La Ville de Québec poursuit sur sa lancée en matière de logement social et abordable. Si la tendance se maintient, elle dépassera facilement son objectif de mettre en chantier 500 nouvelles unités d’habitation d’ici la fin de l’année.

C’est une excellente nouvelle pour faire face à la crise du logement, s’enthousiasme Bruno Dion, coordonnateur général chez Action-Habitation.

À lui seul, l’organisme prévoit faire lever de terre cinq immeubles totalisant plus de 400 unités d’habitation d’ici l’hiver.

Selon les chiffres obtenus par Radio-Canada, un total de 769 logements sociaux seront mis en chantier sur le territoire de Québec en 2025.

Le financement de deux projets additionnels pour 285 et 127 unités est aussi confirmé en vue du printemps 2026.

L’administration municipale a décidé de prendre à bras le corps la question du logement social pour en faire une priorité.

Bruno Dion note que la Ville de Québec a triplé ses investissements en matière de logement social depuis 2022 pour atteindre 71 millions de dollars en 2025.

Hausse des mises en chantier

Après un début de mandat en deçà des attentes pour Bruno Marchand, les mises en chantier de logements sociaux et abordables ont littéralement explosé depuis 2024.

Rappelons que la Ville s’est donné comme cible de bâtir 80 000 nouveaux logements d’ici 2040, tous types d’habitation confondus.

Si les prévisions de 2025 se concrétisent, le maire Marchand pourra revendiquer la construction de 2357 logements sociaux et abordables au terme des quatre années de son mandat.

C’est plus que les 2000 qu’il promettait au moment de son élection, en novembre 2021.

L’entente bilatérale de 1,8 milliard de dollars signée entre les gouvernements Legault et Trudeau en 2023 pour la construction de nouveaux logements au Québec aura certainement contribué à ce revirement.

Vers un retour à la réalité?

Rien n’indique cependant que la reprise des mises en chantier soit là pour durer.

Le problème, c’est qu’il n’y a pas de nouveaux investissements sur la table, déplore Véronique Laflamme, porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU).

Le budget du Québec, qui prévoit un déficit record pour 2025, ne contient pas d’argent frais en matière de logement.

Au fédéral, le premier ministre Carney doit encore préciser son engagement de doter le Canada du plan de logement le plus ambitieux depuis la Seconde Guerre mondiale.

Le premier ministre du Canada, Mark Carney, s’est engagé à doubler le taux de construction résidentielle au pays, qui passerait à 500 000 logements par an.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Selon Véronique Laflamme, si les gouvernements supérieurs devaient revoir leurs ambitions à la baisse dans un contexte budgétaire difficile, les investissements des dernières années pourraient s’avérer être un coup d’épée dans l’eau.

Les besoins sont urgents. C’est maintenant que les banques alimentaires sont débordées! prévient-elle.

Boom démographique

À Québec, le marché du logement demeure extrêmement tendu dans un contexte où la demande ne faiblit pas.

En 2024, la population de la région s'est accrue de 22 200 personnes, ce qui représente une hausse record de 2,5 %.

À ce rythme, la Capitale-Nationale pourrait franchir le cap du million d’habitants d’ici 2035.

Une journée achalandée dans les rues du Petit Champlain à Québec.

Photo : Radio-Canada / Daniel Coulombe

L’arrivée de nouveaux résidents tire inévitablement le prix des loyers vers le haut.

On a un très grand problème d’inabordabilité, s’alarme Véronique Laflamme. La solution pour nous, c’est d’assurer qu’on a un fort pourcentage de logements sociaux qui se construisent.