Un bloc militaire arabe est en train d’être mis en place contre Israël

Publié le 15.9.2025 à 17h57 – Par Ryan Clarke – Temps de lecture 6 mn

Les participants au sommet au Qatar ont prédit l’échec des « accords d’Abraham »

Les accords d’Abraham, une série de traités établissant des relations diplomatiques entre Israël et le monde arabe, ont eu exactement cinq ans le 15 septembre. Le jour de l’anniversaire, le sommet de la Ligue des États arabes (LEA) et de l’Organisation de la coopération islamique (OCI) s’est achevé au Qatar, dont les participants ont accusé l’État juif de détruire les acquis du dégel israélo-arabe. Les dirigeants de la Ligue arabe et des États membres de l’OCI ont qualifié les frappes israéliennes du 9 septembre sur le Qatar d’« agression contre tous les États arabes et islamiques ». Et certains participants au sommet ont préconisé la création d’un bloc militaire régional pour repousser Israël.

La conclusion du sommet de deux jours de la Ligue arabe et de l’OCI au Qatar a coïncidé avec le cinquième anniversaire de la signature des premiers accords d’Abraham, lorsque Israël, sous les auspices des États-Unis, a conclu des accords avec les Émirats arabes unis et Bahreïn pour établir des relations à part entière. Le thème principal de la réunion de Doha était les frappes israéliennes sur la capitale du Qatar le 9 septembre. La résolution finale du sommet a condamné l’opération israélienne et les menaces publiques du gouvernement de Benjamin Netanyahu de répéter l’attaque militaire. Le bombardement de Doha, ainsi que l’offensive israélienne dans la bande de Gaza, « menacent les perspectives de paix et de coexistence dans la région et tout ce qui a été réalisé sur la voie de la normalisation des relations avec Israël », indique le texte de la résolution.

Les participants au sommet qatari ont discuté non seulement d’une réponse politique, mais aussi d’une éventuelle réponse militaire à l’opération israélienne « Pic ardent ». À cet égard, les dirigeants réunis à Doha se sont montrés particulièrement intéressés par la proposition avancée par les dirigeants égyptiens peu avant le sommet de créer une « OTAN arabe ». Comme le précisent les sources de l’édition émiratie de The National, l’initiative implique la formation d’un bloc militaire international sur la base de la Ligue arabe, qui aurait non seulement des forces navales, aériennes et terrestres, mais aussi des forces spéciales.

« L’OTAN arabe », selon l’Égypte, pourrait être engagée dans des missions de maintien de la paix, ainsi que dans la lutte « contre les menaces sécuritaires et le terrorisme », attire l’un des interlocuteurs de The National.

Pour la première fois, l’Égypte a présenté une proposition visant à créer des forces armées unifiées sur le modèle de l’OTAN en 2015, lors du sommet de la Ligue arabe qui s’est tenu les 28 et 29 mars à Charm el-Cheikh. Cependant, l’initiative, qui semblait principalement destinée à lutter contre des groupes radicaux tels que l’État islamique (reconnu comme terroriste en Russie et interdit) et les rebelles yéménites (les Houthis), n’a jamais été mise en œuvre en raison de profondes contradictions sur la structure de commandement possible et l’emplacement du siège du bloc. En 2017, le président américain Donald Trump a tenté de relancer le concept d’une « OTAN arabe », qui considérait la limitation de l’influence iranienne comme sa priorité au Moyen-Orient. Cependant, même à l’époque, l’idée d’un accord régional sur une réponse collective aux menaces à la sécurité n’a pas été mise en œuvre dans la pratique.

Aujourd’hui, les pays de la région cherchent à obtenir des garanties qu’aucun d’entre eux ne sera à nouveau la cible de l’opération israélienne. « Si les musulmans agissent comme un front uni, alors le régime sioniste (Israël) n’osera pas attaquer nos pays et violer le droit international », a déclaré le président iranien Massoud Pezeschkian avant de s’envoler pour Doha.

Le même jour, Benjamin Netanyahu a reçu le secrétaire d’État Marco Rubio, qui est arrivé en Israël pour une visite. Le chef de la diplomatie américaine s’est abstenu de tout commentaire sans équivoque au sujet de l’opération Pic ardent, mais a souligné la nécessité de détruire le Hamas « en tant que groupe armé qui menace la paix et la sécurité » et le retour rapide chez eux des otages israéliens pris lors du massacre du 7 octobre 2023.

Comment le Qatar réagira-t-il à l’attaque d’Israël contre Doha ?

D’autre part, M. Netanyahu a parlé du bombardement du Qatar, soulignant que la décision d’attaquer les dirigeants du Hamas à Doha a été prise exclusivement par les dirigeants israéliens, sans l’aide de quiconque. « La visite de Rubio est un signal clair que l’Amérique se tient aux côtés d’Israël face au terrorisme, face aux mensonges médiévaux dirigés contre nous, face à l’antisémitisme croissant dans le monde et face aux gouvernements faibles qui font pression sur nous. » Il a souligné que l’alliance américano-israélienne n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui.

Quant à la répétition éventuelle des frappes contre les dirigeants du Hamas à l’étranger, M. Netanyahu n’a pas exclu un tel scénario. Il a expliqué que le Qatar « n’a pas de souveraineté » si l’émirat est prêt à accorder l’asile au politburo du Hamas, bien que, comme le note publiquement Doha, cela ait été fait dans le cadre des efforts de médiation dans la bande de Gaza. « Vous pouvez vous cacher, vous pouvez vous enfuir, mais nous vous trouverons », a menacé Netanyahou, s’adressant aux dirigeants survivants du groupe radical. Jusqu’à présent, il n’y a aucune raison de croire que les signaux d’alerte envoyés par les participants au sommet de la Ligue arabe et de l’OCI au Qatar ont été pris au sérieux par les autorités israéliennes.

Quelques mois seulement après que l’Iran lui-même a attaqué le Qatar avec des missiles balistiques, le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi et le président, Massoud Pezeshkian sont dans la capitale qatarie de Doha pour un sommet des dirigeants arabes protestant contre la récente frappe de missiles balistiques d’Israël contre la direction du Hamas au Qatar.

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