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La Gaspésienne qui a magnifié les Jardins de Métis

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Les milliers de lupins des Jardins de Métis sont au paroxysme de leur floraison lorsque Patricia Gallant accepte de s’arrêter quelques instants, dans le tumulte du travail printanier, pour accorder une entrevue.

Partout autour, la dizaine de jardiniers qu’elle supervise s’affairent à mettre en terre les plantes annuelles qui allaient bientôt briller de mille feux, à travers les vivaces.

Assise sur un banc de bois, la tête entourée d’épis floraux pastel, la jardinière prend doucement la mesure de sa longue carrière, à quelques jours de sa retraite.

Des lupins en fleurs en avant-plan, avec Patricia Gallant assise à l'arrière sur un banc.

Les lupins fleurissent par milliers dans le pré, un espace jadis gazonné où on a cessé la tonte pour laisser place aux fleurs.

Photo : Radio-Canada / Myriam Ouellette

Je n’ai pas l'impression que ça fait 37 ans, honnêtement, dit-elle en riant. J'ai l'impression que j'ai commencé à travailler hier.

Avoir travaillé ici, c'est avoir fait ce que j'aimais dans la vie. Ce n’est pas tout le monde qui a cette chance-là.

Puis, sa gorge se noue, ses yeux vifs se remplissent d’eau. Son rire se transforme soudainement en sanglots. Je me sens choyée d'avoir pu travailler dans un environnement aussi beau, dit-elle en pleurant. Je n’ai pas senti que le temps a passé.

Derrière, les lupins bercent doucement l’immense gratitude de la jardinière, maintenant prête au repos.

L'appel des jardins

Lorsqu’elle a mis les pieds aux Jardins de Métis pour la première fois en 1987, Patricia Gallant a eu un coup de cœur instantané.

Je n’avais même pas visité le jardin encore. J'ai traversé le premier pont, puis, je me souviens, il y avait une chaise juste à côté à l'époque, je me suis assise là, se remémore la dame de 62 ans. J'ai regardé mon amie et je lui ai dit : " C’est ici que je vais travailler ". C'était clair dans ma tête. C'était ça, il y avait un appel.

Fraîchement diplômée en horticulture de l'Institut de technologie agricole de La Pocatière, Patricia Gallant venait de trouver sa destinée.

Portrait de Patricia Gallant, devant un arrière-plan fleuri.

Patricia Gallant savait qu'elle ne voulait pas d'une carrière qui l'obligerait à être confinée dans un bureau.

Photo : Radio-Canada / Myriam Ouellette

L’attrait de la nature l’habitait depuis sa tendre enfance en Gaspésie, à Saint-Alexis-de-Matapédia. Élevée sur une ferme, elle a grandi entourée de fleurs et de plantes potagères.

Ça m'a toujours fascinée, lance-t-elle, le regard brillant. Je suis celle qui s'en allait dans le bois pour regarder les plantes, pour essayer de les identifier. Je pensais aller vers l’agriculture au départ. Finalement, quand j'ai découvert l'horticulture, ça a vraiment été un coup de cœur, ça a été une passion.

C’est en offrant des formations aux jardiniers que Patricia Gallant a fait son entrée aux Jardins de Métis à la fin des années 1980. Elle décroche un poste permanent en 1988 à titre de technicienne en horticulture.

Patricia Gallant, en 1989.

Patricia Gallant photographiée dans l'Allée royale au début de sa carrière, en 1989.

Photo : Ministère des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche

Au début des années 2000, elle devient l’horticultrice en chef des célèbres jardins créés entre 1926 et 1958 par Elsie Reford. C’est cette dernière qui a eu l’audace de transformer un camp de pêche bordé par une forêt d’épinette en un jardin d’exception.

La cheffe d’orchestre

Lorsqu’elle déambule dans les jardins, Patricia Gallant donne l’impression de faire visiter sa maison.

Elle connaît tous les recoins et peut nommer en latin le nom des quelque 3500 espèces et cultivars qui ornent les 20 acres du secteur historique.

L'identification, ça a toujours été ma force, lance avec fierté l’horticultrice. J'ai une facilité pour l'apprentissage des noms de plantes, mais je ne retiens pas les noms des humains!

Patricia Gallant entourée d'azalées.

« Les azalées sont tellement belles cette année », lance Patricia Gallant en traversant l'Allée des azalées.

Photo : Radio-Canada / Myriam Ouellette

Tout en marchant, Patricia Gallant pince les fleurs fanées et replace des panneaux d’identification mal positionnés. Le printemps, c’est une course contre la montre aux Jardins de Métis, mais c’est également son moment préféré.

C’est un moment magique dans le jardin, quand tout revient, dit-elle. Il n’y a pas encore de gros massifs fleuris, tu peux apprécier chaque fleur pour ce qu’elle est. Au printemps, chaque plante a son petit moment à elle.

Lorsqu’elle fait son entrée dans le Jardin des primevères, Patricia Gallant est interpellée par la jardinière responsable du secteur.

On a un problème, les browallias fleurissent en bleu et pas en blanc, lance Rachel Weisnagel.

Patricia croit qu’il y a peut-être eu une erreur dans l’envoi des semences et promet à Rachel d’aller inspecter les autres semis dans la serre. Pas moins de 25 000 plantes annuelles y ont été parties à la graine, dès le mois de février, et encore beaucoup d’entre elles ne sont pas encore mises en terre.

Rachel Weisnagel et Patricia Gallant discutent devant une plate-bande.

La jardinière Rachel Weisnagel est responsable du Jardin des primevères. Elle considère Patricia Gallant comme sa mentore.

Photo : Radio-Canada / Myriam Ouellette

Un plant d'impatientes à la main, Rachel informe Patricia de l’avancement de la plantation dans son secteur. 

Ça fait beau le mauve avec ça, Rachel, commente Patricia en regardant l’assortiment des lobélies violettes avec les bégonias saumon qu'elle vient de mettre en terre dans la plate-bande.

Patricia, c’est ma mentore, c’est une personne-ressource, elle connaît tout le jardin comme le fond de sa poche, mentionne Rachel Weisnagel, avant que sa supérieure poursuive sa route, d’un bon pas.

Patricia Gallant dans le secteur de l'Allée royale des Jardins de Métis.

Patricia Gallant discute avec la jardinière responsable de l'Allée royale.

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

En arrivant sur l’Allée royale, Patricia fait aussi le point avec la jardinière responsable de ce secteur emblématique des Jardins de Métis. Elle s’appelle Isabelle, c’est ma petite abeille, lance-t-elle joyeuse, malgré tout le travail à abattre.

Puis, l'horticultrice remarque un lys aux feuilles jaunâtres et anormalement nervurées. Elle se penche pour mieux l’observer. Il manque de magnésium, lance-t-elle, comme s’il s’agissait d’une évidence.

Rien n’échappe à son œil aguerri.

Patricia Gallant dans un jardin.

Patricia Gallant doit coordonner tout ce qui est relié aux jardins historiques.

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Patricia Gallant agit comme une véritable cheffe d’orchestre aux Jardins de Métis, mais ses musiciens sont plutôt des jardiniers et leurs instruments, des végétaux.

En plus de gérer les commandes de vivaces et d’annuelles, la production des semis et la plantation, l'horticultrice en chef doit s’assurer de la fertilisation des sols et du contrôle phytosanitaire des jardins.

Elle doit aussi orchestrer minutieusement la composition des plates-bandes, notamment par l’ajout, chaque année, de variétés annuelles qui viendront assurer une floraison continue parmi les plantes vivaces.

La couleur des fleurs, la hauteur des plants, la période de floraison, le lieu de plantation, les besoins du cultivar : autant de variables qui doivent être prises en compte pour que les visiteurs en aient plein les yeux, de mai à octobre.

Patricia Gallant de dos avec une plate-bande fleurie derrière.

Patricia Gallant doit penser à la composition des plates-bandes en assurant une floraison continue du printemps à l'automne.

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Mais le maestro des Jardins de Métis reste humble, elle sait qu’elle ne contrôle pas tout. Sa salle de concert s’ouvre sur le ciel.

La nature décide, on travaille avec des éléments qu’on ne contrôle pas.

Ce n’est jamais pareil d’une année à l’autre, poursuit-elle. C’est fascinant, tout le temps. Tu peux planter la même plante au même endroit, la première année elle peut donner un résultat extraordinaire, mais l’année suivante, ça ne veut pas dire que ça va être la même chose, dépendamment des conditions météo.

Puis, elle lève les yeux, remarque une branche d’épinette dépourvue d’aiguilles. Tu vois, les arbres, je trouve qu’ils dessèchent de plus en plus , lance-t-elle.

Elle dit constater très clairement les effets des changements climatiques dans les jardins.

Depuis plusieurs années, les printemps sont très changeants, on a moins de neige l'hiver et les automnes s'étirent beaucoup, observe-t-elle. Il y a certaines plantes qui changent leur cycle un peu.

Pour elle, il est déjà clair que les artisans des Jardins de Métis devront s’adapter à cette nouvelle réalité. C’est la nature qui décide, répète-t-elle.

Des visiteurs des Jardins de Métis avec des fleurs en avant-plan.

Les Jardins de Métis sont confrontés aux changements climatiques.

Photo : Radio-Canada / Myriam Ouellette

Restaurer les jardins d’Elsie

Durant ses 37 ans de carrière, Patricia Gallant a contribué à restaurer plusieurs secteurs des jardins historiques. En d’autres mots, elle a refait le travail qu’Elsie Reford a fait, presque 100 ans plus tôt.

Au moment de son arrivée aux Jardins de Métis, c’était le gouvernement du Québec qui était propriétaire des lieux. La famille Reford s’était départie des lieux en 1961.

L’endroit avait subi de nombreuses modifications, notamment pour permettre l’accès aux visiteurs dès 1962.

Une photo d'archives des Jardins de Métis datant de 1993.

De 1961 à 1994, le gouvernement du Québec était propriétaire des Jardins de Métis. Cette photographie montre l'allure du Jardin du ruisseau en 1993.

Photo : Ministère des Loisirs, de la Chasse et de la Pêche

Il n’y avait pas de documents historiques qui nous permettaient de voir vraiment comment c'était avant, souligne Patricia Gallant. Pour moi, c'était toujours un questionnement.

L’horticultrice raconte avoir maintes fois déambulé dans l’Allée royale du jardin avec l’impression que l’œuvre d’Elsie Reford avait été dénaturée avec le temps.

Il y avait des coloris très intenses et quand je passais sur l’Allée royale, il y avait quelque chose qui me disait que ça ne fonctionne pas, mais je ne pouvais pas dire pourquoi, explique-t-elle.

En 1994, tout s’éclaire. L’arrière-petit-fils d’Elsie Reford, Alexander Reford, reprend les rênes des jardins par l’entremise d’un organisme à but non lucratif. Il débarque avec une foule d’archives familiales, dont de nombreuses photos d’époque du jardin de son aïeule et ses carnets de jardinière.

Une photo en noir et blanc montre le Jardin du ruisseau et Elsie Reford de dos.

Les archives familiales détenues par Alexander Reford ont permis de révéler l'allure des jardins à l'époque où Elsie Reford était aux commandes. Cette photo prise vers 1935 montre le Jardin du ruisseau.

Photo : Robert W. Reford/Collection Les Amis des Jardins de Métis

J'ai tout épluché, se souvient Patricia Gallant. Je me disais : " Enfin, je vais pouvoir comprendre c’est quoi ces jardins-là! ". Et quand j'ai vu les documents, j'ai compris! Elle le disait mot pour mot dans ses documents que, pour l'Allée royale, elle avait choisi des teintes pastel.

S’en est suivi un travail minutieux pour redonner à l’Allée royale son essence d’antan.

Le Jardin du ruisseau a aussi connu une cure de jouvence. Grâce à des photos d’époque, l’immense talus fleuri qui borde le cours d’eau a été complètement réaménagé comme Elsie Reford l’avait conçu. Les documents d’archives ont même permis de retracer la présence d’un escalier de pierres qui n’était plus visible.

Quand on a creusé, on a trouvé deux roches et on voyait parfaitement ces deux mêmes roches sur la photo historique, raconte Patricia Gallant avec fierté. Les roches étaient encore au même endroit. Donc, on a rebâti l'escalier exactement à l'endroit où il devait être.

L’arrière-petit-fils d’Elsie Reford et directeur des Jardins de Métis de 1995 à 2025, Alexander Reford, reconnaît l’importance qu’a eue Patricia Gallant dans la préservation de l’héritage horticole de son ancêtre.

Alexander Reford dans les Jardins de Métis.

L'arrière-petit-fils d'Elsie Reford, Alexander Reford, a pris la direction des Jardins de Métis en 1995 avec la volonté de restaurer certaines sections des jardins dont l'allure avait été dénaturée.

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

On a trouvé en Patricia une botaniste passionnée, mais aussi une historienne, dit-il. J'ai amené au jardin toute cette richesse archivistique et elle en a profité pleinement pour rebâtir des collections, restaurer certains secteurs du jardin, reconstruire des choses et ajouter de l'ameublement.

Patricia et moi, on a fait un beau couple horticole. On a créé, je pense, un jardin qui est de plus en plus authentique et qui respecte finalement ce qu'Elsie Reford a commencé il y a 100 ans.

Les Jardins de Métis ne sont toutefois pas figés dans le temps pour autant.

Un jardin, ça évolue, ce n’est pas statique, ce n’est pas comme une maison, une pièce que tu peux garder intacte, lance Patricia Gallant. Le jardin, c’est du vivant! Il y a des plantes qui meurent, qui grossissent.

La jardinière en chef s'est aussi fait un devoir de respecter l’esprit innovant d’Elsie Reford, qui collectionnait les plantes rares et exotiques, même si très peu arrivaient à les cultiver dans des contrées aussi nordiques.

Elle aimait essayer de nouveaux végétaux, affirme Mme Gallant. Donc, on continue d’évoluer, on continue d’avancer parce qu'on introduit de nouvelles plantes, mais dans le respect de la vision de son jardin. C’est un jardin naturel qui est inséré dans une forêt pour lequel on ne modifie pas ou peu la topographie du terrain.

Le Potager d'Elsie photographie avec Patricia Gallant de dos à l'intérieur.

Patricia Gallant a conçu un nouveau jardin nommé le Potager d'Elsie où on retrouve des plantes comestibles et des fleurs pour les bouquets.

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

Le retour des oiseaux

Si la restauration des jardins historiques figure parmi les grandes fiertés de Patricia Gallant, l’arrêt quasi complet de l’utilisation des pesticides en fait aussi partie.

Quand je suis arrivée aux Jardins de Métis, on faisait des traitements phytosanitaires régulièrement dans les jardins, se souvient-elle. C’était comme ça l’horticulture à l’époque.

Il n’y avait presque pas d'oiseaux, c'est quelque chose qui m'avait frappé.

Près de quatre décennies plus tard, sa voix s’harmonise aux chants omniprésents de dizaines d’oiseaux. Une musique incessante qui la réjouit.

J’ai toujours été quelqu'un qui était très sensible à l'environnement, j'ai travaillé fort là-dessus, lance-t-elle avec fierté. Aujourd’hui, si on utilise des pesticides, c'est vraiment dans des cas spécifiques, très ciblés.

Patricia Gallant marche dans le champ de lupins.

Patricia Gallant affirme que la nature est souvent capable de trouver le juste équilibre d'elle-même. La baisse d'utilisation des pesticides a aussi permis le retour d'insectes qui s'attaquent aux indésirables.

Photo : Radio-Canada / Myriam Ouellette

Elle espère qu’elle aura inculqué ces façons de faire plus écologiques à l’équipe des jardiniers, mais surtout, qu’elle aura réussi à transmettre son amour de la nature.

Quand je suis rentrée ici, j’ai senti la passion, puis j'espère que ça va continuer, que la passion va rester dans le jardin, qu'on va la sentir, affirme-t-elle, émue. On dit qu'un jardin, ça a une âme. Je pense que l'âme d'Elsie a toujours été ici, puis j'espère qu'elle va rester. Je veux qu'elle reste.

Gageons que l’âme de Patricia Gallant continuera aussi d'envelopper les Jardins de Métis pour encore longtemps.

Photo portrait du visage de Patricia Gallant, devant une plate-bande fleurie.

Patricia Gallant affirme qu'elle compte prendre soin de son propre jardin durant sa retraite, signe que la passion de la jardinière est encore bien vivante!

Photo : Radio-Canada / Isabelle Larose

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