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Je m’adresse à vous — à ceux qui dirigent, qui organisent, qui comptent, mais aussi à ceux qui regardent de loin sans trop savoir ce qui se passe derrière les portes closes des établissements de santé. Je vous écris avec la fatigue dans les os et la colère dans la gorge, celle qu’on retient trop souvent pour continuer à avancer.
Je suis infirmière auxiliaire. Un métier que j’aime profondément, parce qu’il relie les êtres dans leur vulnérabilité la plus brute. Soigner, c’est toucher du doigt ce qu’il reste d’humain quand tout vacille.
Mais depuis quelque temps, je me demande si cet humain n’est pas en train de disparaître, lentement, sous le poids de la rentabilité, des horaires impossibles et du silence poli de ceux qui ne veulent pas voir.
Il n’y a plus d’humanité dans les soins, ou si peu qu’elle se cache entre deux tournées, dans un regard échangé à la hâte, dans un geste qu’on tente de préserver malgré la course. Les patients en font les frais, bien sûr. On les voit attendre, trop longtemps, trop seuls. On voudrait leur donner le temps, la douceur, la présence, mais on n’a plus rien à offrir que des gestes mécaniques.
Et nous, les soignants, nous devenons les ombres de ce que nous étions. Fatigués, épuisés, vidés. On ne nous donne plus la motivation d’aimer ce qu’on fait, et quand on tente de parler, nos mots se perdent dans les couloirs de la gestion.
La fatigue est devenue notre seconde peau. Elle use le corps, mais surtout l’esprit. Elle installe le désenchantement, l’indifférence, et parfois même le mépris entre nous. Elle détruit la solidarité, pousse à l’individualisme, transforme le soin en survie. On se protège comme on peut, souvent en se refermant, parce que tout le reste fait trop mal.
Pendant ce temps, les absences augmentent, les postes se vident, et les gestionnaires continuent de modifier les horaires comme on bouge des pions sur un échiquier. Nous ne sommes pas des numéros. Pas des bouche-trous dans une grille de planification. Nous sommes des êtres humains faits de chair, d’émotions, de fatigue, de courage aussi.
Nous portons chaque jour la douleur des autres, mais le système, lui, ne veut pas entendre la nôtre. Le manque de respect ne vient pas seulement des mots, mais du silence. Du déni. De cette impression que notre souffrance est devenue normale, acceptable, inévitable.
Pourtant, malgré tout, on continue. Parce que quelque part, au milieu de cette fatigue, il reste encore un peu de lumière. Une main qui serre la vôtre, un sourire d’un patient, un merci murmuré, un regard qui dit « je sais ». C’est peu, mais c’est souvent ce qui nous tient debout. Ce qu’il reste quand tout s’épuise, c’est ce fil fragile qui nous relie encore à notre vocation, à ce que nous avons choisi d’être avant que le système ne vienne l’user.
Alors, à vous qui lisez ces mots, je ne demande pas la compassion. Je demande la conscience. Celle qui regarde en face ce que nous devenons collectivement quand nous laissons s’éteindre l’humanité dans les soins. Celle qui ose dire que la santé n’est pas une entreprise, que les soignants ne sont pas des ressources, et que la dignité ne se mesure pas en chiffres.
Je rêve d’un système qui écoute à nouveau, qui respecte, qui soutient. Un système où on ne soignerait pas malgré la fatigue, mais avec reconnaissance. Un système où l’on comprendrait que prendre soin des soignants, c’est déjà prendre soin des patients.
Je ne sais pas si ma voix changera quelque chose. Mais je sais que me taire, c’est renoncer à ce qu’il reste d’humain en moi. Alors j’écris. Pour moi, pour mes collègues, pour ceux qui n’ont plus la force de parler. Et pour rappeler que tant qu’il restera une seule main tendue, une seule parole sincère, une seule lueur d’empathie, il restera encore un peu d’humanité à sauver.