Des chercheurs australiens ont récemment mis en lumière un lien fascinant entre les habitudes de sommeil des nourrissons et le développement de traits autistiques. Publiée dans les Archives of Disease in Childhood, l’étude pourrait ouvrir la voie à de nouvelles stratégies de détection précoce de l’autisme, un trouble neurodéveloppemental encore mal compris, mais qui touche un enfant sur 100 à travers le monde. Cette découverte soulève des questions importantes sur l’importance du sommeil dans le développement des jeunes enfants et sur son rôle dans l’identification des signes précoces de l’autisme.
L’autisme : un trouble complexe et difficile à diagnostiquer
L’autisme, ou trouble du spectre de l’autisme (TSA), est un trouble neurodéveloppemental qui touche principalement les capacités de communication sociale et se caractérise par des comportements restreints et répétitifs. Bien que le diagnostic soit souvent posé après l’âge de 2 ans, dans certains cas plus graves, il peut ne pas être posé avant un âge plus avancé.
Cependant, un diagnostic précoce de l’autisme est essentiel, car des interventions précoces peuvent avoir un impact considérable sur le développement de l’enfant, en améliorant ses chances d’adaptation sociale et comportementale. Des chercheurs australiens travaillent actuellement sur l’identification de nouveaux indicateurs qui pourraient permettre de poser ce diagnostic plus tôt, facilitant ainsi la mise en place de traitements plus efficaces.
Une étude sur le sommeil des nourrissons
L’étude qui suscite aujourd’hui l’intérêt s’est intéressée à un facteur inattendu : le sommeil des nourrissons. Plus de 1 000 couples mère-enfant ont été suivis, avec des observations des habitudes de sommeil des nourrissons à l’âge de 6 et 12 mois. Les chercheurs ont ensuite évalué les traits autistiques des enfants à l’âge de 2 et 4 ans, en se basant sur les rapports des parents. À 12 ans, 64 enfants avaient reçu un diagnostic d’autisme.
Les résultats ont été révélateurs : les nourrissons présentant des troubles du sommeil étaient systématiquement plus susceptibles de développer des traits autistiques en grandissant. Par exemple, les nourrissons qui dormaient plus longtemps la nuit montraient une réduction de 4,5 % des traits autistiques à l’âge de 2 et 4 ans. En revanche, ceux qui mettaient plus de temps à s’endormir étaient 7,7 % plus susceptibles de recevoir un diagnostic d’autisme à 12 ans.
Les implications de cette découverte
Cette étude suggère que les comportements de sommeil des nourrissons, notamment la durée du sommeil nocturne et la latence d’endormissement (le temps qu’il faut pour s’endormir), pourraient être des indicateurs précoces du risque de développer l’autisme. Ces signes pourraient donc servir de base pour des stratégies de dépistage précoce, offrant ainsi aux professionnels de la santé la possibilité de détecter plus tôt les enfants à risque et d’intervenir plus rapidement.
Une intervention précoce est cruciale, car elle peut modifier le parcours de développement de l’enfant, notamment en lui apportant un soutien adapté pour améliorer ses compétences sociales et comportementales. Si les troubles du sommeil peuvent être corrigés en amont, cela pourrait réduire le risque de développement de comportements autistiques.

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Crédits : encrier/istockLe rôle de la mélatonine et de l’intervention précoce
L’étude a également observé que 42 % des enfants diagnostiqués avec l’autisme avaient utilisé de la mélatonine au cours du mois précédent. La mélatonine est un supplément souvent donné aux enfants ayant des troubles du sommeil, ce qui suggère que de nombreux parents tentent d’améliorer la qualité du sommeil de leurs enfants avant même que des signes évidents de l’autisme ne soient observés.
Ce phénomène soulève une autre question : à quel point les troubles du sommeil pourraient-ils être liés à des facteurs sous-jacents de l’autisme ? Si le sommeil est perturbé dès le plus jeune âge, il pourrait jouer un rôle dans l’apparition de certains traits autistiques. À l’inverse, en améliorant les habitudes de sommeil dès les premières années, peut-être serait-il possible de réduire certains comportements autistiques.
Vers une nouvelle approche de la détection de l’autisme
L’une des conclusions importantes de l’étude est la nécessité de mieux intégrer les observations du sommeil dans les protocoles de détection précoce de l’autisme. Au lieu de s’appuyer uniquement sur des évaluations comportementales ponctuelles, une approche longitudinale prenant en compte le sommeil pourrait fournir des indices précieux sur le développement de l’enfant.
Les chercheurs suggèrent que des évaluations de sommeil, comme la durée du sommeil nocturne et le temps nécessaire pour s’endormir, pourraient être des ajouts utiles dans les outils de dépistage existants. Cela permettrait aux professionnels de santé de repérer les enfants à risque dès les premières étapes du développement, avant qu’ils ne présentent des signes plus visibles du trouble.