Les discussions commerciales entre le Canada et les États-Unis sont bel et bien à l’arrêt. Les équipes diplomatiques canadiennes ont poursuivi les échanges avec leurs homologues américains depuis la rupture des pourparlers, il y a cinq jours, mais le commerce n’est plus à l’ordre du jour, a révélé l’ambassadrice du Canada à Washington, Kirsten Hillman.

« J’ai eu des échanges avec un nombre important de contacts au sein du gouvernement [américain], et mon équipe aussi. Mais ces conversations ne portent plus spécifiquement sur les négociations commerciales, car les gens ont reçu la consigne de la part [du président] de mettre cela sur pause », a-t-elle expliqué mercredi en fin d’après-midi.

L’ambassadrice, également la négociatrice en chef du Canada auprès des États-Unis, comparaissait par visioconférence devant un comité sénatorial des affaires étrangères et du commerce international, à Ottawa.

M^me Hillman a assuré que des échanges sur d’autres sujets se poursuivent entre les équipes diplomatiques et que « les canaux de communication restent ouverts au plus haut niveau », rappelant la présence du premier ministre Mark Carney et du président Donald Trump en Corée du Sud mercredi.

Les deux dirigeants ont été contraints de se retrouver face à face, aux côtés de huit autres chefs d’État, pour un dîner spécial organisé par le président sud-coréen en marge du sommet de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC).

Selon les médias présents, ils se sont même échangé sourires et gestes complices en prenant place à la table.

Il s’agissait de leur première interaction en personne depuis que le président Trump a brusquement mis fin aux négociations commerciales la semaine dernière, imputant l’arrêt à une publicité anti-tarifs financée par le gouvernement de l’Ontario.

Des progrès tangibles

Durant sa comparution devant les sénateurs, l’ambassadrice Hillman a fourni davantage de détails sur l’état des négociations avant la controverse autour de la campagne publicitaire. Selon elle, les discussions s’étaient nettement accélérées à la suite de la dernière rencontre dans le bureau ovale entre MM. Carney et Trump, le 7 octobre.

Leurs équipes ont commencé à échanger presque quotidiennement pour parvenir à un accord sur les droits de douane sectoriels sur l’acier et l’aluminium, ce qui constituait, selon elle, « une première étape vers un accord entre le Canada et les États-Unis ».

« Il restait encore du travail à faire. Je ne veux pas laisser entendre que nous étions sur le point de conclure un accord, mais à mon avis, nous avons fait plus de progrès au cours de ces semaines-là que depuis très longtemps », a-t-elle précisé.

Le premier ministre Mark Carney avait lui aussi laissé entendre que le Canada était « près » de conclure une entente avec Washington sur les tarifs sectoriels avant la rupture des discussions.

Les droits de douane imposés en vertu de l’article 232 de la loi américaine sur l’expansion du commerce affectent lourdement les industries canadiennes de l’acier, de l’aluminium, de l’automobile, du bois et du cuivre. Les autres droits de douane ont un impact très limité, car la majorité des produits sont couverts par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM).

« Il existait des divergences dans notre perception de ce qui constituerait une bonne entente. Nous n’y étions pas encore parvenus, mais nous travaillions à les réduire et nous avions certainement réussi à en résoudre certaines », a indiqué l’ambassadrice.

Elle a également révélé que la taxe sur les services numériques, que le premier ministre Carney a abandonné cet été, avait contribué à faire avancer les pourparlers : « La décision que nous avons prise était importante pour pouvoir maintenir une conversation constructive. C’est quelque chose qui a contribué à créer une atmosphère globale constructive. »

M^me Hillman est toutefois restée floue lorsqu’on lui a demandé quelles devraient être les prochaines étapes ou la meilleure stratégie pour reprendre les négociations commerciales avec la Maison-Blanche. Elle a souligné que le Canada devait rester un partenaire fiable et qu’il resterait prêt à reprendre le dialogue dès que les Américains décideraient de revenir à la table.