Alors que les tensions géopolitiques se ravivent et que les menaces deviennent plus technologiques que jamais, une nouvelle génération d’avions de chasse s’apprête à bouleverser l’équilibre mondial. Bienvenue dans l’ère des chasseurs de sixième génération — des machines de guerre volantes, intelligentes, furtives, et connectées à une armée de drones.
De la Seconde Guerre mondiale à l’intelligence artificielle : les 6 générations d’avions de chasse
Pour bien comprendre cette révolution, il faut remonter le fil de l’histoire.
Les avions de chasse sont classés par « générations », selon les technologies dominantes de leur époque :
1ère génération (années 1940-50) : moteurs à réaction rudimentaires (ex : F-86 Sabre).
2e génération : radars embarqués et missiles à tête chercheuse.
3e génération : avions polyvalents capables d’effectuer plusieurs types de missions.
4e génération (F-16, Mirage 2000) : plus de manœuvrabilité, meilleure avionique, commandes de vol numériques.
5e génération (F-35, J-20) : furtivité, fusion des capteurs, capacités de guerre en réseau.
Et maintenant, la 6e génération arrive. Avec elle, un changement de paradigme : ces chasseurs ne sont plus seulement des avions performants, ce sont des systèmes de combat aéroportés autonomes, interconnectés, et intelligents, conçus pour survivre à un futur champ de bataille saturé de radars, de brouilleurs et de drones ennemis.
Pourquoi la 6e génération est une rupture
Les chasseurs de sixième génération ne misent plus principalement sur la vitesse ou la manœuvrabilité, mais sur des concepts totalement nouveaux :
Furtivité à spectre complet : invisibilité radar, thermique et électromagnétique.
Capteurs longue portée ultra-performants : pour repérer l’ennemi avant même d’être détecté.
Systèmes d’intelligence artificielle embarqués : pour aider à la décision, voire contrôler des missions entières.
Collaboration avec des drones autonomes (« ailiers fidèles ») : pour former des escadrilles mixtes homme-machine.
Allongement massif de la portée et de l’autonomie : pour frapper loin derrière les lignes ennemies sans ravitaillement.
Ces avions ne sont plus de simples chasseurs : ce sont des centres de commandement volants, capables de synchroniser toute une force aérienne et de prendre des décisions en temps réel.
Trois programmes qui dominent la course
F-47 NGAD : la réponse furtive américaine
Les États-Unis ont révélé leur programme NGAD (Next-Generation Air Dominance) et son avion vedette : le F-47, un appareil ultra-secret mais déjà qualifié de « Stealth++ » par le chef d’état-major de l’US Air Force.
Ce que l’on sait :
Vitesse : plus de Mach 2.
Portée : 1000 milles nautiques, soit 50 % de plus qu’un F-35.
Armement : missiles air-air, air-sol, équipements de guerre électronique, probablement à charge utile variable.
Missions : commandement, dissuasion, frappe profonde, accompagnement de drones autonomes.
Son rôle ? Remplacer progressivement les F-22 et dominer les airs dans un environnement hostile, même au cœur du territoire ennemi. Sa mise en service est attendue avant 2030.

J-36 : le géant chinois de l’interdiction aérienne
Face à la montée en puissance américaine dans l’Indo-Pacifique, la Chine développe le J-36, un chasseur de 6e génération impressionnant, pensé pour contrôler le ciel sur de longues distances.
D’après des sources ouvertes :
Taille : 23 mètres de long, soit bien plus qu’un Rafale ou qu’un F-35.
Masse : jusqu’à 52 tonnes, avec un cockpit double pour une coordination en direct des drones alliés.
Portée estimée : 1 500 milles nautiques, soit plus de 2 700 km.
Capacité d’armement interne : plus de 4 500 kg.
Objectif : bloquer les accès stratégiques aux forces américaines, notamment les bombardiers comme le B-21 Raider.
Le J-36 utiliserait également trois moteurs, une configuration rare, pour garantir puissance, furtivité et autonomie.

GCAP Tempest : l’alliance Europe-Japon
Le projet GCAP (Global Combat Air Programme), anciennement « Tempest », est une alliance entre le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon, destinée à remplacer l’Eurofighter à partir de 2035.
Le Tempest promet :
Une portée permettant de traverser l’Atlantique sans ravitaillement.
Une charge utile de plus de 4 500 kg, deux fois celle du F-35A.
Des capteurs et systèmes d’IA embarqués pour la coordination instantanée avec drones, satellites et forces terrestres.
Une intégration totale dans un « système de systèmes » (cloud militaire partagé entre armées).
Un projet ambitieux, qui vise à placer l’Europe dans la compétition technologique aérienne face à Washington et Pékin.
Des avions… ou des dilemmes technologiques volants ?
Au-delà des performances, ces avions soulèvent d’immenses questions éthiques, stratégiques et politiques :
Jusqu’où peut-on déléguer à l’intelligence artificielle ? Qui décide de tirer : le pilote ou la machine ?
Peut-on faire confiance à des drones autonomes en situation de guerre ? Et si l’IA se trompait ?
Ces systèmes ne rendent-ils pas la guerre plus probable ? Leur automatisation et leur vitesse de réaction pourraient précipiter des escalades involontaires.
Comme le souligne John Hoehn, analyste à la RAND Corporation :
« La transition vers les chasseurs de sixième génération montre que les pays ne sont plus certains de la capacité de survie de leurs avions actuels. »
Autrement dit, le ciel devient trop dangereux, et il faut désormais des avions capables de voir avant d’être vus, frapper sans être détectés, et survivre dans un brouillard électronique permanent.
Le futur est déjà dans les airs
Les avions de chasse de sixième génération ne sont pas une simple évolution. Ils sont le visage d’une nouvelle guerre — une guerre ultra-connectée, automatisée, globale. Ils ne voleront jamais seuls. Ils coordonneront des essaims de drones, capteront des données satellites en direct, échangeront avec des soldats au sol et riposteront en quelques millisecondes.
Mais leur coût est colossal (des centaines de milliards de dollars), et leur développement souvent opaque. Ce qui inquiète : dans une telle course technologique, la transparence est minimale, mais les enjeux sont maximaux.