter son homosexualité.
Il avait des amis et il était un fils obéissant, déclare-t-elle.
Leahain Malcolm a étudié en droit à partir de 2011, mais devient dépressif lorsqu'il apprend qu'il est séropositif et à cause de l'ostracisme lié à cette maladie dans son pays.
Il fait alors une tentative de suicide qui le conduit à l'hôpital, mais il réussit à terminer sa licence de droit.

Des policiers découvrent le cadavre de Rupert Brown sur le plancher de la chambre du couple : le sang de la victime a été relevé sur le lit, le radiateur, la commode et les murs.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Il flanque toutefois à trois reprises l'examen du Barreau, ce qui le force à entrer dans la police et l'armée, mais sans jamais sortir du placard.
Ses parents continuent néanmoins à le soutenir et sa vie est structurée, poursuit-elle en citant toutefois les obstacles qu'il doit surmonter avec Rupert Brown, avec lequel il a sa première longue relation.
Il perd son emploi après la découverte d'images pornographiques sur son téléphone.
En 2017, il entend pour la première fois des voix. Les médecins posent un diagnostic de schizophrénie et lui prescrivent des antipsychotiques.
En 2019, il connaît un second épisode psychotique. Les voix lui disaient de sauter du haut du toit, dit-elle.
Première hospitalisation au pays
Le couple immigre ensuite au Canada en janvier 2020. Leahain Malcolm cesse de prendre les médicaments.
Six mois plus tard, la police de Toronto le conduit à CAMH, parce qu'il entend à nouveau des voix.
Il est insomniaque, paranoïaque et se parle tout seul, précise la Dre Ramshaw qui ajoute qu'il avait consommé pour la première fois du GHB et du crack trois jours avant son hospitalisation.
Les médecins posent un diagnostic d'un trouble psychotique induit par les drogues.
Il a été suivi et médicamenté avec des antidépresseurs, dit-elle en mentionnant que l'accusé cessera toutefois de prendre ses médicaments en novembre 2020.

Le Centre de toxicomanie et de santé mentale de Toronto est le plus important hôpital psychiatrique au Canada.
Photo : Radio-Canada / CBC
La Dre Ramshaw explique que l'accusé ne se souvient plus des symptômes qu'il présentait à l'époque et qu'il se rappelait seulement de son hospitalisation.
Les personnes qui sont atteintes de psychoses ont généralement une piètre mémoire, dit-elle.
Elle souligne que M. Malcolm a connu une période de stabilité à sa sortie de CAMH, mais qu'il a expérimenté de façon intermittente les amphétamines et le cristal meth.
Leahain Malcolm retourne à CAMH à la fin janvier 2021 après avoir prétendument agressé son conjoint.
Il est à nouveau soigné avant d'obtenir congé de l'hôpital le 9 février 2021, 18 jours avant le meurtre de Rupert Brown.
Il est accusé de voie de fait et remis en liberté sous caution. Il est renvoyé chez lui avec des antidépresseurs et des antipsychotiques.
Arrestation, cette fois pour meurtre
La Dre Ramshaw mentionne que Leahain Malcolm ne se souvient pas de l'attaque mortelle au couteau, mais qu'il comprenait qu'il était accusé de meurtre.
Je ne crois pas toutefois qu'il ne s'en souvienne pas, puisqu'il a l'a décrite au téléphone lorsqu'il a appelé le 911 ou au poste de police, dit-elle.
La Dre Ramshaw précise qu'un ami est venu le chercher à CAMH en février 2021 et que l'accusé lui a confié qu'il pensait que son conjoint surveillait ses déplacements à partir de son cellulaire.
Il lui a dit qu'il se disputait avec son conjoint et il se questionnait s'il devait retourner vivre avec lui, dit-elle.
La psychiatre-légiste souligne que la mère de l'accusé lui a dit au téléphone que son fils fumait beaucoup de cannabis et que son oncle paternel était schizophrène.
La marijuana et la cocaïne rendent souvent les consommateurs plus vulnérables aux psychoses, admet-elle.
Contre-interrogatoire de la Couronne
La Couronne, qui compte appeler à la barre des témoins sa propre psychiatre-légiste, croit que l'accusé est bien criminellement responsable du crime et elle lui soumet en réponse le rapport de la Dre Alina Iosif.
Oui, je l'ai lu mais je ne partage pas ses opinions, avoue la Dre Ramshaw.
La Dre Iosif avance que Leahain Malcolm souffre d'un trouble psychotique induit par l'accoutumance aux drogues, alors que je crois qu'il est atteint d'une psychose sous-jacente sans lien avec sa toxicomanie.
La Dre Ramshaw refuse toutefois de dire formellement que l'accusé n'est pas criminellement responsable du meurtre de son époux, faute d'informations additionnelles.
La Couronne veut démontrer que l'accusé n'est pas déconnecté de la réalité, mais qu'il éprouve des difficultés relatives à sa relation conjugale, son statut et son environnement, ce qui lui créait beaucoup de stress à l'époque.

L'accusé, Leahain Malcolm, est emmené au poste de police dans une auto-patrouille quelques minutes après son arrestation le 27 février 2021.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
La procureure Brady Donohue rappelle qu'il est homosexuel et qu'il est né dans un pays où l'homosexualité n'est pas tolérée ; qu'il avait demandé le statut de réfugié avec son époux en arrivant au pays et qu'ils éprouvaient des problèmes conjugaux ; qu'il faisait face à la justice et que la pandémie limitait leurs libertés.
Me Donohue ajoute qu'il existe beaucoup de contradictions dans les rapports des autorités médicales jamaïcaine et canadienne sur la santé de l'accusé. Non, je ne crois pas qu'il soit schizophrène, persiste la Dre Ramshaw.
La procureure précise néanmoins que les médecins à CAMH n'ont diagnostiqué qu'une toxicomanie marquée, mais aucune psychose.

L'appartement de la victime était situé au troisième étage de cet immeuble à logements dans l'ouest de Toronto.
Photo : AVEC L'AUTORISATION DE LA COUR SUPÉRIEURE DE L'ONTARIO
Il n'est pas clair non plus, selon elle, si l'accusé était toujours dans un état psychotique 12 heures après le crime lorsqu'il a été interrogé par les policiers.
Cela ne signifie pas que les autres diagnostics ont été écartés, répond-elle en ajoutant que l'observation d'un patient doit se faire sur une longue période d'observation.
On comprend que la Couronne pense que l'accusé savait distinguer le bien du mal, lorsqu'il a tué son mari et que l'appel au 911 et l'interrogatoire de police montrent qu'il était en possession de ses moyens.
Oui, il était calme, organisé, il coopérait et il choisissait de répondre ou non à certaines questions, reconnaît la psychiatre de la défense en rappelant toutefois que le prévenu avait admis qu'il entendait des voix.
Pour la Couronne, Leahain Malcolm a tué son conjoint par jalousie, parce qu'il pensait qu'il le trompait avec un autre homme. Oui, il se perçoit comme une victime, conclut Dre Ramshaw.