L'humanité est au bord du gouffre. Les travaux menés par les scientifiques sur les limites planétaires ne laissent aucune place au doute. Déjà, nous avons franchi six de ces neuf seuils définis comme ceux au-delà desquels notre système Terre pourrait devenir beaucoup moins hospitalier qu'il ne l'ait depuis ces derniers 10 000 ans. Mais ce que des chercheurs de l'université d'Utrecht (Pays-Bas) nous livrent aujourd'hui, ce n'est pas une énième mauvaise nouvelle en la matièrematière. Plutôt un plan qui nous permettrait de « revenir dans des limites plus sûres » d'ici 2050.

Dans la revue Nature, l'équipe explique comment elle a pu établir ce plan en couplant le cadre des limites planétaires à un modèle intégré d'évaluation de l'environnement mondial (voir image ci-dessous) qui décrit le développement humain futur et ses impacts possibles sur notre Terre. Les chercheurs montrent ainsi que nous suivons actuellement un chemin qui nous mènerait à franchir toutes les limites planétaires d'ici 2050, sauf celle de l'appauvrissement de la couche d'ozone.

Cinq mesures pour sauver nos conditions de vie sur Terre

Notre principale erreur, selon les scientifiques : nous obstiner à privilégier des intérêts nationaux ou locaux au lieu de chercher à mettre en œuvre une action mondiale coordonnée. Ils assurent en revanche que des choix politiques globaux permettraient à l'humanité de ramener, dès 2050, les pressionspressions environnementales mondiales aux niveaux observés en 2015.

Au fil de leurs travaux, les chercheurs ont identifié cinq mesures clés - toutes technologiquement disponibles - qui pourraient s'inscrire dans ce schéma :

• s'agissant du réchauffement climatique : atteindre l'objectif de 1,5 °C de l'Accord de Paris sur le climat grâce à une réduction drastique des émissionsémissions de gaz à effet de serre ;
• parlant de mode de consommation alimentaire : une transition généralisée vers des régimes alimentaires sains et respectueux de l'environnement ;
• toujours dans le domaine alimentaire : réduire de moitié le gaspillage alimentaire mondial en réduisant les pertes dans les chaînes d'approvisionnement et la surconsommation ;
• pour s'attaquer à la crise de l'eau : réduire de 20 % les prélèvements d'eau pour l'énergieénergie, les ménages et l'industrie, et de 30 % ceux destinés à l'irrigation, afin de garantir la durabilitédurabilité environnementale ;
• enfin, concernant le problème de l'azoteazote : porter l'efficacité de l'utilisation des nutrimentsnutriments à 70-80 % dans l'agricultureagriculture d'ici 2050, contre 50 % aujourd'hui.

La Terre pourrait encore avoir de beaux jours devant elle

Prises ensemble, ces cinq mesures pourraient suffire à nettement améliorer les choses par rapport à la situation actuelle. Et les travaux des chercheurs de l'université d'Utrecht confirment que, même si des systèmes critiques se situent aujourd'hui hors limite - voire à des niveaux où le risque est estimé élevé -, la mise en œuvre de politiques fortes est susceptible d'en ramener certains dans la « zone de sécurité ». En revanche, ils suggèrent que d'autres resteront au-delà des limites. Même avec les meilleures intentions dans les 25 prochaines années. Pour garantir une planète viable à long terme, c'est au-delà de 2050, qu'il faudra se montrer encore plus ambitieux.

Les chercheurs soulignent également que leurs modélisationsmodélisations intègrent des changements généralisés qui pourraient être « trop optimistes au vu des tendances actuelles ». Ils assurent toutefois qu'il est certain que « nous pouvons encore infléchir la courbe ».

« Même si nous ne pouvons pas totalement éviter tout dépassement, nous pouvons nous rapprocher considérablement des limites planétaires. Cela fait une grande différence. » En d'autres termes, « notre Terre est gravement malade, mais elle n'est certainement pas encore en phase terminale » !