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Depuis quelques années, les accidents s'enchaînent sur la route 170 près de Larouche. La circulation automobile est en augmentation. Les médias rapportent plus fréquemment les accidents mortels, mais les histoires des victimes finissent par tomber dans l'oubli. Toutefois, pour ceux qui survivent à un lourd accident de la route, l’histoire est loin d’être terminée.
Le 27 août 2022 marquait la fin des vacances d’été pour Carl Pruneau, Cindy Fortin et leur fille unique Marianne Pruneau. La rentrée scolaire s'en venait. On avait fait des activités dans la semaine, un peu de vacances. C'était une journée familiale, on allait au cinéma, se souvient Carl Pruneau.
Marianne Pruneau était une enfant enjouée et espiègle, le petit miracle du couple. Elle est née après un long processus en clinique de fertilité et une fécondation in vitro. C’était notre enfant unique, [elle] était vraiment chérie, témoigne Cindy Fortin.

La famille revenait d’une sortie au cinéma au moment de l'accident.
Photo : Radio-Canada / Claude Bouchard
Elle avait des activités avec sa mère et moi, j’avais ma petite fille tomboy pour faire du quatre roues, du ski-doo. Elle était vraiment dynamique, enjouée, tout le temps souriante, résume le père, la voix qui s’embrouille.
Sur la route 170, en revenant de leur sortie au cinéma à Saguenay, Marianne dormait sur la banquette arrière.
On roulait sur l'autoroute. Je n'ai rien vu venir... Il y avait une conductrice à contresens qui nous a percutés de plein fouet.
En un instant, ils ont perdu ce qu’ils avaient de plus précieux. Marianne Pruneau, 8 ans, et la conductrice de 65 ans qui roulait en sens inverse sont mortes sur le coup.
Survivre à la mort de son enfant
Ça nous a causé, à nous, des blessures, mais la plus grosse blessure, c'est qu’on a perdu notre fille dans cet accident-là.
Après l'accident, Carl et Cindy ont subi de nombreuses interventions chirurgicales. Le pied de Cindy a été reconstruit, son sacrum a été cassé et l’un de ses pouces a été endommagé. Sa peau a également été brûlée par le déploiement des coussins gonflables. La mère a subi un traumatisme craniocérébral et vit depuis avec un choc post-traumatique.
Je n'ai pas perdu conscience. Je me rappelle de tout, dit celle qui comprenait parfaitement la signification des mots code noir lorsqu’elle entendait les équipes d’urgence s’activer autour de la scène. La mère travaille comme secrétaire médicale à l’hôpital de Roberval.
Selon le rapport de la coroner Stéphanie Gamache, la conductrice de 65 ans qui roulait en sens inverse n’avait pas l’habitude de conduire le soir et la prise de médicaments a pu causer une altération de son état de vigilance.
Toutefois, Carl Pruneau se questionne toujours sur la configuration actuelle de la route. Dans mon for intérieur, je pense que la route, que ce soit un quatre voies divisées plutôt qu'une autoroute, fait en sorte qu'il y a beaucoup de sorties, beaucoup d'entrées de maisons, affirme-t-il.
Il y a beaucoup place à l'erreur et à la conduite erratique.

Carl Pruneau a survécu à un accident de voiture en août 2022 à Larouche. Marianne, sa fille unique, est morte sur le coup.
Photo : Radio-Canada / Claude Bouchard
Une vie de douleur
À 30 ans, Andréanne Harvey a perdu l'usage de ses jambes dans un accident de voiture à la sortie est de la rue Gauthier et de la route 170, en mars 2023. L’événement a tragiquement dévié sa trajectoire de vie.
Après une première collision à l’avant du véhicule, elle a détaché sa ceinture pour aller voir sa petite fille de 14 mois, assise dans son siège à l'arrière. Son automobile a alors subi un deuxième impact.
Ça a pété en avant et en arrière de ma fille. J'ai fait le projectile. Ma mâchoire a arraché, mon palais a cassé en deux, ma 5e vertèbre a éclaté et mes poumons se sont remplis de sang, affirme celle qui utilise désormais un fauteuil roulant.

Andréanne Harvey a survécu à son accident, mais elle vit au quotidien les lourdes conséquences de ses blessures.
Photo : Gracieuseté : Andréanne Harvey
J'ai perdu le trois quarts de mon corps. J'ai mes bras, ma tête, that's it!
Sa petite Justine s’en est sortie sans séquelle, mais devra composer avec une mère différente de celle de ses amis. Andréanne est souvent confrontée à donner des explications à sa fille de trois ans.
Depuis l’accident, le frère et la belle-sœur d’Andréanne, Vicky, prennent généreusement soin de Justine.
Vicky, c’est ma belle-sœur, c’est maman numéro 2. Je l’explique à Justine. C’est elle qui donne le bain. C’est elle qui te fait à manger. C’est elle qui te met en pyjama, c’est elle qui va te coucher. C’est le rôle d’une maman, dit Andréanne avec une voix douce.

Andréanne Harvey est paraplégique après un accident survenu à Larouche.
Photo : Radio-Canada / Claude Bouchard
La maison d'Andréanne a dû être entièrement adaptée. Les armoires sont désormais à la hauteur de son fauteuil roulant et elle dispose d'une grande douche en céramique avec une bordure de caoutchouc au bas. Cela permet de s’y rendre avec ses roues, mais aussi de retenir l’eau à l’intérieur.
Un autre des héritages de l'accident est la douleur qu'elle vit au quotidien. La mère doit prendre entre 35 à 40 pilules par jour et a dû apprendre à conserver son énergie.
Tu te lèves le matin, tu as mal, tu te lèves le soir, tu as mal, dit la mère de 32 ans, la rage au cœur.
Ce n'est pas une vie, ce que je vis.
La femme de 32 ans est épuisée de se battre pour obtenir des soins, des adaptations et des améliorations à sa condition. Être malade lui coûte cher.
Depuis son accident, elle milite pour que des améliorations soient apportées à la route. Elle se demande pourquoi le ministère des Transports et de la Mobilité durable n’a pas agi avant. Un an avant son accident, un motocycliste est mort à la même intersection.
Ils doivent attendre que les poules aient des dents, lance-t-elle, excédée.
De son côté, le ministère affirme que chaque accident est un accident de trop et que des solutions pour améliorer la sécurité du tronçon à long terme seront bientôt présentées à la municipalité.
Composer avec une épreuve imposée

Andréanne Harvey se photographie avec sa Justine tous les jours. Prendre cette photo représente « à elle seule un défi », soutient-elle.
Photo : Gracieuseté / Andréanne Harvey
C'est dans le regard de Justine qu'Andréanne puise le courage de persévérer.
Ma fille a encore sa mère. Ouais... Mais une chance que j'ai encore ma fille, de dire la femme de 32 ans.
La petite Marianne est toujours au cœur de la vie de Carl et Cindy. Son sourire inonde leur maison. Un mur complet est consacré à son court passage dans leur vie.

Les photographies de Marianne sont précieuses pour Carl Pruneau et Cindy Fortin.
Photo : Gracieuseté
Mais la présence d'un enfant leur manquait. C'est pourquoi ils ont fait entrer un nouvel enfant dans leur vie en devenant en foyer d'accueil pour la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).
On n'oubliera jamais notre trésor. Ça ne remplacera jamais notre fille. On en a perdu une, on va en sauver une autre.
La perte de Marianne n’aura jamais de sens pour Carl et Cindy. Ils savent toutefois que Marianne aurait voulu que sa maison soit remplie de joie. Aider un autre enfant est ainsi devenu leur façon de se reconstruire.