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Une panoplie d’entreprises – comme Wise, Koho et MoneyGram – ont simplifié les transferts d'argent à l'étranger, mais pour les clients des grandes banques canadiennes, le processus reste coûteux et compliqué.
Dick Newson, un client de la Banque Scotia, a tenté le mois dernier d’envoyer 1000 euros (environ 1500 $ canadiens) à une amie en France.
Il y avait tant de codes. Ce n’était pas clair où il fallait les insérer, avec ou sans espaces, raconte le résident de Victoria, en Colombie-Britannique. Après plusieurs essais, il a finalement réussi à envoyer son formulaire de transfert.

Dick Newson, un résident de Victoria, a tenté le mois dernier d'envoyer 1000 euros à une amie en France par l'entremise du service de transfert à l'étranger de la Banque Scotia.
Photo : Dick Newson
Il savait que ce genre de transaction pouvait prendre quelques jours, contrairement aux virements en ligne, qui sont instantanés. Toutefois, deux semaines plus tard, son amie lui apprend qu’elle n’a toujours pas reçu l’argent.
La succursale bancaire de M. Newson le redirige à son service international, qui lui confirme que la somme a bel et bien été acheminée en France deux jours après l'envoi du formulaire.
Où est rendu cet argent? Qu'ai-je fait de mal?
Les représentants de sa banque lui remettent alors des numéros à communiquer à la banque française en question qui, elle, ne sait pas quoi faire de ces codes-là.
Les gens de la Banque Scotia à qui j'ai parlé m'ont assuré que l'argent n'était pas perdu, qu’il est toujours possible de le récupérer, mais qu’il a été mal dirigé d'une manière ou d'une autre. Ils vont essayer de comprendre ce qui s’est passé, dit Dick Newson.
Une impasse à 1000 euros
La semaine dernière, son amie française l'a informé que son institution financière, Crédit Agricole, avait besoin d'un formulaire MT130 pour résoudre le problème.
Dick Newson a donc contacté de nouveau la Banque Scotia, qui lui a répondu que son dossier était désormais clos, car l’argent avait bel et bien été accepté par la banque française.
Il qualifie la situation d'impasse et s’étonne de la mystérieuse disparition des 1000 euros.
Contactée par CBC/Radio-Canada la semaine dernière, la Banque Scotia n’a toujours pas fourni d'explications concernant cette situation. Nous travaillons en étroite collaboration avec notre client pour garantir que ce problème soit résolu, a déclaré une porte-parole.
Des processus sécurisés et efficaces
L'Association des banquiers canadiens, qui représente plus de 60 banques canadiennes et étrangères exerçant des activités au pays, souligne que les transactions transfrontalières sont plus complexes que les virements réalisés au sein du Canada parce qu’elles impliquent plusieurs institutions financières, ainsi que différents cadres réglementaires, taux de change et systèmes de paiement.
Les virements à l’étranger impliquent des processus sécurisés et efficaces, qui entraînent des coûts pour garantir que les fonds parviennent à destination en toute sécurité, affirme la porte-parole Maggie Cheung, dans une déclaration envoyée par courriel.
Elle souligne que les banques intermédiaires facturent aussi des frais, ce qui fait grimper le coût des transferts.

Un système de paiement en temps réel, qui permettrait des transferts d'argent instantanés à l'étranger, se fait toujours attendre au Canada.
Photo : La Presse canadienne / Nathan Denette
Un autre élément qui s'ajoute aux coûts de ces transactions : les mesures mises en place par les institutions financières pour sévir contre le blanchiment d’argent et le financement d’activités terroristes. Elles impliquent des contrôles et des vérifications d’identité, ce qui ralentit et complexifie le processus.
Les frais de transfert de fonds internationaux restent constants, quelle que soit la taille de la transaction. C'est pourquoi les banques facturent généralement des frais fixes plutôt qu'un pourcentage du paiement total, précise l’association.
Toutefois, les frais perçus par les grandes banques canadiennes sont très souvent plus élevés qu’ailleurs dans le monde, notamment parce qu’elles sont très peu à dominer le marché, explique Werner Antweiler, expert en finance internationale et professeur d’économie à l’Université de la Colombie-Britannique (UBC).
Plusieurs banques proposent désormais ce service sans frais, comme si le transfert d'argent était totalement gratuit. Bien sûr, ce n'est pas le cas, parce qu’un taux de conversion plus élevé est appliqué au taux de change, dit-il.
Il s'agit d'un oligopole, ce qui lui permet de maintenir des frais relativement élevés.
Il souligne que les transferts d’argent en Europe sont instantanés et beaucoup moins coûteux, grâce à la concurrence accrue, au cadre réglementaire et aux technologies financières plus avancées. Notre système bancaire est, à certains égards, un peu désuet, affirme le professeur.
Qu'est-ce qu'un oligopole?
Un oligopole est un marché dominé par un petit nombre d’entreprises. Au Canada, c'est notamment le cas dans les secteurs des banques, des épiceries, des télécommunications et de l’aviation commerciale.
Malgré les efforts récents pour moderniser les paiements, le système canadien n’est pas encore à la fine pointe des technologies de paiement instantané, surtout pour les envois transfrontaliers. Déjà répandu ailleurs dans le monde, un système de paiement en temps réel (ou real-time rail, en anglais) devait voir le jour au Canada en 2022.
Paiements Canada, l’organisme qui possède et exploite cette infrastructure au pays, prévoit maintenant de tester cette nouvelle méthode transactionnelle cet été.
Nous avons donc besoin de nouveaux concurrents pour faire baisser les prix et il faudra un certain temps pour que les gens réalisent qu’il existe d’autres options, ajoute Werner Antweiler.

Werner Antweiler, expert en finance internationale et professeur d'économie à l'école de commerce Sauder de UBC.
Photo : Fournie par Werner Antweiler / Martin Dee
Des solutions de remplacement aux grandes banques
Shokhrukh Temurov, vice-président des notations des institutions financières nord-américaines chez DBRS Morningstar, souligne que de plus petits acteurs offrent de meilleurs taux pour les transferts d’argent à l’étranger.
Il y a, par exemple, EQ Bank qui travaille avec le système de transferts Wise pour ce genre de transaction. Pareillement, des fintechs [entreprises de technologie financière] comme Wealthsimple offrent de meilleurs taux, affirme-t-il.
Il ajoute que l’approche numérique et l’accès à différents systèmes de traitement des paiements permettraient de réduire les coûts, mais il soupçonne que certaines plateformes offrent ce service à perte.
Nous ne savons pas si c’est rentable ou si c’est une stratégie pour gagner des parts de marché.
Wise dit compter plus de 650 000 clients canadiens – y compris des entreprises –, ce qui représente une croissance de 32 % en un an.
La plateforme est liée à plus de 90 banques et 6 systèmes de paiement à l’échelle mondiale, ce qui lui permet d’acheminer environ les deux tiers des transferts d’argent en moins de 20 secondes.
Ça devrait être aussi facile de faire la même chose avec une banque, affirme pour sa part Dick Newson, qui tente toujours de comprendre où s’est rendu l’argent qu’il a transféré le mois dernier.
Avec les informations d’Anis Heydari, de CBC