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Les équipes des laboratoires hospitaliers de la région sont en sous-effectif croissant. Une situation qui détériore les conditions de travail des technologistes médicaux et qui pourrait paver la voie à de possibles ruptures de service.
L’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) alerte sur les conditions de travail des technologistes médicaux en Abitibi-Témiscamingue.
En 2018, l’APTS comptait 127 membres œuvrant dans les laboratoires publics de la région. Ce nombre est passé à 107 en 2023, puis à 92 cette année.
Les technologistes médicaux réalisent les analyses sanguines, assurant notamment la sécurité des transfusions sanguines. Ils réalisent aussi les analyses bactériologiques et indiquent aux médecins les possibilités de traitements pour lutter contre ces bactéries.
Leur service est indispensable pour assurer de nombreux soins d’urgence à l’hôpital, ou encore des accouchements.
80 % des diagnostics posés par les médecins sont basés sur les résultats d’analyses médicales, indique Carl Verreault, représentant national de l’APTS qui résume : Pas de labo, pas d’hôpitaux.
Or, plusieurs laboratoires de la région sont menacés de rupture de service du fait du manque de personnel.

Carl Verreault est représentant national pour l'APTS en Abitibi-Témiscamingue. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir
Avec le manque de recrutement, les salariés ont de plus en plus de pression, doivent augmenter leur charge de travail. Ce que ça finit par donner, c’est que les gens tombent en maladie, résume le représentant national. On n’est pas capable de faire les remplacements et l’on se retrouve dans des situations où l’on doit trouver des plans de contingences pour que les analyses puissent être faites.
Le laboratoire de La Sarre se trouve actuellement dans l’incapacité de traiter tous les échantillons d’analyse. Une partie est envoyée au laboratoire d’Amos, indique-t-il.
La population de La Sarre et d'Abitibi-Ouest va avoir des délais d’attente pour avoir des résultats d’analyse qui vont être augmentés, prévient Carl Verreault.
Des risques psychosociaux
Le représentant national alerte sur les risques psychosociaux que ce manque d’effectif fait peser sur les technologistes médicaux, soulignant qu’ils sont de plus en plus nombreux chaque année à tomber en arrêt maladie ou à décider de quitter le métier.

Le centre hospitalier de La Sarre. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Martin Guindon
Il y a trois quarts de travail pour les technologistes médicaux : un quart de jour, un quart de soir et un quart de nuit. Il y a toujours quelqu'un qui doit être présent au laboratoire pour pouvoir faire de l’urgence, explique Carl Verreault.
Mais le manque d’effectif contraint les équipes à assumer régulièrement une présence en quart de jour puis de nuit dans une même journée.
Depuis 2019, au laboratoire d’Amos, les technologistes peuvent être amenés à assurer des quarts de 12 heures pour compenser le manque de personnel.
Les gens vont rentrer au travail même s’ils sont malades, rapporte Carl Verreault. Ils vont quand même rentrer parce qu’ils savent qu’en bout de ligne, c’est la population qui n’aura pas des résultats dans des délais plus courts, puis c’est l’ensemble de leurs collègues qui vont être pris dans une charge de travail encore plus grande.

Quatre technologistes médicaux travaillent à l'Hôpital de Ville-Marie. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Bianca Sickini-Joly
Le nouveau laboratoire de Ville-Marie ne compte plus que quatre technologistes médicaux, pour couvrir trois corps de travail, sept jours sur sept, 365 jours par an, rappelle le représentant syndical. On est en train de chercher un système de contingence. Si le laboratoire vient à fermer, ça aura des répercussions sur les services qui pourront être offerts à la population, assure-t-il.
Du matériel en bout de course
Les équipes des laboratoires de la région doivent aussi composer avec du matériel désuet, rapporte Carl Verreault. Ils fonctionnent, mais ils sont en fin de vie, précise-t-il.
Les bris réguliers sur certaines machines obligent les technologistes médicaux à prendre sur leur temps d’analyse pour réviser l’appareil, et à nouveau s’assurer de sa conformité avant de pouvoir reprendre les tests.
L’appel d’offres pour le renouvellement de ces équipements a été mis sur pause suite à l’annonce du déficit de Santé Québec de 1,4 milliard et les demandes de compression du gouvernement.
Malgré toutes les précautions prises par les technologistes médicaux, ces conditions de travail difficiles pourraient entraîner des erreurs, reconnaît Carl Verreault.
C’est sûr que ça peut arriver. La fatigue, la surcharge de travail, les appareils qui peuvent être défectueux… On s’assure toujours de la sécurité pour la population, mais on n’est jamais à l’abri d’une erreur, estime-t-il.
Le CUSM mis en cause
Les employés des laboratoires de la région dépendent du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), depuis 2018 et la mise en place de la réforme Barrette. La réforme visait une réduction des dépenses en centralisant les laboratoires.
Ce système prévoit que les analyses urgentes soient réalisées en région et que les analyses de routine partent dans les laboratoires montréalais. Un système qui ne fonctionne pas d’après Carl Verreault.

Centre universitaire de santé McGill. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
On a souvent eu des pertes d’échantillons, rapporte-t-il, mentionnant qu’ils ont une fois dû rappeler une quarantaine de personnes pour recommencer les prélèvements.
Parce que leurs échantillons avaient passé une fin de semaine dans un entrepôt de Fedex, que ça n’a pas été conservé dans des conditions optimales, donc les échantillons ne sont plus bons, raconte le représentant syndical.
Contacté, le CUSM a souhaité répondre par courriel à nos questions.
Le système de transport et de traçabilité des échantillons entre la région et les laboratoires de Montréal est efficace et permet un traitement dans des délais raisonnables. À ce jour, il n’y a pas de cas confirmés de pertes d’échantillons, affirme l’établissement.
L’APTS reproche également à l’employeur de ne pas être assez actif pour recruter du personnel en région.
On n’a pas l’impression que le CUSM fait beaucoup d’efforts pour pouvoir faire du recrutement pour l’Abitibi-Témiscamingue, juge Carl Verreault qui reconnaît que la pénurie de main-d’œuvre dans le secteur touche toute la province.

L'entrée principale du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue à Rouyn-Noranda. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Annie-Claude Luneau
La première année d’un programme de Technologie d’analyses biomédicales était offerte au campus du Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue de Val-d’Or, mais le cursus a été fermé faute d’étudiants. Donc nous n’avons plus des stagiaires qui vont venir faire leur stage en région, explique Carl Verreault.
Par courriel, le CUSM reconnaît que le départ de professionnels qualifiés vers le secteur privé ou d'autres domaines offrant de meilleures conditions salariales est un enjeu majeur. Cette réalité est aggravée par une baisse marquée des inscriptions dans les programmes collégiaux en technologie d’analyses biomédicales. Le nombre de diplômés à venir ne couvrira qu’environ 10 % des besoins actuels.
Des solutions pour le recrutement
Les représentants régionaux du syndicat ont demandé au CUSM de pouvoir les accompagner sur les campagnes de recrutement dans les cégeps du Québec, afin de promouvoir la région auprès des étudiants.
Dans des hôpitaux un petit peu plus petits, on a la chance de toucher à beaucoup plus de sphères d’analyse, argumente Carl Verreault. On peut faire de la biochimie, de l'hématologie, de la microbiologie, ça devient plus intéressant.
Mais Carl Verreault indique que le CUSM n’a pas donné suite à leur demande.
Dans son courriel, le CUSM indique pour sa part être ouvert à bonifier ces actions avec nos partenaires, y compris en étant accompagnés lors de nos tournées promotionnelles.
La convention collective négociée en 2023 donne aussi aux équipes la possibilité de monter des projets pilotes pour attirer les travailleurs dans la région, notamment avec des incitatifs financiers.

L'Hôpital de Rouyn-Noranda. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-François Perron
L’APTS et le CISSS-AT se sont mis d’accord pour offrir à certains titres d'emplois en pénurie une enveloppe forfaitaire de 30 000 $ lors de l'installation dans la région.
Mais les discussions avec le CUSM n’ont pas permis de mettre en place ce moyen d’attraction pour les technologies médicales.
Quand on demande au CUSM qu'elle sera votre planification de la main-d’œuvre pour les prochaines années, ils ne sont pas en mesure de nous le dire, rapporte Carl Verreault qui s’inquiète des prochains départs en retraite, alors qu’une dizaine d’employés actuels sont déjà des retraités réembauchés.
Dans l’océan du CUSM, on est une petite goutte, regrette-t-il.
De son côté, l’employeur assure mettre en place différentes initiatives pour favoriser l’acquisition de nouveaux talents et affirme qu’il travaille depuis plusieurs mois avec le CISSS-AT pour optimiser le recrutement et la rétention des technologistes médicaux.