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Les baleines à bosse voient bien moins clair que ce que les chercheurs avaient imaginé. Et cela pourrait expliquer les accidents qui se multiplient en mer entre les pêcheurs et l’énorme mammifère marin.
La nature est bien faite. Nous avons tous déjà entendu dire cela. Et c'est plutôt juste. Car l'évolution passe et repasse sans cesse par là. L'ennui, c'est qu'elle se joue sur des temps longs. Elle peut donc avoir de la peine à adapter les animaux aux irruptions humaines dans leur environnement. C'est ce que des chercheurs de l'université de Caroline du Nord (États-Unis) démontrent une fois de plus aujourd'hui dans les Proceedings of the Royal Society B.
Des surprises dans l’œil de la baleine à bosse
Dans l'espoir de mieux comprendre les vulnérabilités de la baleine à bosse (Megaptera novaeangliaeMegaptera novaeangliae), ils ont étudié l'anatomieanatomie et l'histologiehistologie (comprenez les tissus biologiques) de l'œil d'un spécimen mort après s'être échoué. Et surprise, l'acuité visuelleacuité visuelle de l'animal estimée par les chercheurs s'avère inférieure à celle prédite par les modèles à partir de la taille seule de l'œilœil de la baleine à bosse. D'un ordre de grandeurordre de grandeur !
Les biologistes marins racontent que le fond de l'œil de la baleine était beaucoup plus épais qu'ils le pensaient. Résultat, la distance entre la rétinerétine et le cristallin est, quant à elle, bien plus courte que prévu. Par ailleurs, les chercheurs notent qu'il y a moins de 200 cellules ganglionnaires rétiniennes (les neuronesneurones qui transmettent l'information visuelle au cerveaucerveau) dans l'œil analysé. Alors qu'un œil humain, par exemple, en compte quelque 40 000. Le tout empêche les baleines à bosse de distinguer les détails fins de leur environnement proche.
La baleine à bosse ne voit pas les détails
Cela ne devrait pas être un problème pour le mammifère géant. Distinguer les grandes silhouettes d'une autre baleine ou d'un banc de poissons suffit en principe à sa survie. Mais le fait que les baleines à bosse ne voient pas les détails avant 45 à 60 mètres - soit trois à quatre fois la longueur de leur corps seulement - les rend vulnérables à la présence humaine. Elles ne peuvent pas distinguer les cordages des filets de pêche avant d'être trop près pour les éviter, par exemple. Ou les petites embarcations avec lesquelles elles entrent en collision.