Le projet de loi 106, qui vise à lier les revenus des médecins à des indicateurs de performance, est mal reçu par l'Association des médecins omnipraticiens du Saguenay-Lac-Saint-Jean.

C’est l’aboutissement de l’incompréhension du ministre [Dubé] de la réalité des médecins de famille du Québec et particulièrement de notre région, a soutenu le président de l’association Kevin Girard au micro de l’émission Place publique.

Ces critiques surviennent alors que les consultations du projet de loi 106 ont été lancées par la Commission de la santé et des services sociaux de l'Assemblée nationale, mardi. Elles se termineront jeudi.

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

D’après Kevin Girard, une partie du salaire des médecins est déjà liée à la performance en raison du paiement à l’acte.

Si dans ma journée je vois 12 patients, mais que mon collègue en voit 24, il va facturer deux fois plus que moi au niveau de la Régie de l'assurance maladie du Québec [RAMQ], ce qui est donc déjà un peu un paiement à la performance. Nous on est moins d’accord avec l’idée de lier l’ensemble du salaire à des indicateurs de performance sur lesquels les médecins n'ont aucun contrôle, exprime-t-il.

Kevin Girard pointe notamment du doigt la demande du gouvernement d’inscrire plus de patients.

On aimerait bien le faire. Cependant, sans ressources supplémentaires à cette première ligne déjà anémique, on se demande comment on peut faire ça en gardant la même qualité de service, soutient le président de l'AMOSL.

Kevin Girard affirme qu’entre 25 % et 30 % des patients reçus dans les cabinets de médecin de la région pourraient être vus par d'autres professionnels de la santé, mais que ces derniers sont peu disponibles.

Les médecins travaillent suffisamment

Le gouvernement Legault a soutenu à diverses reprises que plusieurs médecins ne travaillent pas autant qu’ils le devraient. Kevin Girard considère que les données sur lesquelles s’appuie la Coalition Avenir Québec pour avancer ce genre de propos sont imparfaites.

Ils se basent seulement sur les heures qu’on facture à la RAMQ. Quand on fait de la paperasse par exemple, ce n'est pas compté, même si ça peut représenter 25 % de notre temps.

C’est la même chose lorsque les médecins font de l’enseignement. Ils sont payés par l’Université et non par la RAMQ. Alors, au final, cela donne des situations où on peut penser que certains font trois jours dans leur semaine, mais qui en réalité en travaillent cinq ou six, dit-il.

Quand on se fait dire qu’on ne travaille pas assez en se basant sur des données erronées, ça démoralise.

Kevin Girard avoue qu’il ne serait pas surpris que le projet de loi 106 décourage plusieurs médecins dans la province.

Déjà que l’ambiance était assez tendue avec le gouvernement dépendamment de l’humeur du premier ministre, je ne vous cacherai pas que l’association a eu des messages de médecins qui s'interrogent sur leur avenir.