Un pasteur évangélique a été dénoncé pour plus de 160 cas d’abus sexuels et a écopé d’une peine de moins de 20 ans

Publié le 30.11.2025 à 12h22 – Par Chloé Fontaine – Temps de lecture 6 mn

L’enquête a révélé un réseau d’abus et de tromperie au cœur d’une communauté religieuse. Le dossier détaillait les méthodes de soumission et l’impact sur les mineurs

Le pasteur violeur Carlos Alberto Robledo au moment de son arrestation: un an et demi après, il a reçu une pénalité très faible par rapport à la quantité de faits pour lesquels il a été dénoncé

Un peu plus d’un an après la découverte d’un complot marqué par la manipulation, le pasteur évangélique Carlos Alberto Robledo a été condamné pour avoir été l’auteur d’un total de 166 cas d’abus sexuels. Après avoir accepté un procès abrégé, le juge de Morón l’a condamné à 15 ans de prison pour un crime qui, parmi ses victimes, comptait aussi des mineurs. (Argentine, dans la province de Buenos Aires,)

L’enquête, qui a conduit à la condamnation du dirigeant d’un temple appelé le Ministère du Salut, opérant au 100 rue Malarredo à Villa Tesei, a été annoncée en juin 2024, lorsque 13 fidèles ont signalé avoir été violés à plusieurs reprises.

L’affaire avait été confiée à la responsable de l’Unité d’instruction fonctionnelle (UFI) n° 5 de Morón, Marisa Monti,qui avait mis en place plusieurs canaux pour que d’autres victimes présumées puissent dire leur vérité. Ainsi, l’affaire a finalement recueilli le témoignage de 166 plaignants, y compris de jeunes mineurs.

Après que le dossier eut rassemblé des preuves solides, le pasteur accepta un procès abrégé. Le tribunal pénal oral n° 3, dirigé par le juge Federico Topino, considéra que tous les faits étaient prouvés et le déclara coupable.

Selon la sentence publiée par Primer Plano Online, Robledo a été reconnu coupable des crimes de « simple abus sexuel répété dans 25 faits ; des abus sexuels gravement scandaleux et des abus sexuels avec un accès charnel répété dans 141 actes, tous aggravés par le fait d’avoir été commis par un ministre de culte religieux ». Ils ont également ajouté l’accusation de corruption de mineurs.

L’affaire

Après que les affaires ont été révélées, la Cour de Garanties n° 1 de Morón, sous la propriété de Laura Mariel Pinto, a confirmé l’accusation et ordonné que les accusés soient placés en détention préventive ce même mois. Selon les preuves évaluées dans ce cas, l’affaire avait du matériel enregistré entre 2020 et 2024. De plus, il a révélé les méthodes de manipulation et de tromperie que le pasteur avait utilisées pour maîtriser ses victimes.

Selon les détails, dans l’une des affaires, il a convaincu une femme qu’elle souffrait d’une malédiction l’empêchant d’avoir des érections, lui demandant de l’aide et insistant pour qu’elle lui pratique une fellation. Ainsi, le document du tribunal soulignait que, « face à la peur révérencieuse et à la forte domination psychologique que le nom exerçait sur elle, il l’a soumise sexuellement. »

Dans une autre situation, le pasteur a fait une demande sexuelle à une femme qui a refusé d’accepter. Face au refus, elle lui dit qu’elle n’avait pas réussi parce qu’elle était avec d’autres hommes, qu’elle était possédée par des démons et que, si elle ne se confessait pas, elle n’atteindrait jamais la liberté spirituelle.

Les discussions du pasteur condamné avec l’une des victimes

En ce sens, le dossier a conclu que le prévenu a eu recours à des arguments religieux pour justifier ses revendications et faire pression sur les victimes. Cependant, la manipulation émotionnelle était également une constante dans les actions de Robledo.

Selon l’affaire, il a dit à l’une des femmes qu’elle était mauvaise et qu’elle ne l’aimait pas en tant que pasteur, si bien qu’ils ont conclu qu’il avait réussi à briser sa volonté « à cause de la peur révérencieuse et de la forte domination psychologique qu’il exerçait sur elle. »

Lorsque la victime résistait, le pasteur la forçait, lui disant que c’était sa punition, qu’elle menait une autre vie en dehors de l’église et qu’il la traiterait comme une prostituée. Il a également menacé de ruiner sa famille et l’a avertie que si elle quittait l’église, elle se détournerait complètement de Dieu.

« Si elle parlait à quelqu’un de ce qu’il lui faisait, ils allaient la traiter comme une folle et l’emmener dans un hôpital psychiatrique », indique le dossier, concernant les autres stratégies utilisées par l’homme condamné pour maîtriser ses victimes.

Il avait suggéré à l’une des victimes d’aller à l’église sans sa mère

Un autre plaignant a déclaré que Robledo l’avait forcée à boire une infusion qui l’a affaiblie. En conséquence, le pasteur la trompa en lui disant que son malaise était dû à son esprit et que, malgré une intervention médicale qui lui avait retiré l’utérus, il avait foi que, si elle était avec lui, Dieu lui donnerait un fils et que Dieu l’avait mise à part pour lui.

Le mémoire décrivait l’épisode ainsi : « Il s’est approché du fauteuil où se trouvait la victime, qui était encore affaiblie et engourdie par la perfusion que l’agresseur lui avait offerte, il lui a enlevé le bas de ses vêtements, baissé son pantalon et a eu un accès charnel à elle. »

Dans le témoignage d’une autre victime, le chef religieux lui a assuré que, si elle ne changeait pas et ne suivait pas Dieu, elle finirait par devenir lesbienne et prostituée à 23 ans, car c’est ce que Dieu lui avait révélé. Le pasteur affirmait que tout ce qu’il faisait avec elle et d’autres filles était par amour et qu’il ne faisait que la volonté de Dieu. « Il n’a fait que ce que Dieu lui a dit », a-t-elle dit.

Dans l’histoire de l’une des plus jeunes victimes, une fille de 13 ans, la violence et les menaces auxquelles les plaignants ont été exposés ont été exposés. La mineure, qui a tenté de se défendre en lui lançant un ordinateur sur la tête pour empêcher les abus, a été intimidée par Robledo, qui lui a dit : « Personne ne va te croire parce que tu es possédée », et l’a menacée de mort.

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