Uashtenamu/Allumer quelque chose est le quatrième livre de Marie-Andrée Gill publié aux Éditions La Peuplade.

Un recueil de poésie créé à Petit-Saguenay, un village où elle a élu domicile il y a quelques années. C'est à cet endroit que nous l'avons rencontrée pour discuter de sa nouvelle parution et de tous ses projets.

Entre la forêt et le fjord, le lieu est vraiment inspirant pour la poétesse originaire de Mashteuiatsh.

Ce qui m'a amenée à Petit-Saguenay, c'est la relation avec mon amoureux. Au début, quand on commençait notre histoire, ici c'était notre terrain de jeu, on allait dans le bois. Il me faisait découvrir plein de places parce qu'il vient du coin. C'est comme devenu un lieu sacré. Ici, tout est immense, il n’y a presque pas de maison autour du fjord, il y a de l'espace. Et ça, ça me donne du jus dans la création!, confie-t-elle.

Dans ce livre, Marie-Andrée Gill nous invite à célébrer la beauté dans les petites et les grandes choses et à accepter le monde tel qu'il est.

Photo : Radio-Canada / Julie Larouche

Avec son regard lucide et sa plume remarquable, Marie-Andrée Gill nous invite à célébrer la beauté dans les petites et les grandes choses et à accepter le monde tel qu'il est.

Dans le recueil, plusieurs bouts parlent de tautologie. L'idée de ce recueil-là, je l'avais déjà depuis deux ou trois ans. C'était venu avec la phrase c'est ça qui est ça, donc d'accueillir les choses comme elles sont, d'accueillir ce qui se passe sans nécessairement se battre. Il y a des choses plus grandes que nous et il faut s'abandonner.

Un grand apaisement émane de ce recueil. Allumer quelque chose, c'est ça. En travaillant sur moi, en travaillant sur le langage, sur mes réflexions sur le monde, il y a quelque chose qui s'est allumé en moi, cette petite flamme de joie, d'enthousiasme, d'émerveillement face au monde.

Projets au grand écran

Parallèlement à la parution de ce nouveau livre, Marie-Andrée Gill a des projets au cinéma. Elle planche sur deux importants scénarios de longs métrages.

J'écris des films qui parlent de la réalité innue. C'est un monde tellement différent de la poésie. J'aime la partie où l'on invente un monde, où l'on fait parler les personnages. Et ce qui est important, c'est de montrer ce qui se passe dans les communautés de l'intérieur. De mettre la scénarisation dans les mains de quelqu'un qui connaît sa communauté, ça parait, mentionne-t-elle.

Elle explique les deux scénarios sur lesquels elle planche.

Le premier scénario est une comédie dramatique, avec une famille innue un peu dysfonctionnelle qui va dans le bois pour ramasser des bleuets, mais ça ne marche pas leur affaire. Et c'est là qu'ils se rendent compte que ce n'est pas pour l'argent qu'ils le font mais bien pour ressouder leurs liens et pour se rapprocher du territoire.

Le deuxième traite d'un sujet beaucoup plus difficile, celui de la stérilisation forcée des femmes autochtones. On n'en parle pas assez et c'est quelque chose qui existe encore aujourd'hui. Il y a eu des rapports, des centaines de femmes ont témoigné. C'est du racisme obstétrical. En fiction, ça permet d'en parler et d'aller plus loin.