Le syndicat des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l’Est-du-Québec (SIIIEQ) dénonce la diminution de service des laboratoires la nuit en Gaspésie.

Les technologues ne sont plus sur les lieux de travail, mais attendent à la maison les appels d’urgence des hôpitaux de Sainte-Anne-des-Monts, de Maria et de Gaspé.

Ce sont alors les infirmières des urgences qui s’occupent des tests de routine.

L’horaire est en place depuis quelques années en Haute-Gaspésie, mais c’est une façon de faire qui est récente à Maria et à Gaspé.

Pour le président du SIIIEQ, Pier-Luc Bujold, la situation est inacceptable, car pour lui, ce sont des tâches supplémentaires pour les infirmières déjà surchargées.

Le CISSS [de la Gaspésie] ferme les laboratoires et demande aux infirmières et infirmières auxiliaires des urgences d'effectuer des analyses de laboratoire avec des appareils mobiles. Donc, pendant que les travailleurs de l'urgence font ces analyses de laboratoire, et bien ils ne font pas leur tâche d'évaluer les patients, de trier les patients, leurs tâches habituelles, affirme-t-il.

À chaque fois qu'il y a des coupures au CISSS de la Gaspésie, souvent c'est les infirmières et les infirmières auxiliaires qui écopent. Le scénario se répète encore.

Jenny Tardif et Pier-Luc Bujold lors d'une conférence de presse commune des deux syndicats, il y a quelques années. (Photo d'archives)

Photo : Gracieuseté : Pier-Luc Bujold

C’est le CISSS du Bas-Saint-Laurent qui est responsable des laboratoires en Gaspésie.

Pour le porte-parole, Gilles Turmel, il s’agit d’une situation exceptionnelle pour une situation temporaire. Elle est causée par le manque de technologues médicaux.

Il assure que la situation est temporaire à Maria et à Gaspé et que l’horaire des laboratoires de nuit des hôpitaux sera réévalué à la fin des vacances d’été. Ce plan de contingence là qu'on a mis en place, c'était vraiment la meilleure solution dans les circonstances.

Il juge que la charge de travail est raisonnable pour les infirmières.

Parlons du côté de Maria, [...] en moyenne, c'est peut-être un examen par nuit que les infirmières doivent faire pour répondre à un besoin très ponctuel. Mais je le rappelle, il y a toujours une technologiste médicale qui est de garde et qui peut être appelée à tout moment.

Cependant, la situation est en place depuis un bon moment à Sainte-Anne-des-Monts et elle restera telle quelle. Le problème selon lui, c'est le manque de personnel.

Gilles Turmel est porte-parole CISSS Bas-Saint-Laurent. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Luc Tremblay-Rim

Le résultat d'Optilab selon l'APTS

La représentante nationale de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS), Jenny Tardif, dénonce aussi la situation.

Elle rappelle que depuis la réforme Optilab de l'ancien ministre de la Santé, le Dr Gaétan Barrette, le nombre de technologues médicaux n’a cessé de diminuer dans la région. Elle est convaincue que ces mesures libérales ont fait fuir les jeunes de la profession. En plus d'avoir la perte de 40 % à 50 % de nos effectifs, c'est que l'embauche est extrêmement difficile, assure-t-elle.

Le bassin de possibilités d'embauche est très restreint. On a pratiquement cinq finissants cette année au Cégep de Rimouski pour couvrir tout l'est du Bas-Sainte-Laurent, donc cinq finissants, c'est très peu.

Selon elle, il faut que les autorités mettent en place des mesures pour redorer le métier et attirer les jeunes technologues en région. Il faut une réelle volonté politique à s'attarder à cette problématique-là qu'est la difficulté d'embauche de technologistes médicaux.