La Fonderie Horne de Rouyn-Noranda confirme qu'Aeris, le projet phare en vue de la réduction des émissions d'arsenic, ne se réalisera pas comme prévu. La multinationale Glencore, propriétaire de l'usine, annonce du même coup un tout nouveau projet qui prévoit l'encapsulation d'une partie de ses opérations.

Elle estime que ce projet sera terminé à la fin de 2028, soit 18 mois plus tard que ce qui était prévu dans l’autorisation ministérielle. Le projet Aeris devait être bouclé en mars 2027, afin d'atteindre 15 nanogrammes d'arsenic par mètre cube d'air annuellement en mars 2028.

La direction de la Fonderie Horne précise par communiqué de presse que le projet Aeris aurait compromis la stabilité des opérations ainsi que la viabilité de l'usine, en plus de repousser l'échéancier pour atteindre nos cibles de réduction des émissions.

L’information avait été révélée par Radio-Canada en novembre 2024 et avait alors été niée par l’entreprise et le député de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, Daniel Bernard.

L'intégration d'Aeris nécessiterait beaucoup plus d'équipements et d'infrastructures qu'anticipé. C'est une refonte complète du procédé de production qui exigerait également beaucoup plus de temps.

L’entreprise précise avoir maintenant développé une nouvelle approche optimisée qui lui permettra d’atteindre les cibles fixées par le gouvernement du Québec, soit notamment une moyenne annuelle de 15 nanogrammes d’arsenic par mètre cube (ng/m3) dans l'air ambiant, mesurée à la station d'échantillonnage la plus près de la fonderie.

Il est toutefois estimé que le projet sera terminé à la fin de 2028, ce qui représente un retard de 18 mois par rapport à ce qui était prévu dans la récente autorisation signée avec le ministère de l’Environnement.

Vincent Plante croit qu'il s'agit d'une bonne nouvelle pour les employés de la Fonderie Horne. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Cotnoir

Ça va nous permettre d’atteindre de façon beaucoup plus simple, beaucoup moins risquée et beaucoup plus rapide la prochaine cible de 15 nanogrammes qu’on aurait pu le faire avec Aeris, mentionne malgré tout Vincent Plante, directeur général, filière cuivre en Amérique du Nord. Il précise que le retard aurait été encore plus grand avec le projet Aeris.

« Encapsuler » les opérations

Au lieu de changer notre procédé, on va maintenir le procédé existant. L’objectif est de venir sceller nos bâtiments où le procédé fonctionne et d'ajouter des équipements à très grande capacité de filtration, des systèmes d’épuration compatibles avec la technologie d’aujourd’hui, indique Vincent Plante, qui précise qu’un volet similaire était déjà prévu dans le projet Aeris.

La station d’échantillonnage située à proximité de la fonderie calcule la quantité de métaux dans l’air tous les deux jours plutôt que tous les trois jours comme c’était le cas avant la plus récente autorisation ministérielle. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Jean-Marc Belzile

Ce changement de cap nécessite toutefois des autorisations gouvernementales puisque la Fonderie Horne s’était engagée dans la plus récente autorisation ministérielle à réaliser le projet Aeris.

Si on n’est pas en mesure de respecter certains paramètres de l'autorisation ministérielle, on se doit d’informer le gouvernement. C’est ce qu’on a fait. Les prochaines étapes, c’est d'avoir la discussion et de présenter la nouvelle stratégie, mentionne Vincent Plante.

Questionné pour savoir si Glencore avait approuvé ce projet, M. Plante précise que le gouvernement du Québec doit l’autoriser avant d’aller plus loin.

Il estime que le projet est évalué à quelques centaines de millions de dollars, mais le montant précis n’a pas encore été fixé.

Nous avons trouvé une solution pour nous permettre d'obtenir des résultats avec plus de prévisibilité qu'avec Aeris. C'est une excellente nouvelle pour la communauté de Rouyn-Noranda et nos équipes, a-t-il déclaré.