Si l’apparence est un facteur important lors de la première impression, l’odeur peut elle aussi avoir son importance. D’ailleurs, de nombreuses études ont évoqué une possibilité étonnante : les hommes seraient capables de repérer les femmes fertiles à l’odeur et les trouveraient plus à leur goût lorsqu’elles ont le plus de chances de pouvoir concevoir un bébé, en pleine ovulation. Une équipe de l’Université de Leipzig (Allemagne) a décidé d’examiner ce mythe de plus près avec l’aide des technologies actuelles ainsi qu’une méthodologie plus pointilleuse et vient de livrer ses conclusions dans Proceedings of the Royal Society B le 24 juillet dernier.
L’odeur des femmes fertiles : de nombreuses études
Parmi les nombreuses recherches sur le sujet, celle de l’Université de Bern (Suisse) avait fait beaucoup de bruit en suggérant qu’au moment de leur cycle menstruel le plus propice à la fécondation, les femmes relâchent des hormones reproductives qui leur permettent d’avoir une odeur plus attractive. Pour le déterminer, les chercheurs avaient récolté l’odeur de 28 femmes accompagnée d’un test salivaire pour établir leur taux d’hormones. 57 hommes avaient ensuite noté ces odeurs de 0 à 100, ce qui avait mené à ces conclusions. Un taux d’œstrogènes élevé et de progestérone bas (indiquant ainsi une bonne fertilité) avait alors reçu les meilleures notes.
Une tout autre étude de 2016 avait aussi démontré que les femmes elles-mêmes trouvaient leurs comparses plus attirantes quand elles étaient les plus fertiles, bien que cela puisse déjà plus étonner d’un point de vue évolutif. Et bien sûr, ces deux exemples s’accompagnent d’une flopée d’autres qui estiment que l’odeur des femmes change au fil de leur cycle, permettant ainsi en théorie aux hommes d’identifier rapidement les partenaires avec qui les rapports pourraient mener à une grossesse, un phénomène qui serait encore plus marqué la veille ou le jour même de l’ovulation.
Des conclusions avec des limites…
Un nombre important de recherches sur un même sujet n’est pas forcément un indicateur de fiabilité. Il est en effet parfois nécessaire de réévaluer les résultats de certaines études pour s’assurer de leur fiabilité. En outre, certains travaux passés ne disposaient pas des technologies de pointe actuelles et n’avaient pas forcément bien évalué le moment du cycle menstruel où les femmes se trouvaient au moment des évaluations (avec notamment la vérification du taux d’hormones reproductives ou du timing exact de l’ovulation et les changements associés tout au long du cycle), ce qui peut rendre leurs conclusions discutables ou en tout cas sujettes à caution.
Madita Zetzsche et ses collègues ont donc décidé de se replonger dans ce sujet après n’avoir découvert aucune recherche montrant des changements chimiques dans l’odeur féminine produits par la fertilité, « ce qui serait pourtant crucial pour voir un effet », estime la chercheuse. L’équipe a donc décidé de mettre en place une méthodologie plus fiable et exhaustive pour essayer de trouver des preuves pouvant corroborer cet effet et ce qui pourrait chimiquement étayer cette croyance.

Alors, l’odeur de la fertilité existe-t-elle vraiment ?
Pour le découvrir, les chercheurs ont recruté 29 femmes hétérosexuelles âgées de vingt à trente ans qui n’avaient pas pris de contraception hormonale sur les six derniers mois afin de ne pas influencer les résultats. Ils ont récolté des échantillons au cours de dix sessions avant, pendant et après leur période de fertilité optimale. Des tests salivaires ont également été obtenus à chaque fois pour confirmer le moment du cycle plus précisément. Munis de ces prélèvements, les scientifiques ont ensuite pu comparer la composition chimique de l’odeur corporelle. Cela leur a permis de découvrir qu’il n’y avait aucune différence significative entre les échantillons prélevés, quels que soient le niveau de fertilité et les fluctuations hormonales à différents moments du cycle menstruel.
Pour aller plus loin, les chercheurs ont aussi demandé aux femmes de porter des compresses en coton au niveau de l’aisselle pendant douze heures pendant la nuit. 91 hommes de dix-neuf à quarante ans furent ensuite invités à noter l’odeur des femmes à différents moments de leur cycle menstruel suivant trois critères : si l’odeur était attirante, agréable ou intense. Aucun d’eux ne sentait la même femme deux fois. Or, là encore, les données ne montrent aucune corrélation entre les notes données et la fertilité.
Les chercheurs en concluent donc que si les femmes fertiles sentent effectivement différemment, l’effet pourrait être bien trop subtil pour que les hommes puissent le détecter dès la première rencontre. Toutefois, l’étude n’exclut pas une possibilité intrigante : celle que les hommes puissent être capables de sentir ces changements lorsqu’ils passent beaucoup de temps avec la même femme. D’autres recherches seront néanmoins nécessaires pour s’en assurer.
Vous pouvez consulter l’étude ici.