La construction résidentielle s’emballe dans la région de Québec. Les mises en chantier ont explosé en mai, elles ont augmenté de 219 % comparé au même mois l’an dernier.

Au total, plus de 2000 mises en chantier d'habitations ont été confirmées, selon les données de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL).

Le mois de mai a été assez exceptionnel, constate Francis Cortellino, économiste à la SCHL. Il y a eu sept gros projets locatifs mis en chantier dans la région.

Selon l’organisme fédéral, la région métropolitaine de recensement (RMR) de Québec revendique près du tiers de l’ensemble des mises en chantiers comptabilisées à l’échelle provinciale en mai.

Pour le remettre en perspective, la RMR de Québec rassemble environ 10 % de la population du Québec.

Ça reflète une tendance lourde qu’on a depuis le début de l’année dans la région de Québec, analyse Francis Cortellino.

Entre janvier et mai de cette année, les mises en chantier ont augmenté de 53 % dans la RMR de Québec par rapport aux 5 premiers mois de 2024 et ce, malgré un ralentissement en mars.

Québec en ébullition, Lévis anémique

La ville de Québec, spécifiquement, a été le moteur de la bonne performance de la région au mois de mai avec 1816 mises en chantier, soit près de 90 % du total enregistré.

À l’inverse, sur la rive sud, Lévis revendique 21 mises en chantier sur la période pour 1 % du total régional.

La SCHL y note d'ailleurs une baisse de 8 % des mises en chantier entre les mois de janvier et de mai par rapport à la même période en 2024.

La Ville de Lévis a choisi de restreindre sévèrement le développement immobilier sur les deux tiers de son territoire en raison d'un manque de capacité à traiter les eaux usées.

Photo : Radio-Canada

Le moratoire sur les nouvelles constructions, décrété par l’administration Lehouillier l’automne dernier, n’est pas étranger à ces résultats.

La Ville de Lévis se voit forcée de limiter la construction le temps de procéder à une mise à niveau de ses infrastructures de traitement des eaux usées.

Vers les records de la pandémie

La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) estime que Québec bouclera 2025 avec une forte hausse de ses mises en chantier.

Avec autant de gros projets qui sortent de terre, on va terminer à de très hauts niveaux, prédit Francis Cortellino.

La Ville de Québec a autorisé l'accélération de 18 grands projets de logement sur son territoire.

Photo : Radio-Canada

Vu la multiplication des chantiers dans la capitale, la SCHL n’écarte pas la possibilité que la RMR de Québec approche le record de 2021, établi en pleine pandémie en raison de la faiblesse des taux d'intérêt.

À ce moment, près de 9400 mises en chantier avaient été comptabilisées dans la région de Québec, un sommet depuis 30 ans.

Francis Cortellino rappelle que la Capitale-Nationale mènera la croissance démographique du Québec au cours des prochaines années. Selon lui, les promoteurs ont capté le signal qu'il est temps de construire.

Moody’s rassurée?

D’ici la fin du mois, le directeur général de la Ville de Québec, Luc Monty, se rendra à Toronto afin de rencontrer la direction de l’agence de notation Moody’s.

Luc Monty était de passage dans les studios de Radio-Canada à Québec au mois de mai.

Photo : Radio-Canada / Bruno Giguere

L’objectif est d’obtenir le maintien de la cote de crédit de la capitale malgré la décote récente du gouvernement du Québec par l’agence Standard & Poors.

Dans un contexte où la Ville de Québec tire les trois quarts de ses revenus de l’impôt foncier, l’augmentation des mises en chantier sur son territoire est une bonne nouvelle.

La capacité de Québec à continuer d’attirer des investissements pourrait même être cruciale advenant un ralentissement marqué de l’économie canadienne en raison de la guerre tarifaire avec les États-Unis.

Luc Monty compte aussi faire valoir auprès de Moody's les surplus de 100 millions dégagés par la Ville en 2024 de même que la diminution de la dette municipale depuis 2016.