Le permafrost (ou pergélisol en français) est le sous-sol gelé présent dans certaines régions du monde. Pour parler de permafrost, le sol doit être gelé toute l'année, pendant au moins deux ans. Lorsqu'il fond, ce qui arrive de plus en plus, le sol s'affaisse et des catastrophes peuvent se produire : des glissements de terrain et des chutes de pierres plus ou moins importantes. C'est justement cette fontefonte du permafrost qui a certainement provoqué l'effondrementeffondrement d'une partie du Birch, le glacier suisse qui a enseveli le village de Blatten, le 28 mai dernier.

Les années 2022, 2023 et 2024 comptent parmi les cinq années hydrologiques les plus chaudes enregistrées depuis le début des relevés en Suisse, soit depuis 1864. La température de l'airair a gagné 1,4 à 1,9 °C comparé à la moyenne 1991-2020, et 2,9 °C comparé à la moyenne 1871-1900. La Suisse se réchauffe donc beaucoup plus vite que la moyenne mondiale, qui est d'environ 1,5 °C en 2024.  

Les dernières mesures effectuées par les scientifiques suisses montrent que le permafrost des Alpes suisses n'a jamais été aussi chaud que lors de l'année hydrologique 2024, qui s'étire du 1^er octobre 2023 au 30 septembre 2024. Sur les 23 sites étudiés au cours des 10 dernières années, la température du permafrost a augmenté partout, avec une hausse supérieure à 0,8 °C à 10 mètres de profondeur. Phénomène étonnant, la hausse de la température du permafrost s'est accentuée à cause des chutes de neige précoces survenues à haute altitude à l'automne 2023 : cette couverture neigeuse précoce a eu pour effet de piéger la chaleurchaleur accumulée l'été dans le sol.  

Des effondrements bien plus importants en prévision

Le permafrost est présent sur 5 % du territoire suisse, la plupart du temps au-delà de 2 500 mètres d'altitude.  Les changements observés à 10 mètres de profondeur vont se propager bien plus bas, selon les chercheurs suisses. Cette fonte entraîne des mouvementsmouvements de la couche superficielle (composée de roches et sédiments) : cette couche dite « active » fond chaque été et regèle chaque hiver. Mais pas seulement, cette couche en surface a tendance à augmenter puisqu'elle se mêle à la fonte du permafrost. Elle a ainsi gagné plusieurs mètres d'épaisseur en l'espace de 20 ans : elle n'a jamais été aussi épaisse qu'en 2024.

Le Schilthorn, un sommet de 2 969 mètres d'altitude dans les Alpes bernoises, en Suisse, est la zone la plus touchée : sa couche superficielle est passée de moins de 5 mètres en 2000 à plus de 13 mètres en 2023 ! Elle est devenue tellement épaisse qu'elle n'a pas réussi à regeler au cours de l'hiver 2024.

Avec une telle épaisseur, un glissement de terrain serait catastrophique : si la couche superficielle du permafrost est plus épaisse, la quantité de roches et sédiments qui pourrait s'écrouler dans les vallées serait bien plus importante.