Voici presque dix ans maintenant que l'Accord de Paris sur le climat a été adopté. Il est ratifié par plus de 190 États membres de la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). Des États qui ont donc accepté l'objectif de maintenir l'augmentation de température moyenne de notre Terre « bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels, et de préférence, sans dépasser les +1,5 °C ». Le dernier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climatGroupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) concluait que, sans réduction drastique de nos émissionsémissions de gaz à effet de serre, ce seuil de 1,5 °C de réchauffement serait atteint entre 2030 et 2035.

Mais dès 2024, coup de tonnerre, la température moyenne a dépassé de 1,55 °C (chiffres Organisation météorologique mondiale - OMM) celle de la période 1850-1900. Une triste première qui ne sonne tout de même pas le glas des objectifs de l'Accord de Paris. Il faudrait pour cela que le seuil soit franchi en moyenne sur 20 ans.

Des températures au-dessus de l’eau qui changent tout

Cependant, des chercheurs de l'université de Graz (Autriche) publient aujourd'hui de nouveaux résultats qui devraient réveiller notre envie d'agir de manière urgente. Sans cela, le +1,5 °C de réchauffement climatique pourrait être atteint dès 2028 - avec les marges d'erreur, entre 2025 et 2032. Parce que la Terre se réchauffe plus et plus vite que prévu par les modèles ? Peut-être. Mais ce n'est pas ce que les chercheurs soulignent ici.

Dans la revue Nature Communications Earth & Environment, les chercheurs expliquent comment ils ont plutôt réussi à améliorer la fiabilité des mesures. En levant une incertitude qui demeurait au-dessus des océans. Car jusqu'ici, les relevés pris en compte étaient ceux effectués par des bouées dérivantes. Sur les premiers mètres d'eau de mer, donc. Et non au-dessus de la surface de l'eau.

Des objectifs climatiques qui doivent être clarifiés

En combinant les meilleures sources de données disponibles provenant de centres climatiques internationaux, les chercheurs ont établi une nouvelle référence pour la période 1850-2024. Ils ont complété le tout avec des prévisions jusqu'en 2034 et des scénarios qui nous projettent jusqu'en 2050. Conclusion : les températures de l'airair à la surface de la Terre sont de 6 % supérieures à celles données par les moyens de surveillance conventionnels. Pour 2024, l'équipe évoque, par exemple, un réchauffement de +1,62 °C !

Les chercheurs appellent ainsi, d'une part, à créer une base d'évaluation de conformité nouvelle pour la mise en œuvre politique et juridique de l'Accord de Paris. Et d'autre part, à clarifier les objectifs fixés il y a dix ans. Et notamment la formulation « bien en dessous de +2 °C » qui laisse une grande part de flou. Peut-être grâce à un « en dessous de +1,7 °C ». Pour que tout le monde sache enfin où nous en sommes et ce qu'il nous manque pour y arriver. « Il est grand temps de rendre ces objectifs internationaux contraignants de limitation du réchauffement climatique véritablement mesurables et vérifiables afin de soutenir l'action climatique urgente sur des bases climato-physiquesphysiques généralement valables », concluent les chercheurs.