À Sept-Îles, l’usure prématurée d’une conduite d'égout principale cause du souci à la Ville et aux commerçants du centre-ville. Depuis 2021, 15 bris ont été comptabilisés sur le tuyau en question.

La conduite est située sous les avenues Arnaud et Brochu et la rue Retty. L'enjeu, c'est que c'est la grosse conduite, illustre la directrice générale de la Ville de Sept-Îles, Catherine Lauzon.

En juin 2024, deux fuites successives de la conduite ont nécessité des travaux majeurs, suspendant pendant plusieurs jours le traitement des eaux usées dans le centre-ville.

Pendant de telles réparations, Sept-Îles doit rejeter le contenu des égouts dans la baie et en informer le ministère de l’Environnement, explique Catherine Lauzon. C'est pourquoi la Ville demande à la population de réduire sa production d’eau grise.

Comme le centre urbain a grossi rapidement sous le coup des périodes d’expansion économique, tous ces tuyaux-là ont le même âge et arrivent à leur fin de vie en même temps, souligne la directrice générale.

Or, la conduite qui passe sous l’avenue Arnaud n’a que 25 ans. Ces bris répétés ne sont donc pas considérés comme normaux par la Ville.

Depuis 2021, Sept-Îles a répertorié 15 bris sur la conduite.

Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau

La Ville a déjà donné quelques mandats par le passé pour essayer d'établir c'est quoi la cause [...] [mais elle] demeure encore nébuleuse même pour les experts, rapporte Mme Lauzon.

À l’heure actuelle, Sept-Îles examine ses options. La Ville pourrait choisir de refaire la conduite au même endroit ou encore de la relocaliser, selon Catherine Lauzon.

Rejet d’eaux usées dans la baie

À Sept-Îles, le volume quotidien d'eaux usées est de 18 000 à 20 000 m³ par jour, indique le chef de la division environnement à la Ville de Sept-Îles, Jean-François Grenier. Détourner les eaux usées n’est pas une option en cas de bris, selon lui.

Le dernier bris de cette canalisation a duré environ 26 heures et a entraîné un rejet de 19 000 m³ dans la baie, rapporte-t-il.

Sept-Îles n'a pas fait la sommation de tous les rejets d’eaux usées depuis 2021. Bien que ce ne soit pas idéal, les eaux de la baie sont en mesure de prendre ces déversements ponctuels, estime Jean-François Grenier.

Ombre sur le cœur touristique de Sept-Îles

Le propriétaire du Château Arnaud, Béchir Ben Aïcha, se dit exaspéré par les problèmes répétés de la conduite. Son hôtel, situé à l’angle Arnaud et Napoléon, n’est qu'à quelques mètres du chantier.

Les travaux en cours sur l'avenue Arnaud, qu'il décrit comme la belle rue de Sept-Îles, ont des impacts économiques sur les commerces du secteur, selon lui. Il dit avoir remboursé plusieurs clients en raison du désagrément causé par les travaux, notamment le bruit, la poussière et les problèmes de signalisation.

Le propriétaire du Château Arnaud, Béchir Ben Aïcha, indique avoir dû rembourser des clients pour deux réservations annulées en raison des travaux, vendredi.

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

Alors que l'avenue Arnaud est selon lui le cœur touristique de Sept-Îles, l’hôtelier plaide pour une meilleure communication avec la Ville.

Tous les commerçants ici, ils voulaient savoir c'était quoi le problème. Est-ce qu'on peut aider? Est-ce qu'il y a un danger pour les bâtisses?, questionne-t-il. Espérons que dans le futur, les décisions de la Ville se prennent en considérant nos commerces.

La propriétaire d'un immeuble résidentiel et commercial sur l'avenue Arnaud, Corine Leblanc, indique que ses locataires sont importunés par la poussière depuis des semaines.

Corine Leblanc, propriétaire et gérante du restaurant Le P’tit snack, déplore les travaux répétés sur l'avenue Arnaud.

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

Celle qui est également propriétaire et gérante du restaurant Le P’tit Snack estime que ses clients sont désormais habitués à rencontrer des obstacles lorsqu’ils empruntent l'artère. C'est déprimant parce que c'est toujours à recommencer.

On comprend que oui, ce sont des travaux publics, mais c'est parce qu'[on paie] des taxes [...] nous autres aussi, déplore-t-elle.

Avec les informations d'Alban Normandin et Bénédicte Filippi