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« Un géant », « un personnage haut en couleur », « un monument » s’est éteint dimanche à Notre-Dame-des-Neiges, au Bas-Saint-Laurent. Les hommages se multiplient en réaction à la mort de l'écrivain et éditeur Victor-Lévy Beaulieu.
L'enseignant à l'Université du Québec à Rimouski Claude La Charité parle d'un homme de la démesure, lui qui a écrit une trentaine de romans, une vingtaine d'essais littéraires et 13 pièces de théâtre.
Je pense que sa disparition va nous obliger à mesurer la perte que nous sommes en train de faire. Un de mes espoirs est qu'on profite de cette occasion pour se replonger dans cette œuvre immense et démesurée, affirme Claude La Charité.

Claude La Charité est écrivain et professeur au département des lettres et humanités de l'UQAR. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada
Au tout début de sa carrière, il s'était intéressé à Victor Hugo. Et quelque part, Victor-Lévy Beaulieu c'est notre Victor Hugo québécois avec une autre œuvre aussi démesurée et aussi étonnante que celle de Victor Hugo.
C'est le plus grand auteur de l'histoire de la francophonie, rien de moins. Il dépasse en volume tous les plus grands auteurs français auxquels on pourrait penser : Hugo, Balzac… Lévy a écrit, beaucoup, beaucoup plus que ces gens-là, estime Mathieu Barrette, artiste multidisciplinaire de Trois-Pistoles pour qui Victor-Lévy Beaulieu a été plus qu’un mentor.
C'est un objet céleste, c'est comme un trou noir. C'est quelque chose qui est trop lourd pour son environnement, mais qui est nécessaire. Il absorbe la lumière, la transforme et la ramène.
Il le compare aussi à un ogre de la littérature francophone québécoise. Il absorbait absolument tout ce qui était sur son passage quand il décidait de se consacrer à un sujet.

Mathieu Barrette, artiste multidisciplinaire de Trois-Pistoles, considère Victor-Lévy Beaulieu comme son maître.
Photo : Radio-Canada / Francois Gagnon
De son côté, le journaliste et historien Jean-François Nadeau témoigne de l’importance de son legs pour le Québec. C’est un monument presque sans comparaison au Québec, souligne-t-il au micro d’Info-réveil mardi.
Je ne sais pas si les Québécois s’en rendent compte, à quel point ils perdent quelqu’un de majeur pour la culture québécoise. C’est important, le travail d’un écrivain, dans une société. Ça installe des rapports qui sont inaliénables, souligne Jean-François Nadeau.
Son empreinte au Bas-Saint-Laurent
L’ancien maire de Trois-Pistoles, Jean-Pierre Rioux, parle de son ami avec émotion.
Dans toute son œuvre, ce qui ressort, c’est que ce n’est pas parce qu'on est petit, qu'on vient des régions, qu’on ne peut pas devenir grand.
Il souligne que le traversier qui relie Trois-Pistoles aux Escoumins sur la Côte-Nord a été baptisé L’Héritage 1 en son honneur.

Jean-Pierre Rioux, ancien maire de Trois-Pistoles et ami de Victor-Lévy Beaulieu. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Jean-Luc Blanchet
Malgré la pauvreté dans laquelle il a vécu avec sa famille dans le Bas-Saint-Laurent avant de déménager à Montréal, il a eu besoin de dire au monde qui habite les villes qu’il existe un autre monde dans la province de Québec, c'est le monde des régions.
Il se souvient que Victor-Lévy Beaulieu consacrait chaque pièce de sa maison à une œuvre quand il écrivait. Quand il rentrait dans une pièce, il rentrait dans sa bulle. La pièce restait intouchable tant et aussi longtemps qu'il n'avait pas terminé l'œuvre qu’il avait commencée avec ses personnages.
Au-delà de l'œuvre, ça a été une bataille pour lui toute sa vie. Même pour un auteur de cet acabit de s'installer en région, de vivre de sa plume et de vivre d'une maison d'édition dont il était le seul auteur rentable, c’était un engagement majeur, témoigne l’auteur pistolois Mathieu Barrette qui se rappelle avoir vu de grands acteurs débarquer dans son patelin pour des tournages extérieurs comme il ne s’en fait plus. C’était théâtral, c’était incroyable.
Pour Marie-Hélène Gendreau, comédienne et directrice artistique du Théâtre les gens d'en bas au Bic, il est le fondement de l’artiste et de l’humaine qu’elle est. Il a apporté énormément à toute la région, croit-elle.

« Il a été le tremplin majeur d'une soif qui était plus grande que moi. Ce qu'il a créé, c'est venu nourrir cette étincelle-là », raconte Marie-Hélène Gendreau qui travaillait au Caveau-Théâtre de Trois-Pistoles quand elle avait 14 ans. (Photo d'archives)
Photo : Nicola-Frank Vachon
C'est un amoureux de l'humain. Quelqu'un qui croit profondément en la force d'un territoire, en la nation, en un désir d'affirmation, de ne pas attendre après les autres pour gueuler, nommer ce qu'on est en toute-puissance, avec énormément de beauté, affirme-t-elle.
Selon Nicolas Falcimaigne, écrivain-brasseur pistolois et tout à la fois ami, apprenti et collègue d’édition de Victor-Lévy Beaulieu, son œuvre en tant que lieu d’interprétation à Trois-Pistoles est restée inachevée. La maison de l’écrivain, Le Caveau-théâtre… Ce qu’il voulait offrir aux visiteurs était beaucoup plus grand que ce que l’on a vu.

Avant de devenir microbrasseur, Nicolas Falcimaigne a appris toutes les facettes du métier d'éditeur aurpès de Victor-Lévy Beaulieu, à titre de compagnon de la relève aux Éditions Trois-Pistoles. (Photo d'archives)
Photo : Michel Moreau
Il souligne que son ami était quelqu’un d’imperméable à la rancune et au regret. Il avait une capacité incroyable à passer à autre chose, témoigne-t-il, mentionnant au passage sa grande générosité avec le public. Elle pourrait inspirer beaucoup d’artistes. Il ajoute que son mentor accueillait chaleureusement les visiteurs en quête d’un autographe qui osaient cogner à sa porte pendant sa sieste.
Mme Gendreau abonde dans le même sens. Il avait une considération vraiment grande pour les gens de chez lui. Il était bien à Trois-Pistoles. Il pouvait être très impressionnant, mais excessivement accessible à la fois. Il a été vraiment inspirant pour moi.

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Charles Alexandre Tisseyre s'est entretenu avec Claude Lacharité.
Photo : Radio-Canada
Une cérémonie à la hauteur de sa grandeur
Une cérémonie privée se déroulera mardi et un autre hommage lui sera rendu le jour de son anniversaire le 2 septembre, dans sa maison, à Trois-Pistoles.
Ce sera une cérémonie à la hauteur de sa grandeur, précise l’une de ses deux filles, Mélanie Beaulieu. Elle se dit ouverte à la possibilité de funérailles nationales, mais n’a pas eu de demande en ce sens de la part du gouvernement.
Le ministère des Relations internationales et de la francophonie a confirmé être en train d’évaluer la procédure pour des funérailles nationales.
Avec la collaboration de Marie-Christine Rioux, Lisa-Marie-Bélanger et Xavier Lacroix