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Palestine 36 est un important long-métrage historique qui traite des causes et des événements de la première phase (1936-1937) de la Grande Révolte arabe, qui eut lieu entre 1936 et 1939 et fut écrasée avec une grande brutalité par l’armée britannique.
Le soulèvement palestinien de masse, sa défaite ainsi que l’expulsion et l’emprisonnement de ses dirigeants par l’armée britannique restent largement méconnus en dehors du Moyen-Orient, en particulier en Grande-Bretagne elle-même. Alors que la plupart des possessions de l’Empire britannique ont pu obtenir leur indépendance formelle, la Palestine est l’un des rares territoires qui n’y sont jamais parvenus.
La révolte arabe de 1936-39 fut l’un des nombreux conflits anticoloniaux acharnés contre l’impérialisme britannique, parmi lesquels : l’Irlande (1919-21) qui mena à sa partition entre l’État libre d’Irlande (aujourd’hui la République d’Irlande) et l’Irlande du Nord occupée, la révolution égyptienne de 1919, la révolte irakienne de 1920, l’état d’urgence malais (1948-60), la rébellion Mau Mau au Kenya (1952-60), l’état d’urgence à Chypre (1955-59) et la révolte d’Aden (1963-67).
Le soulèvement palestinien de 1936 fut le plus long et le plus important, accompagné d’une grève générale (d’avril à octobre 1936), contre le colonialisme britannique à cette époque. Mais la défaite de la révolte de 1936-39 fut décisive dans l’ouverture de la voie à la création de l’État sioniste en 1948, à la défaite des armées arabes en 1948-49 et à l’expulsion ainsi que la dépossession des Palestiniens, connue sous le nom de la Nakba. Les méthodes employées par les Britanniques préfiguraient celles des gouvernements israéliens qui se succédèrent.
Palestine 36, réalisé par Annemarie Jacir (Salt of This Sea, When I Saw You, Wajib) et produit par Ossama Bawardi et Azzam Fakhriddin pour Philistine Films, avec le soutien de la BBC et du British Film Institute (BFI), a fait ses débuts au Festival international de Toronto où il a reçu une ovation debout de vingt minutes. Le film a été sélectionné comme candidat palestinien à l’Oscar du meilleur film international.
Les billets pour les projections au BFI London Film Festival se sont vendus instantanément. Il est actuellement présenté au London Palestine Film Festival (14 au 28 novembre).
Bien qu’il s’agisse d’une œuvre de fiction, le film s’appuie sur des événements réels et des personnalités historiques. Son élaboration et sa recherche ont été méticuleuses, allant jusqu’à reconstruire des villages et planter des champs de coton encore utilisés aujourd’hui, et incluant des films d’archives en noir et blanc colorisés, trouvés dans les archives publiques britanniques de Kew. La réalisation du film a duré près de huit ans.
Le début de la guerre génocidaire menée par Israël contre les Palestiniens a coïncidé avec le lancement du tournage, obligeant l’équipe à quitter la Cisjordanie pour la Jordanie, bien qu’ils aient finalement pu retourner en Palestine.
La portée du film est ambitieuse et de nombreux éléments sont abordés, parfois complexes si l’on ne connaît pas le contexte politique et économique plus large, la nature de la direction palestinienne et les événements eux-mêmes.
Le film commence par une série de fragments montrant les vies et les luttes de plusieurs Palestiniens, reflétant les pressions sociales et les conflits ayant conduit au soulèvement d’avril 1936.
Cela inclut Yusuf (Karim Daoud Anaya), un jeune homme initialement apolitique du petit village agricole d’al-Basma, chauffeur pour Khouloud (Yasmine Al Massri), une journaliste travaillant sous un pseudonyme masculin, accompagnée de son riche mari Amir (Dhafer L’Abidine), propriétaire de journal ; la voisine de Yusuf, Rabab (Yafa Bakri), une veuve ; ses parents (Hiam Abbas et Kamal El Basha) et sa jeune fille Afra (Wardi Eilabouni), confrontés aux menaces grandissantes des colons ; Kareem, ami d’Afra, fils du prêtre chrétien du village ; et Khalid (Saleh Bakri), un débardeur poussé à la révolte par ses conditions de travail brutales.
L’économie de la Palestine, essentiellement agricole, avait été bouleversée par la Première Guerre mondiale et le démantèlement des provinces syriennes de l’Empire ottoman par la France et la Grande-Bretagne.
Ces deux puissances impérialistes reçurent des « mandats » de la toute nouvelle Société des Nations, qualifiée de « repaire de brigands » par Lénine : la France gouvernant la Syrie et le Liban, et la Grande-Bretagne gouvernant la Palestine et la Transjordanie (aujourd’hui la Jordanie), pour une administration de 25 ans avant une supposée indépendance. Le mandat britannique incluait la fameuse Déclaration Balfour de 1917, soutenant l’établissement d’un « foyer national juif » en Palestine, où les Juifs ne représentaient alors qu’une minuscule minorité. Le but était d’établir dans cette région stratégique un gardien des intérêts britanniques dans une zone riche en pétrole.
L’immigration juive vers la Palestine augmente fortement, en particulier après l’arrivée d’Hitler au pouvoir en 1933, au point que les Juifs constituent plus d’un quart de la population au milieu des années 1930, contrôlant des secteurs avancés de l’économie. Les paysans sont expulsés de leurs terres tandis que des propriétaires non résidents vendent à des colons nouvellement arrivés, avec le soutien britannique. Comme l’explique Yusuf : « Nous perdons nos terres chaque jour et beaucoup d’agriculteurs ont été expulsés. »
Les paysans sans terre se tournent vers les villes, où Khalid, le débardeur, est sauvagement battu pour avoir demandé des heures supplémentaires. Les salaires palestiniens sont déjà inférieurs à ceux des nouveaux travailleurs juifs. Les taxes exorbitantes imposées par les Britanniques ajoutent un fardeau supplémentaire.
L’afflux de Juifs et de capitaux européens permet la création d’ateliers et de manufactures employant une main-d’œuvre juive, divisant l’économie en secteurs palestinien et juif. La Histadrout, Fédération syndicale sioniste, soutenue par les autorités britanniques, joue un rôle clé dans l’achat de terres et la mise en place d’entreprises, de banques, de coopératives et de services sociaux juifs. Elle s’oppose également à l’emploi de Palestiniens dans les entreprises juives, accentuant l’hostilité entre Arabes et Juifs.
Mais le film ne se concentre pas sur ces aspects économiques. Dans une scène du début, une villageoise répond simplement à sa fille qui lui demande pourquoi les Juifs arrivaient en Palestine : « Ils viennent parce que leurs pays ne veulent pas d’eux. »
Le film identifie clairement la révolte comme étant dirigée principalement contre les Britanniques, mettant l’accent sur leurs actions cruelles : ils « ne veulent pas d’une autre Irlande ». On voit notamment le Haut-commissaire (Jeremy Irons), l’officier chrétien sioniste Orde Wingate (Robert Aramayo), décrit comme un sadique, et un administrateur libéral (Billy Howle), qui finit par quitter son poste, dégoûté.
Les différentes intrigues se rejoignent quand la révolte éclate en avril 1936, lancée spontanément par de jeunes militants, surprenant tant les Britanniques que les dirigeants palestiniens. Cela fait suite à d’autres soulèvements et troubles au Moyen-Orient, reflétant l’anticolonialisme et la résistance aux chefs tribaux. Le Haut Comité arabe, une coalition de dirigeants féodaux et religieux palestiniens, déclare une grève générale en mai. Ils exigent l’indépendance vis-à-vis de la domination coloniale britannique ainsi que la fin du soutien britannique à l’immigration juive et aux ventes de terres aux Juifs.
Au début du soulèvement, les travailleurs palestiniens gagnent un large soutien populaire dans les villes et les villages. Le film montre Khalid collectant de l’argent auprès des passagers dans un train, l’une des femmes allant jusqu’à donner ses bijoux. La grève paralyse l’activité commerciale et économique dans le secteur palestinien, et les Britanniques réagissent en déclarant la loi martiale.
Le film retrace le déroulement du soulèvement à travers les expériences de ces personnages et les mesures brutales prises par l’armée britannique pour l’écraser, notamment les destructions de maisons et de villages, les passages à tabac, les punitions collectives, les couvre-feux, les arrestations de masse et la détention des hommes du village.
Alors que la révolte s’étend, l’armée envoie la Royal Air Force et des renforts d’Égypte et d’ailleurs, recrute des “bandes de la paix” et des unités policières armées parmi les sionistes. Lorsque des volontaires arrivent du Liban et de Syrie, le fonctionnaire britannique Charles Tegart (joué par Liam Cunningham) propose de construire un mur séparant la Palestine de ses voisins du nord. Les chefs de la révolte sont exilés aux Seychelles, au Kenya ou en Afrique du Sud, mais certains parviennent à s’échapper au Liban.
Toutes ces méthodes seront reprises plus tard par les sionistes après 1948 et sont encore aujourd’hui monnaie courante en Cisjordanie.
C’est le capitaine Wingate qui explique la logique derrière les actions de la Grande-Bretagne : « Les sionistes fournissent la clé pour préserver l’Empire », dit-il. On pourrait ajouter que les propos de Wingate décrivent tout aussi bien le rôle des sionistes pour l’impérialisme américain au Moyen-Orient. Lorsque l’administrateur libéral, sceptique, l’interroge, Wingate lui répond : « Peut-être devriez-vous réfléchir de quel côté de l’Histoire vous voulez être. »
Alors que le soulèvement se propage tout au long de l’été 1936, la Grande-Bretagne met en place la Commission royale de Palestine sous la présidence de Lord Peel pour en examiner les causes. Dans son rapport publié en juillet 1937, elle déclarait que le mandat de la Société des Nations était devenu ingérable et recommandait le partage de la Palestine en un État juif et un État arabe rattaché à la Transjordanie, ainsi que des transferts de population, des conclusions qui annonçaient la proposition de partition des Nations unies, approuvée par l’Assemblée générale de l’ONU en novembre 1947.
À l’automne 1936, le Haut Comité arabe – à la demande de l’Arabie saoudite, de l’Irak et de la Transjordanie, tous dominés par la Grande-Bretagne – accepta de comparaître devant la Commission Peel et déclara la fin de la grève générale, bien que les troubles se poursuivirent jusqu’à la publication du rapport de la Commission, déclenchant une reprise du mouvement de grève et de la rébellion qui dura jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale.
Le film n’aborde pas vraiment la question de la direction politique palestinienne, de sa composition sociale – propriétaires terriens, leaders religieux et couches de la classe moyenne –, des différents partis politiques, largement fondés sur les différents groupes des familles dirigeantes, ni de leur idéologie. Mais il montre certains membres de la bourgeoisie palestinienne aisée fréquentant les Britanniques et laisse entrevoir des divisions. Il ne montre pas comment les Britanniques ont consciemment cherché à semer des divisions entre les familles dirigeantes.
Certains, du moins, collaborent avec les sionistes. La journaliste Khuloud est outrée lorsqu’elle découvre que son mari a publié un article s’opposant à la Révolte. Elle demande de contre-argumenter dans le journal. Lorsqu’elle apprend plus tard que l’article n’a pas été écrit par un journaliste palestinien, mais par les sionistes qui avaient payé son mari, elle le quitte.
Aucun rôle n’est attribué au Parti communiste palestinien ni à l’Union soviétique. Bien que certains Juifs palestiniens aient fondé le Parti communiste palestinien (PCP) en 1921, celui-ci était constamment divisé entre les Juifs, qui formaient la majorité, et les Arabes, et était sujet à de fréquentes scissions. Cela s’expliquait par la bureaucratie stalinienne de Moscou, qui avait tourné le dos à la révolution socialiste internationale et à la théorie de la révolution permanente qui sous-tendait la révolution d’octobre 1917 en Russie, en faveur de la « construction du socialisme dans un seul pays », et utilisait le PCP pour servir ses besoins de politique étrangère.
Les manœuvres sans principes de la bureaucratie du Kremlin et sa subordination des différents partis communistes de la Troisième Internationale, y compris le PCP, au nationalisme bourgeois, ainsi que la participation aux alliances du Front populaire avec des partis capitalistes, ont eu un impact désastreux sur le PCP. Cela a conduit le PCP à se subordonner au Haut Comité arabe dans le cadre de la lutte pour l’indépendance. Il a simultanément considéré les Juifs comme un bloc hostile unique, ignorant ainsi la différenciation de classes parmi eux et ne lançant pas un appel de classe aux travailleurs juifs pour la réorganisation socialiste de la Palestine : ce qui a entraîné la fragmentation du parti selon des lignes nationalistes.
Les Palestiniens ont enduré d’énormes difficultés pendant et après la Révolte. La grève a dévasté leur économie et les combats ont détruit leurs récoltes et vergers. Beaucoup ont perdu leur maison ainsi que leurs moyens de subsistance. Les forces de sécurité britanniques ont tué environ 5000 Palestiniens et en ont blessé près de 15 000 au cours des trois années de la révolte. Elles ont assassiné, exilé, emprisonné et divisé la direction palestinienne. Sans la puissance militaire britannique, le projet sioniste n’aurait jamais pu réussir.
Le recours à l’histoire constitue un développement important, et le film apporte une contribution précieuse en montrant le rôle de l’impérialisme britannique dans la répression des Palestiniens avant la Nakba de 1948, dont les antécédents sont rarement expliqués.


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