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Si l'engagement politique des jeunes est en baisse au sein des partis traditionnels selon des experts, il se transmet parfois encore d’une génération à l’autre, comme c’est le cas dans la famille de l’ex-député bloquiste de Matapédia—Matane, René Canuel.
Un texte de Cédric Bérubé
Malgré leurs 70 ans d’écart, René Canuel et sa petite-fille, Renée-Lou, sont tous deux animés par le même rêve.
René-Lou, dans 25 ans, sera la présidente du pays du Québec... Le pays du Québec !, lance avec conviction l’ancien député bloquiste.
C’est avec enthousiasme que le grand-père envisage le futur de sa petite-fille, qui est récemment devenue la nouvelle présidente du conseil exécutif du Parti québécois (PQ) dans la circonscription provinciale Matane-Matapédia.
Il y a toute une génération qui n’a pas voté au référendum de 1995. Si on veut faire le pays, ça passe par les jeunes, il faut les ramener dans le camp du OUI, lance l’étudiante de 19 ans.

« Les jeunes sont intéressés à la souveraineté. Je constate un renouveau dans la volonté de s’affirmer comme peuple », souligne Renée-Lou Canuel.
Photo : AFP / Gracieuseté : Renée-Lou Canuel
Depuis un mois, elle représente les membres du PQ de sa circonscription dans les congrès et les conseils nationaux. Si on ne s’occupe pas de la politique, dit-elle, c’est la politique qui va s’occuper de nous.
Pour les jeunes, il y a tellement de choses qui nous touchent qui ont rapport avec la politique. On ne s’en rend pas compte parfois, mais absolument toutes les sphères de nos vies sont influencées par la politique.
Renée-Lou Canuel a décidé de s’engager par la voie du militantisme au sein d’un parti politique pour faire avancer le système. Je pense que c’est en étant dedans [le système] que tu peux réussir à changer les choses éventuellement.
Elle n’est pas la seule jeune à s’engager dans la région. Ses homologues dans les circonscriptions de Gaspé et de Bonaventure, Ludovic Landry-Ducharme et Ariane Cayer, sont respectivement âgés de 26 et 32 ans.
Les jeunes sont intéressés à la souveraineté. Je constate un renouveau dans la volonté de s’affirmer comme peuple, estime la militante.
Pourtant, l'engagement citoyen au sein des partis politiques est plus rare chez la plus jeune génération, rapporte le professeur agrégé au département de communication du Emerson College à Boston, Vincent Raynauld.
Au cours des vingt dernières années, des chercheurs remarquent un phénomène de self-actualization citizenship, c’est-à-dire une citoyenneté plus basée sur le profil identitaire des individus.
Les gens veulent vraiment être capables de s’exprimer par eux-mêmes, et non pas à travers d’organisations plus institutionnalisées.
L’universitaire remarque que dans les démocraties occidentales, les jeunes s’identifient de moins en moins à des partis politiques. Au contraire, ils se rattachent davantage à leurs buts personnels.

Les réseaux sociaux diversifient les moyens de s'engager en politique, selon le professeur agrégé au département de communication du Emerson College, Vincent Raynauld.
Photo : Vincent Raynauld
En ce sens, l’engagement de René-Lou Canuel détonne, selon le chercheur. [L’engagement de la jeune dame] ne va pas dans les tendances qu’on remarque présentement, soit l’engagement à des causes communes qui est moins présent.
Une histoire de famille
Le milieu politisé dans lequel a été élevée Renée-Lou Canuel explique fort probablement pourquoi la jeune étudiante a choisi de devenir présidente du conseil exécutif du PQ dans Matane-Matapédia. Chaque midi, au primaire, quand je dînais avec mon grand-père la télé était ouverte avec Mordus de politique, raconte-t-elle, le sourire aux lèvres.
Au fil des ans et des discussions, son grand-père lui a partagé de nombreuses anecdotes sur sa vie en politique, notamment d'une rencontre avec René Lévesque, qui l'a convaincu de se lancer en politique.

L'ancien bloquiste, René Canuel, estime que la venue des réseaux sociaux plombe l’engagement politique des plus jeunes.
Photo : Radio-Canada / Cédric Bérubé
À Mont-Joli, son avion était en retard d’une heure. Je lui ai donc proposé une consommation, nous avons parlé pendant une heure. C’est là que j’ai compris que René Lévesque était un homme très simple, intelligent et avec une vision profonde.
J’ai vécu des événements qu’elle n’a pas vécus. Charlottetown, Meech [ce sont des échecs d’accords constitutionnels où] les autres provinces et territoires nous ont craché dessus, ajoute l’ancien élu.
Mon grand-père a influencé mes choix politiques en m’enseignant bien l’histoire du Québec, ainsi que l’histoire qu’il a vécue. En m’apprenant à être curieuse.
Les réseaux sociaux : utiles, mais éphémères
Pour l'ancien bloquiste, l’arrivée des réseaux sociaux plombe l’engagement politique des plus jeunes.
Plus que tu es ouvert sur le monde, moins tu attaches d’importance à ton terrain, affirme-t-il.
Il donne l’exemple de ses propres enfants, qui ont perdu de la vigueur dans leur désir que le Québec devienne indépendant après avoir beaucoup voyagé.
Si Renée-Lou Canuel reconnaît que les réseaux sociaux peuvent créer un certain désengagement face aux enjeux de proximité, elle estime aussi qu’ils permettent de rejoindre plus de jeunes. La page OUI Québec, en annonçant leurs événements sur les réseaux sociaux, ça peut faire grandir le patriotisme québécois.
Selon Vincent Raynauld, qui étudie les pratiques de mobilisation politique citoyenne sur les médias socionumériques, les deux Canuel ont partiellement raison.
Lors du Printemps érable, Facebook était vraiment l’outil permettant aux gens de créer des groupes Facebook pour organiser des manifestations. Facebook, donc un réseau social, était vraiment le moteur d’engagement politique, dit-il.
Je crois que [les réseaux sociaux] viennent diversifier l'engagement politique des membres du public. Les militants se retrouvent dans une situation où ils vont faire du local, national et global très rapidement , ajoute l’universitaire.
Le professeur nuance toutefois que l'engagement via les réseaux sociaux peut aussi être très éphémère.
Les médias sociaux exposent le public à une quantité effarante d'information. Les médias sociaux peuvent mobiliser le public, mais cette mobilisation-là est souvent d’une courte période.
Ensuite, le public passe à une autre cause, puisqu’il est exposé à tellement d'informations. C’est difficile de maintenir son attention sur une cause politique, ajoute le chercheur.