Le président de l’aluminerie Alouette a précisé ce matin sur les ondes de Radio-Canada les promesses faites au gouvernement dans le cadre de l’entente énergétique négociée avec Hydro-Québec. L’objectif premier n’est pas d'augmenter la production d’aluminium, mais de moderniser les installations de l’entreprise afin d’améliorer sa performance énergétique et environnementale au cours des 20 prochaines années.

L’entente annoncée vendredi dernier entre l'aluminerie Alouette, Hydro-Québec et le gouvernement Legault concerne le contrat d'approvisionnement de l'entreprise de 2030 à 2045. Dans le cadre de l'entente, l'entreprise promet des investissements totalisant 1,5 milliard de dollars pour de multiples projets.

Il s’agit toutefois d’une entente de principe, dont les détails restent à finaliser. Le président et chef de la direction de l’aluminerie Alouette, Claude Gosselin, s’attend à une signature d’ici la fin de l’année. L’entente précédente, signée en 2017, allait expirer en 2029.

Si le nouveau contrat est conclu comme prévu, les investissements visant la décarbonation et la modernisation des installations seront majeurs.

On va investir entre 100 et 150 millions de façon continue pendant les prochaines années, a résumé le président, au micro de l'émission Bonjour la Côte.

Des améliorations aux procédés de l’aluminerie

Au cours des prochaines années, l’électrification de la phase I de l’aluminerie nécessitera des montants de 50 à 100 millions de dollars, selon le PDG.

L'aluminerie projette en outre d’améliorer l’efficacité des anodes et de la granulométrie du bain électrolytique, des ajustements qui nécessitent à eux seuls plus de 50 millions de dollars.

Claude Gosselin prévoit un investissement de 175 à 200 millions de dollars d’ici quatre à cinq ans pour refaire les fours 3 et 4, qui datent de la phase II.

De plus, l'aluminerie Alouette souhaite atteindre une meilleure efficacité énergétique, notamment grâce à un projet de boucle de compensation magnétique. Des investissements en automatisation et en numérisation ont aussi été mentionnés par le président de l’entreprise.

Ces montants importants ne visent toutefois pas une hausse de production ni le lancement d’une phase III pour l’aluminerie. Ses objectifs concernent avant tout la modernisation de ses procédés. Or, bien des technologies sont à développer pour arriver à décarboner l’industrie.

Le président rappelle que la majorité des émissions des alumineries sont liées à la réaction électrolytique des cuves, un procédé qui ne peut être modifié dans son entièreté. On peut réduire [nos émissions] mais y a un 85 % qu’on ne peut pas réduire et qui devra passer par la capture du carbone, selon le PDG.

On fait beaucoup de choses pour réduire nos GES, mais on est au début des technologies sur ce plan-là, donc c’est quelque chose où il faut investir, ajoute-t-il.

L’entreprise s’est fixé l’objectif de devenir carboneutre d’ici 2050, notamment grâce à des technologies de capture de carbone.

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

Des retombées régionales

Bien que les projets de l’aluminerie Alouette soient d’une envergure importante, l’entente négociée ne vise pas la création de nouveaux emplois directement à l’usine.

Les retombées seront indirectes et soutiendront l’écosystème industriel, avance le PDG. Des emplois de sous-traitants seraient par exemple assurés en été. Le président de l’aluminerie explique également que de 300 à 500 emplois additionnels associés aux travaux et aux investissements seront maintenus pendant plusieurs années.

Claude Gosselin fait d’ailleurs mention d’investissements additionnels dans la région, totalisant 15 millions de dollars. Ce montant sera distribué sur une période de 10 ans à Sept-Îles, à Port-Cartier et à Uashat mak Mani-utenam.

De son côté, Développement économique Sept-Îles (DESI) accueille favorablement l’entente. Cet engagement massif d’Alouette témoigne de la confiance envers la stabilité énergétique du Québec et le potentiel industriel de la région, écrit la présidente de DESI, Chantal Pitt, par voie de communiqué.

Bonification du programme interruptible

L'aluminerie Alouette consent aussi à une bonification du programme interruptible de l’entreprise. Ça représente une valeur de 25 millions de dollars, avance le PDG Claude Gosselin, un montant qui n’est pas dans la facture de l’entente annoncée vendredi.

Ce programme permet à Hydro-Québec de regagner, de la part d’Alouette, 330 mégawatts pendant trois heures durant les périodes de pointe. La puissance des cuves et les opérations sont réduites temporairement lorsqu’Hydro-Québec a besoin d'énergie. Chaque année, la société d'État peut avoir recours au programme interruptible du 1er décembre au 31 mars.

Selon la nouvelle entente d’approvisionnement négociée, l’aluminerie Alouette devra payer le prix de son électricité en fonction du prix de l’aluminium sur le marché, à partir de 2030.

Photo : Radio-Canada / Alban Normandin

Par ailleurs, la société d’État s’est aussi engagée à fournir 50 mégawatts de plus à l'aluminerie Alouette, soit un premier bloc de 25 mégawatts en 2026, puis un deuxième de la même ampleur en 2032.

Le président de l’entreprise mentionne qu’il aurait préféré recevoir l'entièreté des 50 mégawatts plus tôt. J’ai peur qu’on soit obligé d’attendre un peu pour tout faire ce qu’on voudrait faire, entre autres en décarbonation. Ça prend beaucoup d’énergie, note Claude Gosselin.

Actuellement, l'aluminerie dispose de 1035 mégawatts d’électricité pour alimenter 594 cuves.

Avec les informations de Mathieu Pineau.