Une nouvelle approche d’intervention visant à réduire le nombre de collisions mortelles ou avec blessés graves est instaurée sur dix sites névralgiques à travers la province, notamment sur un tronçon de 44 kilomètres de l'autoroute 20 entre Rimouski et le carrefour giratoire à Mont-Joli.

Ce que la Sûreté du Québec (SQ) appelle une « Zone zéro » a pour but de protéger les vies humaines en implantant des mesures spécifiques. Ce secteur de l’A-20 a été identifié puisqu’il est considéré comme accidentogène. Pas moins de 380 collisions graves ou mortelles y sont survenues depuis 2019.

La grande majorité des collisions sur ce tronçon-là sont attribuables à un comportement humain non sécuritaire , fait valoir Carl Belisle, responsable à la Direction de la sécurité des réseaux de transports à la SQ.

La vitesse et les comportements imprudents, comme suivre un véhicule de trop près, ainsi que le partage de la route avec les véhicules lourds sont principalement montrés du doigt.

La SQ et ses partenaires, notamment la Société de l’assurance automobile du Québec et le ministère des Transports et de la Mobilité durable, y voient cependant un potentiel de changement des habitudes.

On cherche des solutions pérennes dans le futur pour améliorer collectivement la sécurité de notre réseau de transport.

Si on veut améliorer le bilan dans certains secteurs plus problématiques, on doit être beaucoup plus précis dans notre façon d’intervenir collectivement et ça inclut l’usager de la route , ajoute M. Belisle.

Environ 145 mesures seront déployées à travers le Québec pour réduire le nombre d’accidents. Une trentaine d’entre elles seront utilisées dans la « Zone zéro » du Bas-Saint-Laurent.

Une mesure choc venue de Belgique

La présence policière est plus importante entre les kilomètres 597 et 621 de l’autoroute 20, mais cela ne suffit plus. Le corps policier veut donc connecter le cœur des automobilistes à la réalité d’une tragédie afin que le message résonne autrement.

Au cours des prochaines semaines, des conducteurs fautifs qui se font intercepter dans ce secteur se verront offrir une option pour le moins inusitée.

D’aller dans un véhicule qui va être sécurisé et dans ce véhicule-là, ils vont rencontrer une personne qui a eu la malchance de perdre un proche dans la zone zéro, un enfant, un parent et elle va vous expliquer en quelques minutes son histoire, explique M. Belisle.

Cette conversation intime a pour but de faire prendre conscience des conséquences désastreuses que peuvent avoir des comportements imprudents sur la route.

Un grave accident sur l'autoroute 20 dans le secteur de Saint-Anaclet-de-Lessard a coûté la vie à Arianne Dubé le 16 novembre 2024. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

La démarche d’impact n’a pas encore eu lieu. La SQ s’affaire à identifier des candidats ayant le goût de partager leur expérience personnelle. Ça prend une personne qui est à l’aise d’avoir une conversation qui risque d’être émotive avec une autre personne qu’elle ne connaît pas, ajoute Carl Belisle.

Le projet comprend aussi un volet éducatif qui vise à sensibiliser les futurs conducteurs. L’information sera transmise par les écoles de conduite grâce à du matériel développé avec la SAAQ. Des outils très simples, mais très efficaces aussi qui expliquent la composante de la Zone zéro de l’autoroute 20 dans le secteur Rimouski - Mont-Joli.

De petits changements qui sont faciles à atteindre pour la collectivité vont avoir une énorme influence sur la qualité du bilan dans les années futures.

Selon la Sûreté du Québec, 359 personnes sont mortes lors d’une collision survenue au cours des cinq dernières années dans la province et 1253 ont été gravement blessées.