Sur la vaste étendue aride du désert du Karakoum, au cœur du Turkménistan, brûle depuis des décennies un spectacle à la fois fascinant et inquiétant : le cratère de gaz de Darvaza, plus communément surnommé les « Portes de l’Enfer ». Ce puits naturel, alimenté en permanence par un gisement de méthane, affiche un feu ininterrompu qui éclaire les nuits désertiques depuis les années 1960 ou 1980 — selon les versions.
Mais ce qui semblait être un brasier éternel pourrait bien s’éteindre. Récemment, des autorités turkmènes ont annoncé une chute spectaculaire des émissions de gaz du cratère, jusqu’à tripler sa réduction, confirmée par des observations satellites. Un tournant qui pourrait changer à jamais le destin de ce phénomène unique au monde.
Une genèse mystérieuse
L’histoire du cratère de Darvaza reste enveloppée de mystère et de légendes. L’explication la plus répandue raconte qu’en prospectant du gaz naturel dans les années 1960, des ingénieurs soviétiques ont accidentellement provoqué l’effondrement d’une mine, laissant échapper du méthane toxique. Pour éviter une catastrophe environnementale plus grave, ils auraient alors décidé de mettre le feu au gaz, espérant ainsi réduire la fuite.
Cependant, certains rapports locaux avancent une date plus tardive, situant l’incendie dans les années 1980, allumé intentionnellement pour des raisons similaires. National Geographic, qui s’est penché sur cette énigme, souligne qu’aucune trace officielle ne confirme l’un ou l’autre scénario. Quoi qu’il en soit, ce feu infernal a résisté à tous les efforts d’extinction depuis.
Un brasier infernal aux conséquences réelles
Au-delà de son attrait touristique — les « Portes de l’Enfer » attirent des visiteurs malgré l’isolement géographique — ce phénomène pose d’importants problèmes environnementaux. Le méthane, principal composant du gaz s’échappant du cratère, est un gaz à effet de serre bien plus puissant que le dioxyde de carbone. Sa combustion continue contribue non seulement au réchauffement climatique, mais elle dégrade également la qualité de l’air local, affectant la santé des populations avoisinantes.
Le président turkmène Gurbanguly Berdymukhamedov, au pouvoir depuis plusieurs années, a d’ailleurs exprimé à plusieurs reprises son désir d’éteindre définitivement le cratère. Jusqu’à présent, les tentatives ont été vaines, en partie parce que boucher ce puits risque de provoquer la fuite du gaz ailleurs, un problème que les experts jugent difficile à maîtriser.

Crédit : iStock
Crédits : Teresa Otto/istockUne lueur d’espoir… et de nouveaux défis
En 2023 et 2024, des rapports ont révélé une baisse significative des émissions, certains évoquant même une division par deux selon les satellites d’observation. Cette évolution s’accompagne de travaux présumés de forage aux alentours du cratère, visant à exploiter ou canaliser le méthane plutôt que de le brûler inutilement.
Toutefois, le Turkménistan est un pays très fermé, et ces informations restent difficiles à vérifier, reposant en grande partie sur des rumeurs et des observations indirectes. Ce que l’on sait, c’est que l’extinction progressive du cratère, si elle se confirme, pourrait avoir un double impact : un soulagement écologique majeur, mais aussi une perte potentielle pour le tourisme local, qui profite de cette curiosité naturelle unique.
Ce qu’il faut retenir
Le cratère de gaz de Darvaza, surnommé les « Portes de l’Enfer », est un phénomène naturel spectaculaire qui brûle en continu depuis plusieurs décennies, alimenté par un gisement de méthane.
Ce feu éternel, situé au cœur du désert du Karakoum au Turkménistan, attire des touristes malgré son isolement géographique.
L’origine exacte du cratère est incertaine, entre accident d’effondrement de mine dans les années 1960 et incendie volontaire dans les années 1980 pour évacuer du gaz toxique.
Le méthane libéré est un puissant gaz à effet de serre, ce qui pose un problème écologique majeur.
Le gouvernement turkmène a exprimé à plusieurs reprises sa volonté d’éteindre le cratère, avec des actions récentes indiquant une possible réduction des émissions.
Le projet d’extinction doit toutefois gérer la complexité du réservoir de gaz, car boucher le cratère pourrait entraîner des fuites ailleurs.
La disparition du cratère soulève des inquiétudes économiques, car il est une source de revenus touristiques locaux.
La fermeture des « Portes de l’Enfer » pourrait donc être le début de nouveaux défis écologiques et socio-économiques pour le Turkménistan.