Le Centre féminin de Saguenay a dû refuser 70 % des demandes d'hébergement depuis le début de l'année, soit 279 au total. L'organisme reconnaît que la crise du logement complique son travail, c'est-à-dire de venir en aide aux femmes victimes de violence conjugale et de reloger ses usagères sortantes.

Jeanne Palardy est intervenante au Centre féminin de Saguenay depuis plus de quatre ans. Elle explique qu’il est toujours douloureux de ne pas pouvoir offrir un toit à des personnes dans le besoin.

La crise du logement fait que nos hébergements sont plus longs, parce que c'est plus difficile de reloger les femmes accueillies. [...] On peut moins répondre à la demande, explique-t-elle.

Avec ses 13 logements, le Centre féminin affirme être limité en matière d’espace. Jeanne Palardy assure toutefois que l'organisme ne laisse jamais quelqu'un complètement seul.

On fait le tour de la situation et quand on voit qu'il y a un niveau de dangerosité élevé, on entre en action et on se parle entre partenaires pour s'assurer de mettre un filet de sécurité autour des personnes qui sont dans une situation de dangerosité, nuance Jeanne Palardy.

Alors que les logements pour les victimes se font plus rares, le nombre d'événements liés à la violence conjugale ne diminue pas de manière significative.

Le Service de police de Saguenay (SPS) a reçu 663 appels pour ce motif en 2024, soit environ deux appels par jour. En 2023, le total était de 671.

Le Centre féminin espère que le financement des organismes d’aide aux victimes de violence conjugale soit revu à la hausse et ajusté en fonction du nombre croissant de demandes.

Un constat partagé

Trouver un hébergement pour les victimes de violence conjugale est également un défi un peu partout dans la province, selon le Centre d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC).

L’organisme, qui collabore avec des centres d'hébergement partout au Québec, constate que ces derniers font face à beaucoup de demandes.

Ça arrive par moment effectivement qu'on a vent sur le terrain que c'est une situation qui est plus difficile et donc qu'on n'est pas en mesure dans certains organismes d'accueillir des femmes qui auraient besoin d'hébergement, mentionne la coordonnatrice aux communications et aux relations publiques du CAVAC, Marie-Christine Villeneuve.

La coordonnatrice aux communications et aux relations publiques pour le réseau des Centres d’aide aux victimes d’actes criminels (CAVAC), Marie-Christine Villeneuve.

Photo : Gracieuseté

Loge m’entraide se dit préoccupé

La situation inquiète aussi Loge m'entraide, qui soutient les personnes locataires vulnérables et à faible revenu dans le secteur de Saguenay.

Lorsque l'on fonde une coopérative d'habitation, on interpelle les centres d'hébergement pour savoir s'il y a des femmes victimes de violence qui pourraient donner leurs noms habiter dans ces logements sociaux, explique la coordonnatrice de l'organisme, Sonia Côté.

Sonia Côté est la coordonnatrice de Loge m'entraide, un organisme qui défend les locataires appauvris.

Photo : Radio-Canada / Laurie Gobeil

Pour Mme Côté, la solution passe par la construction de logements sociaux. À ses yeux, ce type de projet permettrait de répondre aux besoins de nombreuses personnes, dont les victimes de violence conjugale.

Ce que l'on entend, c’est que le logement social permet une sécurité locative, autant financière qu'au niveau de l'environnement.

L’organisme voudrait que ce type d’infrastructure figure parmi les priorités des gouvernements.