Depuis des années, les installations nucléaires iraniennes cristallisent toutes les tensions internationales. Entre soupçons de développement d’armes atomiques et promesses d’un programme purement civil, la République islamique a investi dans des infrastructures parmi les plus protégées au monde. Certaines sont littéralement enfouies sous des montagnes. Aujourd’hui, alors que les tensions entre Israël et l’Iran atteignent un nouveau sommet, une question revient avec insistance : peut-on vraiment détruire ces sites surprotégés ?
La réponse est loin d’être simple, mais une chose est certaine : seules quelques armes au monde peuvent espérer percer les profondeurs de ces bunkers fortifiés.
Des installations creusées dans la roche
Prenons l’exemple de Fordo, l’une des installations nucléaires iraniennes les plus connues. Située près de Qom, cette usine d’enrichissement d’uranium est enfouie à environ 80 mètres sous une montagne. Elle a été expressément conçue pour résister aux frappes aériennes conventionnelles. À cette profondeur, même des bombes classiques de haute puissance ne peuvent rien.
Et Fordo n’est pas un cas isolé. L’Iran dispose de plusieurs sites protégés, souvent enterrés, certains intégrés à des bases militaires. L’objectif est clair : rendre toute tentative de frappe aérienne non seulement difficile, mais aussi inefficace.
Les bombes capables de frapper si profondément sont rares
Il existe cependant une poignée de munitions capables de frapper des cibles souterraines aussi profondes. La plus célèbre d’entre elles est américaine.
GBU-57 Massive Ordnance Penetrator (MOP)
Poids : 13 tonnes
Longueur : plus de 6 mètres
Capacité : peut percer plus de 60 mètres de béton armé, ou environ 100 mètres de roche
Transportée par : les bombardiers furtifs américains B-2 Spirit
Développée spécifiquement pour ce type de cible, la MOP est l’arme ultime anti-bunker. Mais elle n’est pas exportée : seuls les États-Unis la possèdent. Et seuls quelques avions dans le monde peuvent la transporter.

Et Israël dans tout ça ?
Israël, principal adversaire régional de l’Iran, ne possède pas officiellement la GBU-57. Mais l’armée israélienne dispose néanmoins de munitions puissantes :
GBU-28
Développée pendant la guerre du Golfe en 1991
Conçue pour pénétrer des bunkers irakiens renforcés
Capacité de pénétration : environ 6 mètres de béton ou 30 mètres de sol
Israël en a reçu plusieurs exemplaires des États-Unis, et pourrait théoriquement s’en servir contre des installations comme Fordo. Mais ce type de bombe serait probablement insuffisant pour atteindre le cœur d’une installation aussi profondément enterrée, sauf si la frappe est combinée à plusieurs tirs successifs au même point.
Des alternatives à la frappe directe
Israël pourrait envisager d’autres options :
Frappe indirecte : viser les infrastructures autour (alimentation, accès, ventilation), pour rendre l’installation inutilisable.
Sabotage ou cyberattaque : des opérations clandestines ont déjà été menées dans le passé. En 2010, le virus Stuxnet aurait gravement endommagé les centrifugeuses iraniennes.
Mini-drones et armes hypersoniques : en développement, ils pourraient un jour offrir une précision chirurgicale avec un pouvoir de pénétration plus élevé.
Mais la réalité, c’est que détruire totalement une installation comme Fordo reste un défi militaire considérable, même pour une puissance comme Israël.
Pourquoi ces cibles sont-elles si importantes ?
Les installations enterrées sont utilisées par l’Iran pour enrichir de l’uranium à des niveaux qui pourraient, en théorie, permettre la fabrication d’une bombe atomique. Si un pays voulait empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire par la force, ces sites seraient les premières cibles à neutraliser.
D’où l’intérêt stratégique majeur de ces bunkers, et la crainte qu’ils deviennent inaccessibles si l’Iran s’approche trop d’un seuil critique.