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« Où sommes-nous censés aller? » : l’Ontario menace d’emprisonner ses sans-abri

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« On ne peut pas être dans la rue, on ne peut pas être sur une propriété privée. On n'a pas le droit d'être dans les parcs. Où sommes-nous censés aller? Les infrastructures [nécessaires] n'existent pas. »

Michelle Morton est inquiète. Elle a habité dans des campements de sans-abri pendant plus d’un an un peu partout à Toronto. Elle vit maintenant dans un hôtel grâce à un programme municipal. Mais son petit ami passe toujours ses nuits dehors, faute de place.

Un portrait de Michelle Morton.

Michelle Morton vivait jusqu'à tout récemment dans un campement de sans-abri dans le parc Alexandra à Toronto.

Photo : Radio-Canada

Et sa situation est devenue d’autant plus précaire cette semaine. La Loi de 2025 pour des municipalités plus sûres a reçu la sanction royale mardi dernier à Queen's Park. Elle permet aux policiers d'imposer des amendes allant jusqu'à 10 000 $ ou six mois de prison à toute personne qui se trouve dans un abri de fortune dans un endroit public ou qui consomme des drogues en public.

Lorsque le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a présenté cette loi pour la première fois, en décembre, il a déclaré que les campements prennent le contrôle des espaces publics avec de la consommation de drogues illégales qui se fait à la vue de tous, créant ainsi d'énormes risques pour la sécurité des personnes et des communautés.

« Assez, c'est assez : cela doit s'arrêter et cela s'arrêtera », avait alors ajouté M. Ford.

Une loi qui cible les tentes dans les lieux publics

Mme Morton raconte qu’il y a environ trois semaines, le campement où elle vivait avec son petit ami, dans un parc public de Toronto, a été démantelé. Ils sont venus avec le chargeur frontal et l'ont détruit, a-t-elle raconté lors d'une entrevue.

Un parc pris en photo à partir des airs.

Il y a quelques semaines, un campement de sans-abri se trouvait à cet endroit dans le parc Alexandra à Toronto.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

Le couple a ensuite été séparé. Mme Morton a été inscrite à un programme d'hôtel, mais son partenaire n'a pas eu cette chance. Il est resté dans le parc, à la table de pique-nique, a-t-elle expliqué. Il n'a pas dormi. Il est juste resté à la table de pique-nique.

Si la loi entérinée plus tôt cette semaine avait été en vigueur et s’ils avaient résisté, ils auraient fait face à des amendes pouvant aller jusqu'à 10 000 $ ou jusqu'à six mois de prison.

La nouvelle loi vise spécifiquement toute structure utilisée comme habitation dans un lieu public si son utilisation comme habitation dans le lieu public n'est pas permise par la loi.

La loi permet également aux policiers de donner un ordre à une personne ou de l'arrêter si elle ne se conforme pas à un ordre de cesser d'utiliser des substances illégales en public.

Un chargeur sur pneus et des employés municipaux.

En novembre 2023, des employés de la Ville, assistés par des policiers, ont démantelé le campement de sans-abri devant une église du quartier Kensington Market. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Cédric Lizotte

Très très cruelle

Gaétan Héroux, membre de l'organisation 230 Fightback, qui milite pour le logement social, ne mâche pas ses mots au sujet de cette nouvelle loi.

C'est une loi très très cruelle, qui attaque une population qui est très vulnérable, a-t-il affirmé lors d'une entrevue dimanche.

Un portrait de Gaétan Héroux.

Gaétan Héroux est un militant antipauvreté.

Photo : Radio-Canada / Ken Townsend

M. Héroux explique que ce problème va bien au-delà des campements. La vraie crise, c'est qu'on n’a pas de logements.

En fait, selon Harini Sivalingam, directrice du programme d'égalité à l'Association canadienne des libertés civiles, cette loi pourrait être anticonstitutionnelle.

Le gouvernement ne peut pas priver les gens de leur droit de chercher un abri en les expulsant pendant la nuit quand ils n'ont nulle part d'autre où aller, a déclaré Mme Sivalingam.

L'année dernière, avant que cette loi ne soit présentée, M. Ford s'était engagé à utiliser la disposition de dérogation afin de suspendre la Charte canadienne des droits et libertés si les tribunaux devaient interférer avec ses lois. Il avait pris cet engagement dans une lettre adressée à 12 maires qui lui avaient demandé d'utiliser cette disposition pour faire disparaître les campements. Or, l’utilisation de cette disposition ne sera pas nécessaire : un juge de la Cour supérieure de l'Ontario a déterminé, le 23 décembre 2024, qu'il n’est pas anticonstitutionnel d’interdire les campements de sans-abri dans les parcs.

On a mal diagnostiqué le problème

Diana Chan McNally, une travailleuse communautaire à Toronto qui travaille avec des personnes vivant dans des campements, reconnaît que les gens sont fatigués de voir des campements partout.

Or, Mme McNally affirme elle aussi que la Loi pour des municipalités plus sûres pénalise les plus vulnérables.

Un portrait de Diana Chan McNally.

Diana Chan McNally est travailleuse communautaire et de crise dans l'est du centre-ville de Toronto pour Maytree, une organisation de lutte contre la pauvreté basée à Toronto.

Photo : Radio-Canada / CBC

Nous avons mal diagnostiqué le problème. [...] Le problème, en réalité, c'est que les gens n'ont nulle part où vivre à un prix abordable.

Mme McNally souligne qu'il existe un stéréotype selon lequel les personnes qui vivent dans des campements sont des consommateurs de drogues impliqués dans des activités criminelles. Or, en réalité, toutes sortes de personnes vivent dans des campements parce qu'elles ne peuvent pas se permettre un logement, dit-elle.

De nombreuses personnes qui vivent dans des campements craignent d'être ciblées par la nouvelle loi, qu'elles consomment des drogues ou non, selon Mme McNally.

Les lits de prison ne sont pas des logements

Catherine McKenney, députée néo-démocrate provinciale d'Ottawa-Centre, a affirmé en entrevue qu’il est inacceptable que des Ontariens doivent vivre dans des abris de fortune dans des parcs.

Personne ne devrait vivre dans des campements. Les parcs devraient être des espaces publics dont tout le monde peut profiter. Que vous soyez sans-abri ou que vous viviez à côté, ce n'est pas un endroit où nous acceptons que quelqu'un doive vivre, a-t-elle ajouté.

Toutefois, Mme McKenney considère que la nouvelle loi ne fait qu’exacerber le problème.

Les lits de prison ne sont pas des logements.

Selon Mme McKenney, ce qu'il faut, c'est travailler très intentionnellement avec les personnes dans les campements, les sortir des campements et les mettre dans des logements avec des services de soutien.

De son côté, l'Association des municipalités de l'Ontario (AMO), qui représente les 444 municipalités de la province, affirme que la loi ne fournit pas de solutions permanentes à long terme pour lutter contre l'itinérance.

Elle ne se concentre pas du tout sur les causes profondes de l'itinérance [...], soit le manque de logements très abordables, le manque de services de santé mentale et de traitement des toxicomanies suffisants ainsi que certaines de ces questions fondamentales concernant le soutien du revenu, a déclaré Lindsay Jones, directrice des politiques et des relations gouvernementales de l'AMO, lors d'une entrevue samedi.

Des affrontements entre la police et des manifestants.

La police de Toronto avait arrêté une vingtaine de personnes lors du démantèlement de campements de fortune près du stade Lamport à l'été 2021. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui

Le gouvernement défend sa loi

Doug Ford et son gouvernement maintiennent que cette loi est nécessaire pour assurer la sécurité publique.

Dans un communiqué publié en avril, le gouvernement avait indiqué que la Loi pour des municipalités plus sûres vise à assurer la sécurité des espaces publics pour tous et à soutenir les municipalités dans leurs efforts pour aider les personnes vulnérables à accéder à des logements et à des soutiens.

La loi prévoit que les agents pourront escorter les personnes vers des services communautaires et de santé plutôt que de les arrêter pour des infractions mineures.

Le gouvernement affirme également que son plan vise à traiter les toxicomanies comme un problème de santé plutôt que comme un problème de justice pénale.

Selon l'AMO, plus de 80 000 personnes en Ontario étaient sans-abri l'année dernière. Cette association a précédemment constaté qu'il y avait environ 1400 campements à travers la province en 2023.

Le gouvernement ontarien n’avait pas répondu à nos demandes de commentaires au moment de publier ces lignes.

Selon la loi, la province dépensera 50 millions de dollars pour aider à créer 1239 unités de logement supplémentaires et 20 millions pour créer 971 places d'hébergement et d'hébergement temporaire supplémentaires.

Elle prévoit également 5,5 millions de dollars qui proviennent de l'Allocation canadienne pour le logement afin de libérer immédiatement des places dans les refuges d'urgence pour les personnes vivant dans des campements en aidant environ 1000 personnes qui vivent dans des refuges à passer à un logement à plus long terme, indique le communiqué.

L'AMO continue de plaider pour des investissements à long terme dans le logement permanent, tant dans le logement communautaire que dans le logement avec des services de soutien.

Pour Michelle Morton, la réalité quotidienne reste difficile. Même si elle a maintenant une place dans un programme d'hôtel, elle n'est pas très heureuse là-bas parce qu'elle est séparée de son petit ami.

Ce n'est pas très juste. Ils nous ont pratiquement menti et m'ont fait entrer [dans le programme] avec le prétexte que [mon compagnon] allait m’y rejoindre. Et puis, plus tard, j'ai parlé au personnel : il n'y a qu'un espace limité pour les couples et ils sont tous pleins en ce moment, a-t-elle expliqué.

Et à quand remonte la dernière fois où elle a vécu dans un véritable logement? C'était au début de ma vingtaine, a-t-elle répondu.

D'après les informations de Rochelle Raveendran et de Sarah Petz (CBC) ainsi que de Jessica Chen et d'Étienne Lajoie

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